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Writer's pictureSylvain Lupari

Alpha Wave Movement Architexture of Silence (2013) (FR)

Updated: Nov 3, 2022

Un bon album ambiant où les rythmes morphiques dansent en harmonieuses cascades séquencées

1 Movement I 12:04

2 Movement II 12:56

3 Movement III 12:21

4 Movement IV 10:18

5 Movement V 14:11

(DDL/CD-r 61:53)

(Pacific School)

C'est avec des brises de synthés qui irradient comme des objets de désires flottant en suspension entre deux corridors éoliens que s'ouvre ARCHITEXTURE OF SILENCE. On entend des oiseaux célestes jouer de la flûte enchantée et des voix opalines chanter au-dessus de ces souffles devenus des nuages cristallins qui dérivent comme des soupirs d'éther, poussés qu’ils sont par des silences abscons. Contemplative, l'intro de Movement I se forge des tonalités de verres qui tintent comme des bribes d'harmonies incomplètes voletant dans des vents doucement caressés par des vagues d'un Mellotron immersif. Loin derrière ces nuages embruinés se dressent des gargouillements qui roulent en boucles sur des poussières célestes. On arrive aux 6 minutes et les gargouillis deviennent des riffs et ces riffs permutent en de fines percussions imaginaires où les coups frénétiques montent et descendent dans les complexes architectures du silence. Ces éléments soniques forgent un rythme passif qui s'accouple à de douces séquences dont les coups hachurés émiettent un rythme dubitatif qui se laisse doucement avalé par une armada de brumes, d'ondes et de couches flottantes d'un synthé aux longilignes pleurs esseulées.

J'aime bien la musique de Alpha Wave Movement! Avec ses délicates structures flottantes, où s'entrecroisent en une étrange euphonie des lignes de synthé aux couleurs plus panoramiques que psychédéliques, et ses doux mouvements de rythmes harmoniques qui défilent à l'indienne sous des brises parfumés d'une mélancolie bucolique, la musique de Gregory Kyryluk me rappelle vaguement celle de Steve Roach. ARCHITEXTURE OF SILENCE, un étrange clin d'œil au Structures From Silence de Steve Roach en passant, est le 18ième album du synthésiste américain. Gregory T. Kyryluk y détaille en 5 longs mouvements, où l'on peut aussi faire un lien avec Soil Festivities de Vangelis, qui évoluent tout doucement, suivant le même précepte du Movement I, à partir du vide jusqu'aux douces ruades des fines séquences qui coulent en cascades. Un album qui non seulement s’inspire des œuvres silencieuses de Roach mais qui pousse aussi la réflexion sur le silence et ses tourments.

Moulé dans la délicatesse des songes, Movement II offre des couches de synthé qui fredonnent une mélodie échoïque qui roule en boule dans un cerveau tapi derrière des yeux clos. Un rythme hypnotique susurre à nos oreilles pour amplifier sa cadence dès les premiers instants du second mouvement de cet album. C'est un rythme innocent qui se dandine maladroitement et tombe dans les pièges d'une spirale sans fin. Tournoyant sur des arpèges de cristal diaphane, il hoquète d'un doux tempo docile où il libère des séquences aux teintes diaphanes qui dansent et dansent dans une fine cascade qui descend le lit d'un ruisseau ondulant comme un anaconda hypocrite. Ce doux rythme qui enchante nos neurones joue aussi avec en disparaissant pour réapparaître dans une structure qui se nourrit de sa force tranquille. Les couches de synthé hurlent dans les résonances des cymbales aux élytres d'acier bleu, nourrissant une danse du genre transe autour d'un feu dont la rage de brûler le firmament va sans cesse croissant. Un feu musical où la violence passive chante plus qu'elle ne détonne.

Ce mouvement intense et incroyablement concentrique, qui éveillera des réminiscences de Steve Roach pour plusieurs et dont les structures reviennent avec plus de mordance sur Movement V, laisse ses traces partout dans ARCHITEXTURE OF SILENCE où les voix d'oracles meublent l'architecture de Movement III qui lui aussi se donne à un rythme finement tambourinée dans une stupéfiante faune organique. Le silence désertique de Movement IV et de ses arpèges clarifiés errent dans des brumes éthérées.Tout au long de ses 5 mouvements, la musique offre une captivante et séduisante faune sonique d'une étonnante richesse pour des pans d'ambiances morphiques. Movement V nous sort de notre enchantement contemplatif avec une intro aux filaments synthétisés qui larmoient avec passion. On dirait une valse des larmes synthétisées qui échappent de fines gouttes d'amertume dont la musicalité embrasse la passivité avant de forger un doux rythme abstrait que Vangelis avait dessiné dans Soil Festivities. Et tranquillement ce rythme devient un tourbillon qui crache des ions sautant en cascades saccadées sous les coups de larmes d'un synthé aux gémissements trempés dans l'acier. Et Movement V de suivre cette tangente des rythmes aux longilignes évolutions dont les crescendos se jettent en cascades qui défilent comme des indiens se préparant à attaquer dans un désert à ciel ouvert. Fluides et furtives, ces structures de rythmes se couvrent d'un épais voile musical où les tempêtes passives des voix et des couches séraphiques embrassent les rosées contemplatives, unissant ce fin lien entre la musicalité et sa dualité cacophonique. Et c'est la très grande beauté de ARCHITEXTURE OF SILENCE; une belle œuvre douce et poétique où les rythmes progressifs crachent des cascades dont la violence des saccades nourrit la férocité, l'avidité des nymphes d'Éole à vouloir tempérer les ambiances en caressant ces torrents par des voiles morphique qui chantent les couleurs des arcs-en-ciel.

Sylvain Lupari (30 Juillet 2013) *****

Disponible au Harmonic Resonance Recordings Bandcamp

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