Sylvain Lupari
BYSENSES: People (2018) (FR)
“People est un très bel album poétique de BySenses qui continu où Frigments-Fragments s'était arrêté, mais avec une plus grosse dose de nouvelle audace”

CD1 (72:58) 1 Intro 3:28 2 People 19:13 3 Sensitivity 19:26 4 Before Birth 7:49 5 Short Memo 3:06 6 Nightdancer 6:53 7 Why Hurry@Midnight 6:41 8 Whispering 3:58 9 Nobody's Name Ends 2:20

CD2 (43:13) 10 People (Guy TALLO Mix) 5:35 11 Before Birth
(Extended Version) 13:55
12 Long Memo 6:25 13 Live Post X Sessions 7:46 14 The Messias 9:30
(CD/DDL 116:10)
(EM without borders)
Moins de 4 ans après le fascinant Frigments-Fragments, BySenses remet cela avec un album tout aussi déroutant où les surprises, bonnes ou mauvaises, se succèdent dans un décor sonique tout simplement hors de certaines portées auditives. Car, et comme l'était Frigments-Fragments, PEOPLE est un album audacieux. Moins psychédélique dans ses effets mais non sa vision, il est osé même avec une superbe façon d'amadouer les sens et les oreilles par ses structures en mouvement où le serpent se mord la queue et d'autres qui ont cette stabilité des bons hymnes de rock séquencé à la sauce Allemande. Cet album, très intimiste de Didier Dewachtere, tourne autour de réflexions et des émotions personnelles que le musicien Belge a vécu et vaincu au cours de ses 4 dernières années. Pour cet album, le musicien Belge a porté sa musique vers de vrais voix qui ajustent leurs timbres aux courbes des ambiances et de passages, donnant ainsi une nouvelle dimension à l'arc de créativité de BySenses.
Et ça débute avec des grondements de machines et des bruits de métaux que l'on assassine, avant qu'une nappe de voix éthérés calme la colère passagère du court Intro. Et l'inverse se produit! Alors que tout est sérénité avec un chœur séraphique et des strates de violons cinématographiques, la finale trébuche vers la cacophonie de son introduction. Ces structures en continuel tiraillement sont les témoins d'une approche tout en contraste et en contradictions de BySenses. La pièce-titre nous plonge dans l'univers d'audace et de délices de PEOPLE. La musique échange ses minutes pour des phases d'ambiances et des structures de rythme très Berlin School, et d'autres qui flirtent avec les illusions chamaniques de Byron Metcalf, sinon de Steve Roach, mais en moins frénétiques. Thomas Betsens récite un texte sur l'importance des peuples et de leurs silences qui amènent notre société sur le bord du gouffre. La parole est aux gens et lorsque les gens parleront…Ces textes ont été enregistrés sur la musique et c'est avec fascination que l'on suit une courbe de violence refoulée qui s'inspire d'une musique toujours sur le bord d'exploser, sans jamais y parvenir. Un peu comme le silence complaisant d'une société en manque de leaders. Est-ce que la voix dérange? On s'y fait car sa symbiose avec les éléments dramatiques de la musique est parfaitement équilibrée. Le timbre va de Timothy Leary à Wayne Hussey, chanteur de The Mission, spécialement sur le titre suivant. Donc, nous sommes en bonne compagnie! Sensitivity est la survie à une histoire d'amour et replace la voix pâteuse et hallucinogène de Thomas Betsens dans une structure toujours divisée entre les rythmes, qui sont moins présents ici, et des ambiances qui sont nourries par les éléments disharmoniques de Intro. Cette longue structure de 20 minutes éparpille très bien ses effets sonores, quelques-uns sont d'une attirante tonalité organique, et la montée de ses rythmes qui sont comme une colère ramenée et raisonnée par des bras invisibles. Les textes et la voix de Timothy Leary restent des éléments difficiles à dompter, sauf qu'ils donnent nettement plus de profondeur à une structure ambivalente et ses phases d'ambiances qui sont dures pour l'ouïe.
C'est tout le contraire avec Before Birth dont les phases d'ambiances chevrotent comme ces chuchotements spasmodiques liés à l'univers tribal de Byron Metcalf et Steve Roach, notamment en raison de la présence de bourdonnements gutturaux qui semblent être soutiré à un effet de Didgeridoo. Composée alors qu'il apprenait qu'il allait être grand-père, la musique ici offre une belle balance entre les phases d'ambiances ornées de miel sonique et ces bouts de rythmes évanescents qui viennent et disparaissent dans les caresses orales et