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  • Writer's pictureSylvain Lupari

CHRIS RUSSELL: Elliptical (2020) (FR)

Chris Russell ramène son baluchon et ses idées sombres chez Exosphere en présentant son album le plus musical sur ce label à jour

1 Sea of Serenity 7:38

2 Volkov 8:00

3 Tycho Crater 9:59

4 Byrgius 7:25

5 Elliptical 7:27

6 Sea of Clouds 12:47

7 Milne 7:20

(DDL 60:41)

(Dark Ambient)

Il y a des perles qui brillent sur la nappe levante qui fait irradier Sea of Serenity de sa très belle union séraphisme-neurasthénie. Ces perles sont des cordes d'une guitare acoustique que Chris Russell pince avec une agressivité amoureuse dans une tourmente qui croîtra sans cesse dans les doux labyrinthes de ELLIPTICAL. J'imagine le musicien, les cheveux en bataille contre les brises acidifiées, pencher son corps sur sa six-cordes en tentant d'extraire les plus belles romances qui se perdront dans les vents et les mugissements pour s'étioler dans une finale faite pour ses rêveries. Comme un poème elliptique qui se dissout sans se terminer, Sea of Serenity est l'ouverture d'un album qui cherche son équilibre entre musicalité et fragilité. Le style demeure toujours dans le Dark Ambient, sauf que cette fois-ci des striures fragilisent ces grosses nappes sibyllines pour dévoiler une tendresse plus mise à nue sur ELLIPTICAL, alors que des riffs de six-cordes, des tintements et autres tonalités perdus donnent des moments de vie inattendue sur ces carcasses à la dérive. Ainsi, Chris Russell ramène son baluchon et ses idées noires chez Exosphere en présentant son album le plus musical à date sur le label Californien. Offert seulement en format téléchargeable 24 Bits, ce dernier album propose 7 titres dont les structures se forment tranquillement dans un système de masses sonores ovales qui naissent à partir de ces bruits que font les navettes spatiales, dans un cinéma près de chez vous, lorsqu'elles se déplacent à la hauteur de nos oreilles. Cette fois-ci, ces structures sont vivantes avec des tonalités connexes et totalement indépendantes de leurs entrailles.

Prenons Volkov! Son ouverture scintille avec une série d'impulsions d'un mouvement linéaire où s'agglutinent les souffles irisés des arcs réverbérants. Nous avons le Russell de Spotted Peccary sur ce titre où les bourdonnements n'ont plus cette couleur du mutisme. Sa deuxième partie verse vers un côté plus obscur avec des nappes qui ondoient jusqu'à la porte secrète des Elfes des montagnes sacrées. Là où naît ce moment de tendresse volé à la blancheur de ces nuages qui donnent vie aux cimes. Nos esprits flottent toujours dans ces nouvelles couleurs tonales de Chris Russell. Même Tycho Crater réussit à nous immerger dans un beau milieu aquatique avec des nappes translucides qui sont propulsées par des courants sous-marins. La musique et les ambiances sur ce titre ne sont pas sans rappeler des parties de M'Oceans, un classique de Michael Stearns. Pendant ce temps, Tycho Crater continue sa descente dans les océans où des tintements de cloches sont étouffés par les vibrations de cette masse sonore en mouvement.

Byrgius nous ramène dans les décors sombres des œuvres du musicien américain sur Exosphere. Les nappes sont constituées par des masses de courant-d'airs qui s'agglutinent comme des coulées de boues au ralenti. Des drones volants injectent une dose de paranoïa avec des jets de chuchotements, alors que des rayons circulaires balaient lentement les horizons avec un voile d'effroi croissant. Je ne dormirais pas sur un tel titre, alors que la pièce-titre exploite une montée de masses menaçantes auxquelles s'agrippent des griffes de stries qui labourent la surface noire de Elliptical afin d'extraire sa matière irisée. Sea of Clouds déploie son intensité à partir des cendres du titre précédent. Les nappes entrecroisent leurs ébats chorégraphiques dans les pénombres d'une nuit tombant sur les nuages. Vrai aussi de dire que nous sommes dans le cœur d'un amas de nuages, mais on parle de nuages noirs flirtant avec les vents. Des stries bleutées enfoncent leurs dards sonores, laissant des marques lorsqu'elles dérapent tranquillement dans ce panorama atmosphérique qui pourrait retarder le sommeil, tant Sea of Clouds reste intense. Après les brises silencieuses, les secrètes impulsions qui guident Milne l'amènent de nouveau dans des zones aquatiques avec des élans de batraciens, avançant avec légèrement plus de fluidité, qui propulsent cette masse sonore hors des zones totalement noires du répertoire de Chris Russell. Chaque mouvement est suivi d'un petit concerto de village pour cloches et clochettes qui se transporte d'un village à l'autre, témoignant toujours de cette nouvelle dualité entre musicalité et fragilité, entre séraphique et sibyllin qui donne tout ce lustre à cet autre bel album de Chris Russell.

Sylvain Lupari (03/09/20) ****¼*

Disponible au Exosphere Bandcamp

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