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  • Writer's pictureSylvain Lupari

ALLUSTE: Cold Gate (2012) (FR)

Cold Gate propose des rythmes à la Software porteurs de mélodies douces neurasthéniques moulées dans les empreintes de Johannes Schmoelling

1 A Day with Rain 5:21

2 Mothership Landing 7:46

3 Cold Gate 5:43

4 Darwin Array 6:45

5 Loneliness Earth 4:58

6 Order and Disorder 10:42

7 After Hibernation 5:36

8 Arctic Storm 4:29

9 Winners and Losers 4:47

10 Eternal Darkness 6:14

11 Pulsating Moments 5:38

(DDL 67:59) (New Berlin School)

Si vous êtes un amateur de MÉ du style New Berlin School et que vous ne connaissez pas Alluste, vous manquez définitivement quelque chose. À peine 5 mois après avoir livré son très beau Euphemisms & Aphorisms, Alluste revient à la charge avec un album plus mélancolique. Tissé dans un féérique et fragile univers de glace, COLD GATE offre des rythmes teintés d’un parallélisme harmonique où de fragiles arcs et spirales morphiques à la Software transportent de douces mélodies, un brin neurasthénique, moulées dans les empreintes de Johannes Schmoelling. Un autre bel album pour le nouveau Banfi qui est par contre bien plus cartésien que le précurseur de la MÉ italienne. A Day with Rain ouvre ce 6ième opus de Piero Monachello avec un vent glacial qui échappe de fins cristaux mélancoliques.

Des arpèges tristes coulant le long des sillages des vents du nord qui tissent une mélodieuse grisaille à faire rougir Suzanne Ciani. Les séquences s’activent, semant le doute chez l’auditeur qui sera constamment piégé entre les mélodies aux arômes chagrinés et les rythmes légers qui sont en contrariétés dans cette balance harmonique. Elles voltigent dans des brises de voix, attendant le doux train des fines pulsations de soie qui modulent un rythme aussi délicat que les tonalités de verre bleu qui nourrissent les tintements des séquences. A Day with Rain est très représentatif de ce qui va suivre car l’univers de COLD GATE est forgé de ces fines mélodies qui laissent planer, virevolter et tinter des arpèges rêveurs dont les sautillements et les bonds furtifs résonnent dans des brumes d’éther. Prenons Mothership Landing. Après une intro plutôt cosmique, les séquences tournoient en fine spirales. Elles tournent sous des cliquetis de cymbales, volant vers un rythme bidirectionnel d’où surgit une autre ligne de séquences aux mouvements plus chevrotant. Ces contrariétés harmoniques, qui sont synonymes de curiosités auditives, abondent sur COLD GATE. On a qu’à penser à Loneliness Earth, qui me rappelle énormément l’univers de Yanni, le sombre Winners and Losers et le superbe Eternal Darkness avec ses séquences qui voltigent comme des lucioles dont les vols entrecroisées et inachevées dansent sous de denses strates organiques. L’intro, qui cache une structure décousue, prend son envol vers une étonnante approche mélodique figée dans un tourbillon de glace où le rythme galope doucement sur les banquises de l’infini. La pièce-titre propose une lente évolution rythmique où des stries fantomatiques déchirent une ambiance nourrie de voix astrales. Le rythme est forgé de petites ruades qui sautillent et accélèrent finement la cadence dans une ambiance tétanisée de voiles ocrées et de poussières d’étoiles. Darwin Array, tout comme Pulsating Moments, offre une structure rythmique morphique avec des chapelets de séquences aux mouvements rotatoires imprévisibles.

Et tranquillement nous avançons dans la phase cosmique de COLD GATE avec Order and Disorder et After Hibernation qui se parfument d’éléments intergalactiques à la Jean-Michel Jarre. Des sonnettes de bois résonnent dans le vide, entraînant dans leurs échos la genèse d’un rythme qui avance à pas de loup. Le rythme se déploie en finesse avec un maillage de ces sonnettes, de pulsations furtives et de séquences fragiles qui tintent en une séduisante cacophonie mélodique. Le synthé dégage des nuages de tonalités fantomatiques qui errent sur une structure en continuelle mouvement. Et sans jamais déborder de son doux cadre morphique, Alluste insuffle à Order and Disorder un autre rythme spiralé qui cerne des arpèges solitaires et des bribes harmoniques errant sur une structure plus ambiante que rythmique, mais riche en tonalités hétéroclites fidèles aux harmonisations électroniques des années vintage. Il y a beaucoup de recherche sur ce titre qui est, et de loin, le meilleur sur COLD GATE et possiblement de la carrière de Piero Monachello. Et on y sent une nette influence de Tangerine Dream, période Le Parc et Legend. Plus doux et plus séraphique, After Hibernation présente un rythme plus fluide qui bondit avec une fureur retenue dans un maillage de percussions/pulsations aux tonalités analogues. Et on avance vers le bouillant Arctic Storm, un titre qui me rappelle les rythmes entêtés de Clara Moondshine avec ses séquences de verres qui tintent en de fines ruades harmoniques. Supportées par les cliquetis de percussions papillonnantes, ces séquences courent à grande vitesse vers un rythme pur. Un rythme arqué sur des pulsations et percussions sourdes qui roulent à travers les brumes hivernales et sous les brises mélodieuses d’un synthé qui nous rappelle la magique contribution de Johannes Schmoelling aux œuvres de Tangerine Dream. C’est très bon et ça s’ajoute à une liste de titres fascinants dont les approches rythmiques nagent en pleine contradiction, expliquant pourquoi ce dernier opus d’Alluste est aussi solide que Euphemisms & Aphorisms qui est une des belles surprises de 2012. Sérieusement, si vous ne connaissez pas Alluste, il est grand temps de vous y mettre. C'est fait maison et c'est très beau et bon.

Sylvain Lupari (18 novembre 2012) *****

Disponible au Alluste Bandcamp

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