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Writer's pictureSylvain Lupari

BEKKI WILLIAMS: Elysian Fields (Remastered) (1996/2015) (FR)

Un album solide avec de la bonne MÉ orchestrale remplie de mélodies accrocheuses qui chatouillent toujours les limites du New Age

1 Megaera 3:39 2 Elysian Fields (Part 1) 6:01 3 Charon 4:57 4 Moons of Artemis 4:24 5 Hera 3:05 6 Aphrodites's Lament 6:49 7 Secrets of the Labyrinth 6:58 8 Icarus 4:57 9 In the Arms of Morpheus 6:08 10 A Glance from Medusa 7:09 11 Elysian Fields (Part 2) 10:12 AD Music | AD150CD

(CD/DDL 59:12) (Synth-Pop, Orchestral & New Age)

À sa sortie en 1996, ELYSIAN FIELDS avait fait tout un tabac! Revoyons les contextes. La MÉ de style Berlin School avait perdue ses repères dans une MÉ orientée, avec les possibilités sans cesse renouvelées des nouveaux équipements numériques/digitaux, vers une approche résolument plus pop-rock. Les boîtes à rythmes, les riffs de fausses guitares et le débit des percussions électroniques détournaient les jadis ambiances flottantes et les rythmes d'éther de la MÉ sur les cendres d'une MÉ emportée par la vague du Synth-Pop et du New Wave. Tangerine Dream avait aussi jeté les bases d'une nouvelle MÉ qui tranquillement trouvait ses adeptes dans le mouvement émergeant de la England School. Ian Boddy, Mark Shreeve, John Dyson et le très estimé Andy Pickford étaient les porte-étendards d'un style que les critiques confondaient toujours avec le New Age et même de l'ambiant (Sic!). C'est dans cette foulée que Bekki Williams propose un premier album qui séduira tout le monde avec ses rythmes aussi entraînants que des mélodies teintées d'une poésie très féminine qui sont emmitouflées dans de belles orchestrations à faire chavirer les âmes des plus romantiques. Entre du New Age et du Synth-Pop tamisés un délicat parfum ambiant, ELYSIAN FIELDS méritait certainement l'attention médiatique de l'époque. Discontinué depuis 2 ans, ELYSIAN FIELDS est réédité dans une version remasterisée qui inclut un titre en prime tout en gardant les charmes de cette sonorité des années 90.

Oublions l'intro très rose-bonbon de Megaera, et ses voix spasmodiques flûtées, pour nous concentrer sur le rythme de plomb qui est transporté par de bonnes percussions électroniques et par un synthé aux solos très stridents. Megaera est un solide rock électronique qui avait fait saliver les amateurs du genre lors de sa première apparition sur une compilation du label AD Music en 1995. Le rythme est lourd et vivant, dans le pur esprit de Tangerine Dream des années papa et fiston Froese, mais avec plus de passion. Plus de mélodie dans l'âme. Icarus est aussi sauvage et entraînant avec des percussions électroniques très rétros et un synthé à la mélodie très agressive. Elysian Fields (Part 1) faisait aussi parti de cette compilation. C'est le Ying et le Yang. Si Megaera nous laboure les sens, Elysian Fields (Part 1) les adoucit avec une douce ouverture où des violons chimériques caressent les ascensions de notes forgées dans du verre. Le rythme qui suit est dans le genre pure ballade ambiante avec des brises de voix qui nous amènent vers une soyeuse orchestration dont les harmonies survolent un rythme lent, presque lascif, labourer par des percussions pesantes où un genre de guitare fait dans la romance. Mélodieux et très beau et bourré d'orchestrations qui sont dressées afin de nous faire lever le poils des bras. Moi ça n'a pas vraiment levé, mais ma Lise a adoré. Charon est un bon titre noué dans l'obscurité avec des lignes de séquences qui papillonnent dans les tourments de percussions qui roulent comme une marche de Trolls. Les effets et les orchestrations érigent une structure assez près d'un bon Synth-Pop. Moons of Artemis est plus enlevant avec un bon pattern de séquences et de bonnes percussions. Le rythme est fluide et devient plus spasmodique alors que les harmonies soufflent à contre-courant. Les orchestrations, assez genre Orientales, me font penser à du Yanni, alors qu'un de mes amis y trouve une ressemblance avec les structures d'Andy Pickford. Idem pour A Glance from Medusa et ses orchestrations très Arabes qui ceinturent une structure lourde et saccadée. Ça fait très genre chevauchée cinématographique.

Hera est un beau moment de tendresse joué par un délicat piano. Les orchestrations sont très enveloppantes et ceinturent à merveille le côté très mélancolique de Hera. Impossible de ne pas aimer! Aphrodites's Lament est un nouveau titre, offert en prime, récemment composé par Bekki Williams avec l'assistance de David Barker. Des chants nasillards recouvrent une intro très ambiante alors que tout doucement le rythme bat de plus en plus avec un maillage de séquences et de percussions qui sautillent avec entrain dans des ambiances nimbées par des voix de nymphes, de belles orchestrations et, toujours, ce synthé nasillard. La finale fait très pastiche avec ces envolées de synthés qui rappellent pourquoi Bekki Williams fut retenue par la BBC Radio dans l'aventure Shadow of the Wind. Secrets of the Labyrinth propose une intro plutôt ambiante avec des lignes de synthé sombres qui dégagent des particules soniques hybrides. On ne sait si c'est de l'eau ou des poussières du cosmos. Une ligne de séquences forge une intéressante structure de rythme délicatement saccadé où des effets de guitare se recueillent sous des effets d' embruns de synthé. Le rythme est circulaire avec une approche plus ou moins ténébreuse et les ions sauteurs deviennent plus insistant à mesure que Secrets of the Labyrinth progresse pour s'enfoncer dans un lourd manteau symphonique. Après un Icarus endiablé, In the Arms of Morpheus tempère un peu les ambiances avec une intro assez nébuleuse où des percussions tambourinent un rythme songeur. Un rythme tout de même assez lourd qui restera stationnaire et qui peut nous faire tanguer langoureusement du tronc, grâce notamment aux orchestrations, sous les caresses des chants de flûtes et des harmonies d'un sax synthétisé. Elysian Fields Part 2 est un titre très intense et lourd avec de belles caresses orchestrales qui vont vous tisser un solide ver-d'oreille. La musique perd de son intensité un peu après la 7ième minute où un très beau piano éparpille les prémices harmoniques de cette délicieuse saga qu'est ELYSIAN FIELDS. C'est beau, c'est tendre et très onirique. Et ça conclut un album qui me laisse perplexe! Parce que lorsque je l'écoute, je me sens comme cette personne infidèle qui trompe l'être chérie parce que l'autre est plus séduisant, charmant. Alors que l'on sait qu'il n'a pas l'once de la profondeur de ce premier qui guide nos sens depuis si longtemps. Si vous aimez de la bonne MÉ très vivante et bien orchestrée et avec un fort parfum de New Age qui se perd dans des structures de rythmes très entraînantes, ce ELYSIAN FIELDS de Bekki Williams va vous séduire à l'os!

Sylvain Lupari (02/10/15) *****

Disponible chez AD Music

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