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  • Writer's pictureSylvain Lupari

ALPHA LYRA & OLIVIER BRIAND: SpaceFish Live Inexxa (2010) (FR)

C'est un bon DVD d'une MÉ diversifiée qui va de l'ambiant méditatif à du Berlin School progressif qui est capté sur de belles images

DVD 1 (Alpha Lyra) 75:00

1 From Earth to the Deep Sea 13:00

2 Space Fish 13:45

3 Tropical Naoned 33:00

4 Gymnopédie Cosmique No 1 14:45

DVD 2 (Olivier Briand) 90:00

1 Little Planet in the Sun 19:20

2 Big Planets I 14:30

3 Big Planets II 13:35

4 Outside System 7:45

5 Big Nebula 3:45

6 Dans le Parc Astronomique 14:05

7 Strange Galaxies 9:45

8 Death Star 10:10

(2 DVD/2 CD 165:00)

(Ambiant, Berlin School)

Que voilà un bien étrange cocktail musical; le poétique et mélodieux Alpha Lyra jumelé au très articulé et imprévisible Olivier Briand pour le temps d'une soirée musicale sous les lasers et les images d'un monde cosmique et aquatique. Christian Piednoir (Alpha Lyra) et Olivier Briand sont 2 synthésistes Français qui font parti d’une association destinée à promouvoir la musique électronique progressive Française, Patch Work Music. En ce soir du 21 Août 2010 les deux compères donnèrent chacune prestation en solo à Nantes. Des concerts intimistes où les spectateurs étaient conviés à une fusion des mondes aquatiques et cosmiques avec la musique très éthérée et spatiale d'Alpha Lyra et celle un peu plus dynamique et progressive d'Olivier Briand. Deux concerts bien différents où la belle et la bête ont médusés des spectateurs ébahis par tant de couleurs, de lasers et une musique sans frontières.

Christian Piednoir est un habitué de la musique des profondeurs aquatiques. En 2006 il composa la musique d'Aquarius en marge de l'écriture du livre Aquarius…sous le signe des poissons de Marie-Paule Piednoir. Il est un brillant synthésiste dont la sensibilité n'est pas sans rappeler la douceur onirique et poétique de Michel Huygen et Neuronium. Étrangement cosmique, From Earth to the Deep Sea ouvre avec de lourdes nappes qui respirent la mécanique des vaisseaux spatiaux. Des sonorités électroniques cosmiques pépient sous de puissantes couches d'un synthé austère et pavent la voie à de fins arpèges séquencés qui dansent sous des mouvements de synthé plus céleste. Un beau titre où les images de fonds marins sont en symbiose avec une musique qui varie entre l'ambiant et le rythme toujours nuancé et pondéré d'Alpha Lyra qui adore peinturer sa vision poétique de lourdes et enveloppantes strates moulantes. Morphique, l'intro de Space Fish est immergée de tendres couches de synthé qui valsent à la Neuronium dans les coraux spatiaux où la dualité des ambiances se fractionne dans une lente danse cosmique déviant graduellement vers une faune aquatique. Ici comme partout sur le double DVD, les prises de vue sont superbes et les images sont en nettes symbiose avec une musique très enveloppante, quoique ça brasse pas mal plus avec Olivier Briand. À la fois nettes et granulées, elles donnent cette étrange impression d'être constamment entre deux mondes, entre deux modes. Alors que les chœurs flottent dans la diversité des images aquatiques, Space Fish manifeste son hybridité interstellaire et planétaire entre de douces couches de synthé flottant entre deux sphères.

