“Il y a quelque chose de obsédant dans ce dernier album d'AirSculpture, et il y a plus”
1 Widely Spaced 60:40
(CD/DDL 60:40)
(England School, ambient)
Il y a quelque chose d'obsédant dans ce dernier album de AirSculpture. Une mélodie! Une mélodie fantôme construite sur une sourde structure ascendante, comme un rythme qui obsède et nous pousse à réentendre ce WIDELY SPACED. Mais il n'y a pas juste ça! Tout d’abord, ça fait du bien d'entendre du nouveau matériel de AS. Ce long titre métamorphique qui tourne autour différentes textures de rythmes, d'ambiances et de mélodies a initialement été composé pour une visite de Adrian Beasley, John Christian et Peter Ruczynski à Philadelphie dans le cadre du fameux The Gatherings. C'est le résultat de segments réalisés en solo par chaque membre du trio qui fut assemblés en un long titre de presque 61 minutes. Pandémie oblige, le projet fut cancellé. Le trio Anglais a finalement présenté Widely Spaced à la célèbre émission radiophonique de Chuck van Zyl, Star's End Radio Show.
Ce long titre débute avec un effet d'ébullition sonore qui tranquillement se transforme en une nappe d'effets électroniques pulsatoires. Le rayon de radiation s'amenuise pour laisser filtrer des gazouillis de moineaux cybernétiques et finalement des résidus tonals sur une distance dépassant les 3 minutes. Une première structure de rythme impose son attirance avec une suite de basses pulsations résonnantes auquel se greffe une texture d'éléments percussifs tout à fait délicieux pour les oreilles. Donc, les percussions cliquètent alors que la ligne de basse fait trembler le plancher par une pesante démarche plus sournoise. Un synthé dessine une muraille ondulante en arrière-plan, amenant un clavier à lancer quelques accords et effets afin de compléter ce premier segment de Widely Spaced qui glisse vers un premier passage atmosphérique autour de la 9ième minute. Les divers effets sonores et les accords se joignent à une structure stationnaire d'un rythme du séquenceur roulant sur une ligne de basse rampante. L'effet est cinématographique dramatique et débouche sur un passage très éthéré où la brume d'un mellotron signe une ambiance gothique d'où surgit une belle ode flûtée. Des tintements se joignent à ce chant aérien alors que derrière règne toujours cette ambiance sibylline avec un sombre voile d'ambiance gothique. La flûte est superbe ici et nous ensorcèle jusqu'à nous attirer dans un piège sonore où les employés de Lucifer travaillent afin d'instaurer une ambiance Méphistophélique avec des effets sonores perturbants. On glisse ainsi sur ce territoire jusqu'à une embouchure où fredonnent et bourdonnent des brises et effets de voix chtoniennes jusqu'à la limite des 29 minutes.
Ce long passage atmosphérique prend fin avec une séquence de rythme bondissant sous un synthé toujours obnubiler par sa texture luciférienne mais qui s'en détache pour laisser chanter ses solos légèrement moins sibyllins. La structure de rythme adopte de plus en plus celle d'un galop en continu sous les charmes irrémédiables des solos qui se mettent à flotter dans une ambiance tirant plus vers le mystère que l'infernal. Ce segment n'ayant jamais réellement quitté les paysages de Doom y tombe à nouveau quelques 4 minutes plus loin, nous amenant sur une autre route d'effroi jusqu'à la croisée des 40 minutes. Là où la structure de rythme s'éveille et nous réveille pour de bon! AirSculpture met à profit le talent de ses 3 membres en instaurant une structure de rythme qui va croissant pour atteindre un up-tempo plus furieux que son introduction. Les séquences résonnent et forment un écho qui structure une permanence dans ce rythme enrobé de brume mystérieuse et de voix égarés par des synthé qui ne manquent pas de vision et qui peinent à séparer les routes du Malin de celle du Majestueux dans un combat dont le seul vainqueur sera nos oreilles. Et c'est au moment où le up-tempo mitraille nos oreilles que cette foutue mélodie obsédante s'accroche à nos oreilles pour échouer en toute logique dans les finales où le tintamarre nourrit notre obédience à la musique de AirSculpture.
Disponible en format CD manufacturé et en version téléchargement, WIDELY SPACED est un très bon CD qui marche sur les cendres toujours chaudes du très solideMetal Adjacent, un E.P. paru à la toute fin 2019. Du grand AirSculpture!
Sylvain Lupari (20/01/22) *****
Disponible au AirSculpture Bandcamp
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