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  • Writer's pictureSylvain Lupari

Cosmic Ground Entropy (2023) (FR)

Du vrai Berlin School dans une tradition qui transcende son usuel univers gothique!

1 Space Seed 9:41

2 Phasing 76 9:22

3 Substance 4:17

4 The Cage 6:58

5 Q2408 6:19

6 Randomize User 0 10:22

7 Equilibrium 6:53

8 Entropy 18:42

(CD/DDL 24Bits 72:35)

(Berlin School)

Je ne sais pas si vous êtes à la même place que moi, mais je placerais sans hésiter le nom de Cosmic Ground, projet du claviériste Dirk Jan Müller, à côté de Arc, Redshift, ['ramp] et Brendan Pollard lorsque vient le temps de parler de ces artistes qui ont su le mieux transporter le style Berlin School hors de ses glorieuses années 70. Après tout, celui qui codirige les activités de Electric Orange avec Dirk Bittner, nous donne de solide albums dans le genre depuis son coup de canon en 2014; l'album éponyme Cosmic Ground. Cet album fut le coup d'envoi d'une série de CD, d'albums-téléchargement et de EP qui ont fait des merveilles aux tympans des aficionados du style de Tangerine Dream des années Ricochet à Force Majeure. Et ce n'est pas ENTROPY qui va changer la donne! Offert en CD Digipak et en format téléchargement de 24 Bits, cette dernière offrande du synthésiste Allemand marche sur les traces du somptueux Isolate et du fantastique Cosmic Ground IV dans une furie des rythmes tellement puissante que même vos oreilles ne seront plus où se terrer.

Nous entrons dans un univers d'horreur, de science-fiction avec les étranges cerceaux sonores fondants qui alimentent l'introduction de Space Speed. Viennent des bourdonnements de machinerie et des ululements de spectres cyborgs. Dirk Jan Müller introduit une faune d'éléments sonores psychédélique dans l'univers de ENTROPY qui le démarque des opus précédents, donnant des dimensions lucifériennes futuristes à la musique et à ses ambiances. Des vents, des woosshh et des feulements mécaniques se concertent pour activer une première structure de rythme qui trépigne comme un train faisant des ruades. Passé dans une déchiqueteuse à séquences, le rythme spasmodique fini par bondir entre des débris de cliquetis et d'autres éléments percussifs pour courir tel un train rythmique. Il court à perdre haleine, risquant même de déborder, de dérailler lorsqu'il se moque d'une courbe. Les séquences sont nerveuses. Elles virevoltent, elles papillonnent vivement dans cet amas de cliquetis percussifs pour courir vers un passage où l'atmosphère se rarifie pour finalement reprendre un élan plus conventionnel qui sera entrecoupé par quelques pièges atmosphérique dans une ambiance industrielle toujours aussi sordide. À quelques variations près, Randomize User 0 épouse cette structure de train rythmique dans un long envol plus fluide et dans un décor légèrement plus sobre. Mais l'odeur industrielle continue de siffler de partout. Phasing 76 est un titre qui rend hommage aux pionniers des années 70 qui nous ont récemment quittés. On pense à Klaus Schulze, Vangelis et Manuel Göttsching entre autres. Le titre amorce son virage vers nos oreilles avec des gazouillements, des distorsions et des woosshh inhérents au genre des années d'or de la musique électronique (MÉ). Une ligne de basses séquences émerge d'aussi près que 30 secondes plus loin. Bien qu'assourdie, son mouvement est fluide et circulaire avec de légers soubresauts. Une ombre de rythme plus harmonieuse, les arpèges ont une nuance plus translucide, se colle à cette structure qui roule sous cette tempête de woosshh dans une séduisante alternance entre la couleur et la mutation tonale. Cette mélodie cadencée prendra une forme plus nébuleuse, presque fantomatique, au fil des presque 10 minutes de Phasing 76. Dirk Jan Müller joue sur les modulations du séquenceur, ici comme ailleurs dans l'album, créant confusion et charme entre nos oreilles pour une structure qui ralenti de plus en plus sa course pour atteindre une courte finale atmosphérique. Nos oreilles restent assoiffées pour ces rythmes infernaux? Pas de problèmes! Le rythme frénétique et l'élan spasmodique de Substance les traverse avec la course débridée du séquenceur qui fait courir son rythme à perdre haleine sous un voile de murmures et de fredonnements orchestraux chtoniens.

Une nappe de bourdonnements étale son voile ténébreux en ouverture de The Cage. Le titre se nourrit plus des éléments d'ambiances industrielles et psychédéliques, enveloppant un rythme qui peine à surgir et qui restera étouffé sous cette emprise pour ses 7 minutes. Q2408 se nourrit un peu de ces ambiances pour offrir une structure de rythme qui nait d'un tintamarre des frictions du métal sur l'aluminium. La structure chevrote et toussote dans une approche rythmique qui cahote sans prendre de véritable envol. La couleur des séquences et ses variations saccadées, ont dirait des coups de différents instruments sur une enclume maillée, tintent entre les emprises d'une sombre membrane huileuse qui ronronne et fredonne. Un peu plus et nous serions dans les rêves de Freddy Krueger! Après que le long trajet du train rythmique de Randomize User 0 soit arrivé à destination, Equilibrium nous entraine dans le seul moment sans véritable rythmes de ENTROPY. C'est un titre remplit d'ambiances chtoniennes où les machines ont une âme et qu'elles expirent leurs sombres pensées. De l'ambiant ténébreux industriel qui déborde dans l'introduction de la longue pièce-titre. Ici, les spectres et les gargouilles maléfiques naissent d'une fusion entre la fonte et le tungstène. Leurs feulements, leurs murmures et leurs gargouillis de faim s'entremêlent en de longs mugissements, pareils à des vents sidérurgiques. Ils sillonnent de longs corridors imaginaires avant de servir de combustible à une structure de rythme qui frissonne pour s'enflammer comme un train provenant des enfers un peu après la 8ième minute. Deux lignes de rythmes, une fluide et l'autre spasmodique, nouent cet élan rythmique que des lucioles mécanisées picorent ici et là, donnant ce lustre psychédélique tourmenté à la musique de Entropy. Autant à la pièce-titre qu'aux autres 7 structures d'un album conçu pour faire changer d'idée à ceux qui chialent à l'effet que le style Berlin School n'a jamais su se réinventer. Le rythme épuise ces séquences qui sautillent comme des coups de ciseaux dans le vide industriel pour se désagréger, un peu comme une arme rythmique, dans une lente finale atmosphérique un peu avant la 14ième minute dont la combustion sonore se perd dans les vents et murmures sourds qui hanteront encore notre ouïe pour quelques minutes.

Du rythme! Beaucoup de rythmes. Des séquences étalées dans des structures de rythmes en constante permutation, et dans les tons, les couleurs et les modulations, ENTROPY explore une facette cachée du répertoire de Cosmic Ground en insérant des textures psychédéliques et industrielles à une musique électronique inspirée des meilleurs moments de Tangerine Dream, Arc, Redshift, Ramp et j'en passe. Dirk Jan Müller possède ce don d'étonner, de séduire encore plus. Album après album! Il livre ici un 72 minutes de férocité sans failles où l'enclume de nos tympans vibre en symbiose avec une musique infernale conçue à l'ombre des ténèbres. Ouais…du vrai Berlin School dans une tradition qui transcende son usuel univers gothique!

Sylvain Lupari (17/07/23) *****

Disponible au Cosmic Ground Bandcamp

(NB: Les textes en bleu sont des liens sur lesquels vous pouvez cliquer)

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