“Un album pour les deux publics de DH où chacun trouvera son plaisir”
1 Circuitree 7:43
2 Across the Bay 6:37
3 Electric Sky 5:55
4 Intergrated Geography 17:24
(EP DDL 37:41)
(New Berlin School)
Comme j'ai déjà écrit, il y a quelque chose d'extrêmement envoutant, étrange au niveau du magnétisme, lorsqu'on écoute du Digital Horizons. Pourtant, la musique est loin d'être compliquée. Justin Ludford propose de très belles lignes de rythmes mélodieux qui s'ancrent à nos oreilles avec la féroce intention de ne pas les quitter. Composée et enregistrée au printemps 2022, ELECTRIC SKY est un EP disponible uniquement en téléchargement que je divise en 2 parties. La première est composée des 3 premiers titres qui sont rythmiques et mélodieux. Donc, très accessible. La seconde partie est composée du long titre évolutif, Intergrated Geography, qui demande un plus grand investissement de votre temps afin de bien assimiler une musique électronique visiblement inspirée par les premiers albums de Paul Haslinger avec Tangerine Dream.
Prenons Circuitree! Même son bourdonnant, aussi vaporeux qu'un lent serpent sous forme de fumée, a ce petit côté mélodieux et mélancolique qui stimule l'écoute. L'onde de synthé qui suit possède ce chant de fausse trompette qu'on a déjà entendu dans le merveilleux univers du Dream. La réciprocité des modulations entre le bourdonnement grave et le synthé injecte une aura de drame musical à cette ouverture atmosphérique qui dépasse à peine les 75 secondes. Le séquenceur structure une ligne d'arpèges sautant délicatement en rang de deux sauts alternatifs, créant un ver-d'oreille hypnotique, tant rythmique que mélodique, qui obsède déjà les émotions. Le lit des ambiances demeure cette nappe de basse réverbérante qui se meut comme une ombre vampirique et cette ode de fausse trompette qui maintient ce haut niveau d'émotivité que les percussions enracinent encore plus avec de sobres frappes. Petit passage méditatif sur un fond pulsatoire et Circuitree reprend son travail d'asservissement de notre écoute. Simple mais drôlement efficace! Cette union entre les airs célestes du synthé et cette ondoyante nappe de bourdonnement orne aussi le décor de Across the Bay qui propose un même style de mélodie rythmique qui est par contre plus lente. Les pulsations espacées de la basse ajoute un caractère très émotif à cette structure qui sautille en effectuant un subtil filament stroboscopique sous des larmes de synthé et des orchestrations lunaires qui ont déjà servies le répertoire de Vangelis. La musique prend une tangente plus animée, plus près d'un rythme technoïde après la 5ième minute. Je vous le dis, on devient accro tant c'est simple, beau et efficace. La pièce titre est plus fougueuse. Electric Sky est un très bon rock électronique qui fait bouger les pieds autant qu'il captive l'ouïe par le flux nerveux du séquenceur. La musique est entrainée par de sobres percussions et une ligne de basse pulsations où s'accroche une double ligne de rythme avec des séquences qui palpitent dans l'ombre de la précédente. C'est comme faire alterner deux billes de métal musical sur une très étroite courroie d'un convoyeur qui fonctionne par brefs coups spasmodiques. Ça structure deux lignes de rythme en parallèle, dont un débit hyperactif qui est aussi harmonique qu'entraînant et dont les fluctuations coulent sous de très bons solos d'un synthé toujours très actif au niveau mélodie.
Intergrated Geography débute avec des ondoiements de nappe de brume artificielle et un dialogue synthétisé. Des accords enrobés de mutation radioactive se mettent à dandiner pas loin de 2 minutes plus tard. Empruntant une lente structure circulaire, le débit provenant de ces accords est lourd et résonnant. Son mouvement ascendant accueille une ligne d'arpèges florissant de sa tonalité argentée et dont les ondulations copinent harmonieusement avec cette lenteur rythmique qui dicte la première partie du plus long titre de ce ELECTRIC SKY. Digital Horizons additionne des nappes de voix aux pétillements ivoirins à cette ouverture d'un titre qui deviendra évolutif à partir de sa 7ième minute. Un défilé d'arpèges chatoie sous des ondes de synthé vibratoires et dramatiques. La pureté de cette harmonie atmosphérique scintille dans un intense climat de vision cinématographique dystopique. Le mouvement prend une tangente rythmique qui est égale à l'intensité des ambiances, créant une phase de rythme harmonique dont la tonalité nous inspire à écouter le fascinant Tyger, ou encore Underwater Sunlight, de Tangerine Dream. Cette seconde évolution de Intergrated Geography atteint sa zone de mutation atmosphérique un peu avant la 13ième minute. Cette phase est obnubilée par des nappes de voix séraphiques. L'opacité des chants et sa ténacité à rester en place étouffe cette ascension rythmique qui peine à émerger sous ces ondes de synthé apocalyptiques, créant une intense finale dramatique. Disons que c'est le genre de titre qui demande plus que 3 écoutes!
ELECTRIC SKY reflète cette parfaite balance dans l'art de nuancer la vision accessible et plus complexe de Digital Horizons dans ses compositions. La musique est très agréable aux oreilles et assez facilitante à nous faire taper du pied. Le musicien-synthésiste Anglais démontre qu'il est encore à l'aise dans de brèves structures, il faut toujours bien remonter à l'automne 2020 et son album The Movement of Mercury pour entendre ses courtes pistes mélodieuses, que dans ses longues plus évolutives, comme dans Generations et surtout Extraordinary Path. Donc, un album pour deux publics ou chacun va y trouver son plaisir.
Sylvain Lupari (16/10/22) ****½*
Disponible au Digital Horizons Bandcamp
(NB : Les textes en bleu sont des liens sur lesquels vous pouvez cliquer)
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