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  • Writer's pictureSylvain Lupari

ALEXANDER OBUKHOV: Polaroid Concert (2020) (FR)

Pour les amateurs de danse et de transe, c'est sans doute 78 minutes de pur bonheur

1 Blue Cyclone 10:08

2 Place for You 15:45

3 Dreamsequences 16:51

4 Luftrum 9:27

5 To Catch up the Star 15:02

6 Polaroid concert 10:55

(CD/DDL 78:11)

(Dance & Trance Music)

Le moins que l'on puisse dire, est que Ron Boots élargit les horizons de son label en ratissant large et en proposant de nouveaux artistes, qui amènent de nouvelles visions, à sa ruche de MÉ. Alexander Obukhov est une de ses découvertes qui débarque de Russie avec un énorme bagage d'expérience musicale et de nombreux albums, réalisé dans les terres de Vladimir. AO s'est intéressé à la MÉ au début des années 90. Il débute même la création de synthétiseurs et autres instruments de MÉ avant de commencer à enregistrer sa musique. Son parcours, disponible sur Groove, est aussi étonnant qu'intéressant et l'amène à entreprendre une carrière et une renommée qui reste bien enfermées dans l'ancienne URSS. Malgré ce fait, c'est la 1ière fois que mes oreilles rencontrent sa musique. POLAROID CONCERT est le fruit d'une longue nuit d'improvisation qui se couche sur les 78 minutes de ce premier CD chez Groove. Et que penser au juste? Eh bien c'est un album de danse virale. C'est beaucoup comme Vanderson lorsque ce dernier troquait ses habits Berlin School pour ses rythmes de danse et transe. POLAROID CONCERT est un album furieux où la musique de danse à la Element 4 nous cogne dans les oreilles avec beaucoup d'essences de Jean-Michel Jarre (Luftrum) et d'histoires de science-fiction narrées par un synthé créatif et mélodieux. Les rythmes Techno de Moonbooter et de trance de Vanderson sont dans tous les recoins de cet album où certains observateurs entendent des influences de Klaus Schulze. Possible, mais pas tant que ça! Peut-être sur To Catch up the Star. Mais pour les reste, Jean-Michel Jarre et cette horde de DJ qui ont inondé le marché à la fin des années 90 (Autechre, FSOL, Leftfield, Aphex Twin, etc…) demeurent les influences les plus senties sur cette longue Messe de MÉ où les phases de tranquillité entre les rythmes tourbillonnants sont aussi rares que bienvenues.

Blue Cyclone nous attrape tout de go dans son tourbillon avec une première ligne de séquences qui monte et descend dans un pattern circulaire. Très tôt, à peine avant un tour complet de cette ligne de rythme, d'autres lignes s'agglutinent, dont une très lourde, dans une tornade de séquences endiablée. Des riffs de clavier se mettent à voleter tout autour, alors que le synthé se met en mode cantate pour berceuse de Martiens. Des percussions se joignent, ajoutant encore plus de poids à ce cyclone rythmique qui est devenu une base rythmique pour solos de synthé tournoyant dans les contours de ce tornade sans œil. Nous avons un puissant 9 minutes de rythme qui diminue à peine sa rage avant de se dissoudre dans le néant. Un petit répit de quelques secondes avant que la tonitruante introduction de Place for You nous attire dans un Techno endiablé qui scintille dans toutes les pores de nos oreilles. Des nappes de synthé tentent bien que mal de convertir ce boom-boom-tsitt-tsiit en une musique planante. Mais le DJ Russe à d'autres plans en tête! L'ouverture tapoche dans le même sens pour un gros 7 minutes avant de bifurquer un peu vers la droite avec un mouvement modifié par son approche de jeux d'arcade qui conserve néanmoins ses boom-boom. Un dialecte organique s’est invité dans ce trance sans frontières qui est toujours nappé d’ombres volantes du synthé. Des ombres remplacées par des orchestrations autour des 10 minutes, donnant une fausse impression d'atonie à Place for You. On peut imaginer à cet endroit des fantômes qui valsent et virevoltent avec un air de chagrin dans les gestes. Une douce folie créatrice ramenée à l'ordre lorsque des percussions et effets percussifs s'abattent pour porter ce titre endiablé jusqu'à son épuisement. Soit, sa finale!

Après ce 16 minutes endiablé, Dreamsequences nous arrive avec un débit lourd et pugnace qui a raison de son ouverture favorisant pourtant une vision plus tranquille. C'est sur ce titre que les influences de Tangerine Dream se font plus sentir avec des chants flûtés qui s'acheminent vers une phase quasiment New Age, autour des 8 minutes, et qui survolent une faune de gargouillements et un débit statique toujours sur le bord de l'explosion. C'est ce qui se produit vers la 11ième minute où une solide influence d'Aphex Twin et Autechre nous mangent les tympans jusqu'à ce petit espace sans sons de 2 ou 3 secondes fasse couler les flots de sérénité qui ouvrent le solide Luftrum. Ce joyau de POLAROID CONCERT coule avec un autre débit enflammé qui est bien enveloppé de nappes anesthésiantes. La forte présence de ces strates de Stradivarius font contre-poids à ce Techno cosmique où les harmonies fantômes et effets percussifs inspirés de Jean-Michel Jarre ajoutent une dimension de science-fiction à cet hymne de transe collective qui a passé trop vite dans mes oreilles. To Catch up the Star est à l'image de son titre! Les violons de son ouverture sont enchanteurs. Mes oreilles reniflent les années mirifiques de Software avec Electronic-Universe. Ils nous bercent et nous transportent vers une discothèque où un DJ créatif façonne une ligne de rythme spasmodique. Des cliquetis vibrionnent, comme des ailes métalliques d'oiseaux-mouches, alors que la basse rampe avec férocité afin de faire sortir ces boom-boom-clink-clink dévastateurs sur les voiles de violons et dans une ambiance de disco-dance des années 70. Des cognements s'entrechoquent, et j'entends des clameurs pousser les gens à danser avec leurs pieds affamés de douleurs, alors que le rythme se déplace à peine et conserve sa forme convulsive dans un four à sueurs. Tranquillement, To Catch up the Star se met à dériver (oui-oui) dans un cosmos qui ressemble à une immense couche de magma rendant son passé stérile. Ouf! Et c'est un homme avec les oreilles abasourdies et assourdies qui s'est rendu à la fin de POLAROID CONCERT et sa pièce-titre qui tourbillonne sans fins. Tant que les synthés sonnent en sourdine dans ce décor où le terme infernal dépasse ce qui semble être une berceuse dans l'univers de Alexander Obukhov. Pour les amateurs de danse et de transe, c'est sans doute 78 minutes de pur bonheur!

Sylvain Lupari (03/05/20) ***½**

Disponible chez Groove NL

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