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ANDERS JORGENSON: Greatest Hits (2015) (FR)

Greatest Hits est une belle surprise qui va dans le même sens que cette nouvelle génération de musiciens qui redéfinissent les frontières de la MÉ

1 The Good, The Bad and The Modular 8:30 2 Stormchaser 12:43 3 The Secrets of Stonehenge 6:41 4 Tsing Tao 9:41 5 Space Hockey 11:01 6 Monster 9:25 SynGate | CD-r ANSD01

(DDL/CD-r 58:01) (Teutonic Ambient Trance and E-Rock)

J'ai été plus qu'enchanté par la musique de EFSS (Jörg Erren, Bert Fleißig, Jochen Schöttler et Christian Steffen) et plus récemment celle de Von Hallgath. Et lorsque j'ai entendu dire que Jörg Erren était derrière ce tout nouveau projet nommé Anders Jorgensen, paru sur le label Syngate à la fin de 2015, je n'ai pas hésité à plonger. Flanqué de son complice au sein du groupe de synth-pop Allemand Dusk to Dawn; Andreas Kleinwächter (aka Andreas Larsen), il forme un autre dynamique projet musical qui s'abreuve littéralement dans ces rythmes sombres et torturés d'effets sonores que nous avons découvert dans les univers de EFSS et Von Hallgath. Et non, GREATEST HITS n'est pas une compilation de succès d'un groupe méconnu. C'est plutôt un titre satirique dont la signification peut nourrir toutes formes d'interprétations. Fortement ancré dans le genre très dynamique de Von Hallgath, GREATEST HITS est le fruit de 3 sessions de studio où le nouveau duo a structuré une MÉ sur la base de l'improvisation et dont le principal moteur rythmique est une horde de pulsations séquencées qui tissent des rythmes lourds. Des structures de rythme maintes fois subdivisées ou multipliées par les déflagrations des pulsations et des séquences qui revêtent des tonalités aussi musicales qu'organiques. Du bonbon pour les oreilles qui aiment ça quand l'art minimaliste étend ses ramifications au-delà de l'anesthésie des rythmes linéaires et sédentaires.

The Good, The Bad and The Modular démarre ce premier album de Anders Jorgensen avec un rythme lourd et pulsatoire, genre très Von Hallgath dans Intersection. Les riffs de clavier et les cliquetis des percussions forgent un rythme lent. Un genre de down-tempo que des percussions harponnent dans une approche très rock et qui roule comme un train glissant sur les plaines dans une vision panoramique. Une mélodie séquencée hante le mouvement. Elle va et vient, partageant ses harmonies avec de lentes nappes sibyllines et les pépiements des oscillations. C'est lourd, entraînant et mélodieux, et ça démarre assez bien l'aventure. Une horde de pulsations sur un nuage de grésillements, Stormchaser offre une structure vive nouée autour d'une séquence de pulsations oscillatrices. Des effets électroniques, des trajectoires d'étoiles cosmiques, des nappes fantomatiques et une chorale absente ajoutent une profondeur à une phase de rythme nerveuse qui subdivise les ombres de ses oscillations afin de tisser une complexité entre deux lignes adjacentes mais discordantes dont l'effet de chevauchement fait travailler plus les neurones que les pieds. J'aime bien The Secrets of Stonehenge et sa ligne de pulsations minimaliste qui sautillent comme des pas perdus dans un labyrinthe. Si la structure s'apparente à The Good, The Bad and The Modular, elle offre des variances dans ses tambourinements avec des riffs secs et précis qui nous ramènent aux essences sérielles de Plastikman. Le rythme sautille avec vigueur, la horde de pulsations semblent s'engraisser en multipliant des doubles sauts linéaires, même si entouré de nappes d'éther qui flottent avec des chants anesthésiants. Là aussi, les doigts et les neurones tambourinent en symbiose.

Tsing Tao est sans aucun doute le titre le plus musical de ce GREATEST HITS. Conçu sur le même principe de pulsations séquencées et de riffs ferroviaires qui palpitent ou grognent dans des brumes d'éther, le duo libère des séquences pulsatrices ici plus limpides. Leurs chants rayonnent et scintillent dans une enveloppe toujours menaçante et surtout avec de beaux effets de percussions, tissant deux axes de mélodies qui se répondent harmonieusement. Une tempête de bruits blancs et de bourdonnements assaille l'introduction de Space Hockey. Des pulsations, comme des pas soutenus d'un joggeur, forge un rythme haletant dont l'absence de souffle est compensée par ces lourds drones qui tournent et enserrent ce rythme pulsatoire qui libère des doubles bourrés de pépiements organiques. Une ligne de séquences oscillatrices et plus musicales s'accroche à ce rythme qui devient plus fluide autour des 4 minutes, forçant une approche mélodieuse avec une ritournelle en gazouillements qui plus tard épouseront cette sensation de Plastikman dans The Secrets of Stonehenge. Trois à quatre lignes de rythme tissent une structure riche en nuances et en tons où des lignes de synthé dessinent des chants sibyllins alors que de lourds cognements forgent un climat d'anxiété, comme dans un bon film de suspense où la frayeur médite dans un élément de psychose cinématographique. Pour la fin, Monster présente une structure énergique avec une ligne oscillatrice qui ondule vivement dans les soubresauts d'une percussion basse. Comme un gros serpent fuyant un feu de broussaille, le rythme est rapide et s'orne de percussions agiles qui claquent et volètent comme les ailes d'un papillon de bois. Des nappes de synthé, certaines sont orchestrales alors que d'autres sont de l'éther Schulzien, caressent la violence du mouvement qui est dans le genre de trance ambiant sur un fond technoïde. Une structure qui est aussi sur le bord du psychédélisme avec des séquences gazouillantes, des effets organiques et des torsades stroboscopiques qui picorent des ambiances toujours très près d'être anesthésiées par ces brumes d'éther, sinon apaisées par de belles tentatives orchestrales. Lourd, entraînant et séduisant (le jeu et les effets de percussions sont dans le genre Jean-Michel Jarre/Chronologie), Monster termine un premier album qui cadre à merveille avec cette nouvelle génération de musiciens qui redéfinissent les frontières de la MÉ Allemande. Du trance ambiant? De l'EDM? Du techno pour zombies sans appétit? La musique de Anders Jorgensen, comme celle de Von Hallgath et EFSS, est un vent de fraîcheur pour un style qui est pourtant si près d'être banal.

Sylvain Lupari (20/01/16) *****

Disponible chez SynGate

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