Sylvain Lupari
BERND KISTENMACHER: Antimatter (2012) (FR)
“Antimatter est un chef-d'œuvre que l'on écoute comme on lit un conte ou un livre de poésie!”

1 Preparations 1:38
2 Rising 2:20
3 Caverns of Knowledge 8:00
4 Injection 2:04
5 Acceleration 10:05
6 Filling the Emptiness 5:02
7 They Call it Soup! 9:48
8 On The Shoulders of ATLAS 9:30
9 What's the Matter? 7:00
10 It Doesn't Matter 4:29
11 Large Hadron Collider 7:21
12 Where Is Higgs? 5:59
(CD/DDL 75:16)
(Symphonic EM)
Lorsque Bernd Kistenmacher renouait avec ses synthés en 2009 il entreprenait un cycle trilogique qu'il appellera la Trilogie de l'Univers. Celestial Movements étant une ode pour les étoiles et Beyond The Deep une réflexion sur la Genèse. Et ANTIMATTER boucle la boucle avec comme thème musical la reproduction du Big Bang en laboratoire et par le fait même les fondements de notre existence. Ces 3 albums sont liés par une fusion symphonique et électronique où le synthésiste Allemand redéfinit ses frontières de la MÉ en composant une superbe symphonie électronique. Là où le Berlin School n'a de racine que son approche minimalisme et ses solos de synthé créatifs, alors que la mélodie et ses nappes de brume éthérées qui en recouvrent les prémices nourrissent la gourmandise des orchestrations monstres et ses perpétuels crescendos. Composé en 1 long morceau segmenté en 12 segments, ANTIMATTER débute comme il se termine; avec une fine source d'énergie musicale qui va captiver notre intérêt pour les 75 délicieuses minutes à venir.
Des ondes alternatives, un peu comme d'oblongs bips électroniques, roulent comme des vagues sur le dos du néant. Elles amassent des poussières d'antimatières et sculptent les prémisses orchestrales de Rising qui naît du vide de Preparations pour valser mollement dans les abysses du cosmos. Là où des réverbérations glauques courtisent de somptueuses envolées violonées dont les secs coups d'archets introduisent Caverns of Knowledge. Doucement ANTIMATTER confronte ses mélodies aux tourments de ses structures. Si les riffs des violoncelles de Caverns of Knowledge sont durs et hachurés, les souffles mélodiques des synthés, les fragiles accords aux tonalités de guitares et la kyrielle de violons de soie qui chante sous les coups répétitifs des violoncelles entêtés témoignent de cette nuance et de cet équilibre entre la fragilité des deux extrêmes. Après une petite Injection de sonorités électroniques bigarrées et d'orchestrations métissées, Acceleration amorce les premiers rythmes séquencés de l'album. Des séquences scintillantes et sautillantes s'agrippent à des pulsations sourdes qui amplifient leurs tonalités sous le couvert de strates de synthé menaçantes. Le rythme s'arrime à des cordes de violoncelles labourées avec force, décuplant la rage de Acceleration qui devient transpercé par des couches d'orchestrations violonées alors que les séquences pianotent bien discrètement un rythme qui diminue son intensité pour laisser des accords de piano errer dans un bref passage méditatif. Mais les coups d'archets veillent sur leur structure rythmique. Déchirant l'approche onirique, ils martèlent les cordes chimériques avec passion détalant les plaines de l'imaginaire dans un étonnant crescendo de passion et d'émotion où des souffles de cors sur dimensionnent la mélodieuse structure philarmonique de Acceleration qui termine sa chevauchée orchestrale dans une somptueuse finale cinématographique. Du grand art musical! Le piano romanesque de Bernd Kistenmacher revient hanter nos émotions avec le très beau Filling the Emptiness et ses notes hésitantes qui flânent dans une mélancolique brume éthérée. Une fine mélodie en émerge, berçant tant nos rêves que transportant nos émotions mais aussi dressant une ligne harmonique directrice qui déborde sur la 2ième portion de ANTIMATTER.
Avec ses pulsations sourdes qui résonnent autour des séquences carillonnées et des vestiges harmoniques de Filling the Emptiness, They Call it Soup! épouse un peu la même ligne introductrice que Acceleration. Le rythme endormit s'éveille peu à peu pour éclater avec de violents soubresauts orchestraux, libérant de superbes solos de synthé qui survolent une rythmique obstinée. Des notes de piano déferlent sur cette approche minimalisme saccadée, pilonnée par un ensemble d'ions séquencés qui font du sur place alors que de magnifiques solos de synthé aux tonalités plus philarmoniques entourent ce rythme qui s'efface peu à peu dans l'oubli pour se perdre dans les laboratoires du LHC (Large Hadron Collider). On the Shoulders of ATLAS est le joyau de cet album. D'hésitantes notes de piano mélancoliques en tracent l'introduction. Elles dessinent une belle mélodie qui résonne dans nos oreilles et qui se fraye un chemin jusqu'à l'âme à mesure que les violons et violoncelles en appuient sa fragilité. Les coups d'