En Tropical Naoned nous entendons certainement le plus beau morceau de musique que Christian Piednoir a composé. Un long titre, très beau à entendre et à regarder, d'une trentaine de minutes où les couches de synthé s'enchevêtrent paresseusement dans un langoureux maelström musical avec des accords qui dansent et défilent en spirale sous une nuée de chœurs astraux. Le tout débute avec un synthé nourri de chœurs aux souffles angéliques survolant une forêt tropicale dont les images sont d'une superbe beauté. Comme dans un escalier musical, de fins arpèges vrillent en spirale pour embrasser un mouvement plus animé avec des accords qui frétillent tels des bancs de poissons voulant fuir un prédateur. Alpha Lyra multiplie les séquences et ambiances avec une retenue poétique, comme une étrange et lente procession qui tourne en une perpétuelle spirale et implose d'une violence étouffée par ses chœurs de sirènes et ses lourdes strates d'un synthé poignant. Et Tropical Naoned continue son ascension vers une finale plus mélodieuse où des accords de piano embrassent ses furtifs souffles séquencés qui hantent nos oreilles et imprègnent notre mémoire d'un hypnotisme charisme musical. Avec Gymnopédie Cosmique No 1, Christian Piednoir est fidèle à ses douces rêveries éthérées où de tendres nappes enveloppées d'une chorale céleste ondulent dans un cosmos en perdition. Alpha Lyra fait chanter ses synthés avec des odes hypnotiques qui traversent des intempéries musicales où accords saccadés défilent en boucles, comme des vagues sous-marines qui encerclent et font vaciller les sirènes avec la force de leurs mouvements minimalismes. Cela termine ce conte musical aquatique avec la même douceur onirique de son ouverture.

Le monde musical d'Olivier Briand est nettement plus complexe et divisé que celui d'Alpha Lyra. De la MÉ progressive où les rythmes entrecroisés et aléatoires cohabitent avec des atmosphères immensément spatiales et électroniques. C'est sans doute l'une des musiques les plus cosmiques que j'ai entendu depuis les belles années de Software. Little Planet in the Sun ouvre avec des vagues de synthé qui s'entrecroisent avec des sonorités tant spatiales que symphoniques où les réminiscences de Klaus Schulze et Tangerine Dream se font subtilement sentir. Statique l'intro flotte dans un univers sonore à la fois caustique et métallique avec des souffles de synthé sardoniques et des stries pulsatives qui s'enlacent sous des frappes de cymbales et des bruits électroniques. C'est un épais bouillon cosmique en constante ébullition avec un riche environnement galactique d'où s'échappe de faibles balbutiements séquencés. Un peu après la 8ième minute, Little Planet in the Sun devient plus chaleureux avec un mouvement séquentiel ondulant qui ceinture un doux synthé harmonieux dont les solos qui en émergent sont très lyriques et musicaux. Par contre, cette 2ième portion de Little Planet in the Sun offre une rythmique concise car en bute avec la dualité des harmonies d'un monde divisé entre l'abstrait et la musicalité qui tiraille ce premier titre d'Olivier Briand. Défilant en une seule longue pièce ininterrompue, la section d'Olivier est garnie de rythmes qui sont constamment fractionnés et abruptement déviés vers d'autres tangentes plus pondérés ou encore plus désarticulés. Les lasers et images sont en harmonie avec ce monde sonore divisé et hybride avec un montage nerveux et une belle fusion entre les écrans et le synthésiste Français. Les rythmes sont parfois anarchiques comme dans Big Planets I et II ou superbement fluides comme dans Outside System, le court et fantomatique Big Nebula avec ses séquences aux approches de xylophones, mais ils ont toujours des tournures imprévues comme dans le Parc Astronomique qui est un merveilleux rapprochement avec l'univers métallurgique de [´ramp]. Difficile à apprivoiser, Olivier Briand l'est certes. Mais sa musique est d'une belle fluidité harmonieuse morcelée par des drames dessinés dans le cortex très créatif du synthésiste Français. On ne peut rester de marbre devant les approches mélodieuses de Big Planets II et les approches jazzées de Strange Galaxy, quoique plus délicat, et de l'énorme Death Star. Bien que forts indisciplinés et très aléatoires, les brusques structures rythmiques d'Olivier Briand sont immergées d'un monde sonore très électronique où solos de synthé tortueux croisent des mugissements éclectiques qui déchirent le cosmos de longues plaintes musicales parfois éthérées mais souvent corrosives.

SPACEFISH LIVE INEXXA DE NANTES est un beau coffret 2 DVD avec plus de 2:15hres d'une MÉ diversifiée qui est collée sur de superbes images. La portion de Alpha Lyra est aussi belle que sa musique, alors que celle d'Olivier Briand commande une plus grande ouverture d'esprit tant il peut être imprévisible et indomptable, sauf que les écoutes font découvrir une musique aux effluves d'un Jean-Michel Jarre audacieux. Une belle invitation à plonger dans l'univers qui me semble bien fourmillant que celui de Patch Work Music.

Sylvain Lupari (26/01/11) ***½**

Disponible au Patch Work Music

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