“Un album étonnant de par la diversité de ses timbres rythmiques et de ses séquences”
1 Ethos 11:59
2 Metamorphosis Part 1 & 2 15:09
3 Anima Mundis 7:18
4 Phase Interval 8:10
(DDL 42:36)
(Electronic Cosmic Rock Berlin School)
Des accords de clavier-synthé volètent et bondissent, créant une forme de langage cadencé dans l'ouverture de Ethos. Ce bref moment d'indécision musicale attire le séquenceur qui fait alterner vivement ses ions sauteurs dans une chorégraphie rythmique statique. L'union de ces accords rythmiques fusionne en un tourbillon stationnaire d'où s'échappe une ligne de rythme zigzagante. Dans la forme, ça fait penser à du Edgar Froese dans Stuntman. Dans la tonalité, c'est tout autre! Des arpèges virevoltent sur cette structure de rythme saccadée, témoignant de cette riche floraison tonale qui entoure Ethos. Et par ricochet, le tout de PHASE INTERVALS. Le rythme est maintenant noué par des effets de staccatos électronique qui défilent à vive allure sous un ciel miroitant d'étoiles soniques qui pétillent dans une forme mélodieuse abstraite. Une ligne de basse apporte plus de musicalité et de chaleur à partir de la 4ième minute. Des basses pulsations, sonnant comme des percussions, frappent et palpitent avec force, mélangeant une essence de Groove à un bon rock électronique teutonique. Des arpèges, aussi tintant que des morceaux de verre tourbillonnant dans un tube étroit, accompagnent toujours les mutations rythmiques de Ethos qui atteint une vélocité plus fluide vers sa finale. Comme premier titre, on reste assez surpris! Alpha Wave Movement nous avait habitué à des œuvres plus tranquilles, plus méditatives au cours des dernières années, abstraction faite d'un projet parallèle, Subtle Shift et l'album Somber Frequencies. En fait, il faut descendre le couloir du temps jusqu'en 2017, avec l'excellent Echoes in the Vacuum, pour se rappeler que Gregory T. Kyryluk est autant à l'aise dans des structures de rythmes qu'il l'est dans ses phases de méditations transcendantales. Donc, j'ai eu toute une agréable surprise en partant à la découverte de PHASE INTERVALS! Ce dernier album de AWM revisite les frontières de la fin des années 90, lorsque les processeurs étaient incorporés à des synthés, fusionnant l'analogue et le numérique dans des possibilités d'obtenir une variété incommensurable de nouvelles tonalités, de nouveaux timbres sonores. PHASE INTERVALS est le résultat de sessions improvisées dans un cadre de musique d'ambiances et de rythmes teutoniques. La musique est entièrement performée sur les synthés Access Virus-A et Roland SH-01A, sans autres séquenceurs externes, de boîtes à rythmes, d'échantillonnage, et avec un minimum d'overdubs. Nous sommes aussi surpris que séduit avec un album riche en sons, en structures de séquences aux envolées parallèles et en rythmes évolutifs. Et ce qui fait les dimensions de Ethos, fait aussi celles des 30 autres minutes de ce nouvel album de AWM.
Du haut de ses 15 minutes, Metamorphosis Part 1 & 2 est le cœur de cette nouvelle expérience du musicien-synthésiste américain. Son ouverture est calquée sur le modèle de Ethos avec des tonalités cadencées et des prismes scintillants que des ondes de réverbérations attirent dans leurs axes ronflants. Le rythme se défini par un mouvement vif du séquenceur et des percussions qui émergent des remous statiques de la nappe de basse. Les orchestrations qui s'ajoutent donnent une touche de musique de danse cosmique qui virevolte au-dessus des percussions qui résonnent comme du bois franc. Le rythme prend plusieurs tangentes qui restent prisonnières de ces orchestrations valsantes. Les percussions frappent avec acharnement, échangeant leurs rôles et prépondérances avec des boucles de rythmes séquencées qui sifflent des harmonies stridentes, ainsi que les vives ondulations de la basse. Nous sommes dans une disco mobile cosmique avec une essence de rock qui est fortement ancrée par le duo percussions et séquenceur. Ces éléments tempèrent leur insistance entre la 8ième et 9ième minute où Metamorphosis Part 1 & 2 migre vers une seconde partie plus cosmique méditative. Nous restons dans le cosmos avec l'ouverture de Anima Mundis. Des arpèges scintillent vivement, traçant une ligne de rythme invisible à laquelle s'appuie un mouvement hésitant du séquenceur. C'est la ligne de basse-séquences qui structure le rythme. Appuyé de cliquetis et effets percussifs électroniques, il tremblote en décrivant des axes ascensionnels auxquels se greffent d'autres séquences au flux plus mélodieux. Sculpté dans la créativité, le rythme n'a rien de teutonique. C'est un pattern répétitif, plus en mode Berlin School, où s'accumulent des séquences aux tonalités contrastantes par moments, mais plus souvent chatoyantes. Elles virevoltent, sautillent avec de vifs mouvement d'alternance, scintillent et tracent des schémas de train qui peine à gravir des monts. Ralenties par la nappe de basse et les orchestrations, ornées de ces cliquetis aux pépiements mécaniques, et re propulsées par d'autres percussions, ces séquences tracent des schémas rythmiques aléatoires qui sont amortis par de denses orchestrations lunaires. Et même en accélérant la cadence, le rythme effectue toujours ces élans qui s'entrecroisent dans un carrefour où tout recommence. Par moments, on croirait être dans un univers parallèle à celui de Software. Moins animé, mais dans une brochette de séquences, tonalités et éléments de percussions aussi diversifiée que Anima Mundis, la pièce-titre débute avec une forme de langage cybernétique. Une ouverture bigarrée, comme toutes les autres, qui peu à peu rejoint les dimensions de la cohérence. Des boucles se mettent à roucouler dans des orchestrations brumeuses, alors que d'étranges percussions font résonner leur tonalité de bois caoutchouteux. Des filaments de synthé sifflent au-dessus de nos oreilles, stigmatisant l'idée que nous flirtons avec le Cosmos, alors que le rythme s'apparente de plus en plus à une dense tribale d'une planète non loin de nous. Entre du Steve Roach et Software dans une phase plus méditative que les 3 autres structures de PHASE INTERVALS. Un album étonnant de par la diversité de ses timbres rythmiques et de ses séquences qui structurent des formes polyrythmiques en constant mouvement.
Sylvain Lupari (17/09/23) *****
Disponible au HRR Bandcamp
(NB: Les textes en bleu sont des liens sur lesquels vous pouvez cliquer)
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