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  • Writer's pictureSylvain Lupari

DARSHAN AMBIENT: Little Things (2013) (FR)

Michael sort de sa zone de confort avec une vision musicale plus audacieuse dont l'éclectisme nous entraîne dans des territoires musicaux variés

1 UnUsual Thursday 7:23

2 The Mystery of Sleep 6:20

3 W. 52nd 4:38

4 Shadow Country 6:27

5 Little Things 4:39

6 Soft Portrait 3:56

7 Slow Drum 5:17

8 Nocturne in 3 Parts 3:32

9 Fields 5:36

10 There! 6:53

11 Watch your Step 5:03

12 Exile 2:57

(CD/DDL 62:33) (Ambient Folk)

C'est une vieille amie qui nous interpelle en partant. Une fusion guitare/synthé façonne de lentes couches morphiques qui flottent comme des soupirs de vents creux. Nous sommes à l'aise. Nous sommes en terrain connu. Fragiles, des notes d'un piano aussi pensif qu'hésitant tombent et forgent une sombre berceuse qui manque de fini. On erre dans nos songes lorsque des percussions harponnent l'approche méditative de UnUsual Thursday. Leurs frappes dessinent un savoureux down-tempo qui tournoie avec tellement de douceur. Et tranquillement, derrière ces souffles ocrés et ces fractures à la tendresse de la batterie, le piano serre ses accords et forge une délicate mélodie qu'une six-cordes étreint de ses harmonies fantômes. J'ai toujours aimé la musique de Darshan Ambient. Je me suis pris d'affection pour ce barde américain qui traîne ses airs de blues égaré ou de folk troublé dans une fascinante ambiance neurasthénique depuis que mes oreilles ont croisées son très beau A Day Within Days en 2010. Suivant les préceptes de mélodies et de ballades noircies par l'envoûtante approche mélancolique de Falling Light, LITTLE THINGS dévie un peu par contre du parcours usuel de Darshan Ambient en empruntant les délicates fragrances d'un monde tribal à la fois africain et oriental. Cette fusion de folk urbain et ethnique apporte de savoureuses couleurs à un album d'un auteur à l'âme déchirée qui a toujours le don de faire vibrer les cordes d'une sensibilité refoulée dans les parcours d'une vie.

S'il fait souvent noir chez Darshan Ambient, le rythme a toujours sa place. Un rythme bordé d'une approche ballade comme dans The Mystery of Sleep. L'approche est assez tribale avec ces larmes de violons qui pleurent, alors que des accords de guitares flottent avec des harmonies songeuses qui rappellent l'univers de Patrick O'Hearn. Les percussions structurent une ambiance de jazz ethnique sur une structure de rythme quelque peu échevelée et stroboscopique. Les voix, les clochettes me plongent dans le superbe Amerisynthecana de Sensitive Chaos. Très bon! Tout comme le déroutant W. 52nd qui, après une intro très ambiosphérique, embrasse une structure un brin jazzé où le rythme est séduit par ces brises de trompettes qui caressent encore le poétique univers d'O'Hearn. Le rythme lent, Shadow Country infuse ses accords d'une guitare aux harmonies tourmentées sur un lit de percussions pétillantes. Les couches de synthé qui ornent le décor musical très mélancolique de LITTLE THINGS tracent ici des ombres de brume qui accueillent les lamentations d'un violon berbère. L'effet est assez séduisant. La pièce-titre respire de paradoxes. Si le rythme semble effacé, avec des bruissements qui se collent en forme de cerceaux de feutres échoïques, la mélodie est songeuse et colle ses accords de piano esseulé sur un lit de grésillement, forgeant une délicate rêverie diurne. Après le sombre et très pensif Soft Portrait, Slow Drum nous replonge dans les ambiances ethniques orientales avec une intro emplie des parfums d'un Sarangi. La texture sonore laisse miroiter une nuée de poussières soniques qui remplit l'air de milliers de particules carillonnées alors que doucement le tempo développe une lente chevauchée désarticulée qui cambre le rythme sous des orchestrations saccadées. Nocturne in 3 Parts est un titre ambiant auquel Darshan Ambient accroche des lamentations d'une six-cordes qui traîne les misères du monde dans de lointains carillonnements. Peu importe les approches, Michael Allison s'arrange toujours pour attiser notre intérêt avec une délicate conclusion harmonique. Les larmes de violons qui pleurent dans des soupirs maternels ouvrent l'introduction très ambiosphérique de Fields. Des percussions structurent des vagues d'émotions alors que, toute menue, la guitare forge une de ces mélodies méditatives qui meublent l'univers de Darshan Ambient. Je sais! On a déjà entendu, mais l'effet demeure toujours aussi prenant. C'est la même chose pour There! dont l'ouverture présente une orchestration de violons qui coule comme une structure de canon musical. Nous sommes dans l'univers de Steve Reich. C'est très beau! Plus enjoué, Watch your Step présente une belle approche de ballade d'un genre western urbain avec un rythme finement tambouriné qui soumet sa crinière de rebelle à de tendres nappes d'un synthé dont les arômes de tristesse n'arrive en aucun moment à éradiquer les belles harmonies de la guitare. Exile porte le poids de sa signification avec une approche ambiante où le piano pleure dans les songes d'une guitare méditative.

Avec LITTLE THINGS Michael Allison sort de sa zone de confort avec une vision musicale plus audacieuse. Traînant toujours son manteau de poète à l'âme torturée, le barde rural américain déterre les racines d'un folk éclectique et électronique pour le peindre de ses uniques couleurs de mélancolie. Il y a plusieurs clins d'œil dans cet album, d'où son éclectisme, à des artistes tels que Patrick O'Hearn, Jim Combs (Sensitive Chaos) et même Miles Davis dont les paradoxes s'unissent à merveille dans une œuvre qui s'abreuve aussi d'une rivière de tribalisme. Un très bel album à la poésie errante comme seul Darshan Ambient signe depuis A Day Within Days.

Sylvain Lupari (19/09/13) ***¾**

Disponible au Spotted Peccary Bandcamp

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