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  • Writer's pictureSylvain Lupari

BEN COX: Consciousness_ and Other Tricks of the Light (2020) (FR)

Il y a des moments magiques dans cet album imaginé à travers différents algorithmes qui font tout le travail pour notre imagination

1 Einstein Cross 6:11

2 Delta Waves 8:14

3 Just Begin Again 6:09

4 Now 3:00

5 Chirality 2:40

6 Matins 13:03

(CD/DDL 39:03)

(Experimental EM)

Il y a des albums qui nous semble anonymes, comme le nom de leurs concepteurs! Ben Cox est un musicien touche-à-tout depuis plus de 40 ans. Autant à l'aise comme trompettiste dans un band de Jazz que bassiste, pianiste et guitariste ou encore comme chanteur à la voix basse dans un groupe de chants, l'univers de la mathématiques des sons est une seconde passion qu'il approfondira dans un contexte d'ingénieur de sons. Son intérêt pour la musique électronique est étroitement lié à l'expérimentation des structures et des formes musicales produites par les instruments de type analogue. La complexité mathématique des rythmes séquencés et les innombrables palettes des sons rendus possibles par les enregistrement-terrain (Fields recording) et les échantillonnages, de même que par les synthés autant numériques qu'analogues lui ont permis d'étendre sa renommée hors des studios pour des publicités télévisées et radiophoniques, de même que pour des projets d'installation et des salons professionnels. Et ce de son USA à l'Australie. Et celui qui n'a fait qu'un seul album durant tout ce parcours, On Water en 2005 chez Lotuspike, nous revient avec un solide album qui ne fait aucun doute versus sa réputation.

Court de ses même pas 40 minutes, CONSCIOUSNESS_ AND OTHER TRICKS OF THE LIGHT est plus qu'une aventure musicale. Cette une expérience sonore est imaginée à travers différents algorithmes scientifiques qui sont restitués à travers de complexes structures musicales jouant sur leurs équivalences. Il y a des moments magiques dans cet album qui fait tout le travail pour notre imagination. Et ça commence avec ce rythme fanfaron de Einstein Cross qui est un genre de trip-hop dans des habits de free-jazz. Une voix de l'intelligence artificielle nous enseigne la gravité et la symétrie alors que nos pieds cherchent littéralement ces enseignements sur le rythme. Hormis le fait qu'il soit très entraînant, surtout lorsque les percussions s'y arriment, Einstein Cross est entouré d'arpèges dont les arômes funky dansent en suspension avant de céder leur place à une ligne de synthé et à ses spirales kaléidoscopiques qui vont et viennent dans cet univers qui ouvre une porte pour les chorégraphies rythmiques du futur. Après cette ingénieuse structure de rythme vivant, Delta Waves nous amène dans une zone de réverbérations dont les amplitudes sont en tout point conformes avec un type d'ondes cérébrales provenant du thalamus et qui sont généralement associées à la troisième étape du sommeil. C'est un beau titre ambiant qui coule entre nos oreilles en captivant leur intéressement, notamment à cause de ces lignes plus translucides qui épousent les arches des drones ronflants et de cette mélodie ambiante qui agite son spectre à des moments inattendus.

Just Begin Again propose un pattern minimaliste avec une série d'arpèges défilant avec des nuances dans les ondulations séquencées de ce carrousel harmonique. Ça me fait penser au passage minimaliste des The Who dans Won't get fooled Again, juste avant que Roger Daltrey ne jette ses poumons sur la scène. Une fascinante harmonie fragilisée par de courtes apparitions envahit notre subconscient alors que Ben Cox ajoute une ligne de basse, qui joue aussi sur la dimension rythmique du titre, et autres éléments qui enrichissent cette ritournelle obsédante. Je suis certain qu'il y a une justification mathématique derrière Now qui fait partie de cette race de titre que l'on doit expliquer, sinon justifier, la raison d'être. Sans rythme, mais nourri d'accords de basse et/ou de guitare dont les reflets sont embués par des tintements, et dont les harmonies conceptuelles se glissent sous ces longues couleuvres réverbérantes, cette structure sonore, tantôt fournie et tantôt drue, établie une discorde qui finit par s'harmoniser sans s'expliquer. Un concept repris par la guitare et ses effets réverbérants, de blues acide et de discorde tonale dans le très court Chirality. Matins termine CONSCIOUSNESS_ AND OTHER TRICKS OF THE LIGHT par une onde qui s'agrandit en cercle silencieux comme un doigt tapotant la surface vierge d'un lac en soirée ou tôt en matinée. Des clapotis organiques, comme des bulles de lave, remontent à la surface afin de s'unir à des arpèges délicats échappés par les anges. Deux contrastes pour deux mélodies patinant sur les multiples sillons des cercles silencieux. Ce qui est partie d'une simple ligne d’un synthétiseur se termine en un magnifique titre qui nous lie, du matin au soir, aux charmes ensorceleurs de la MÉ. Comme ici, dans ce magnifique album de Ben Cox qui ne restera plus anonyme…

Sylvain Lupari (27/07/20) ****½*

Disponible au Spotted Peccary Music

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