“À plein volume, 6.6.36 est une tuerie pour les tympans... et les voisins!”
1 I can see the atoms move 6:00
2 So far gone but not gone far 6:00
3 We feel nothing, do we? 6:00
4 We have to kill this machine before it kills us 6:00
5 Too much is never enough 6:00
6 The world is spinning and so am I 6:00
7 Bonus track 4:30
(CD/DDL 40:30)
(Industrial Berlin School)
Dream Invasion nous arrive de la cuisse gauche de Nothing but Noise. C'est le projet d'Erwin Jadot qui fut partenaire de Daniel B.et Dirk Bergen le temps de l'album Not Bleeding Red en 2012, ainsi que dans l'aventure de Front 242. Le musicien Belge avait auparavant tenté une percée dans l'univers de la MÉ en 2005 avec Inspiration For a Daydreaming Nation, un album de Dark Ambient avec une touche Dub et industriel. 6.6.36 suit les traces de 7.7.49 en proposant une MÉ lourde et vibrionnante sur 6 structures de 6 minutes assorties de deux visions rythmiques. La plupart des structures proposent un départ minimaliste où se greffent une pléthore d'effets électroniques et de rythmes sous-jacents qui émoustillent l'écoute dans des ambiances flirtant avec le psybient. L'achat de l'album nous donne droit à un titre supplémentaire qui cadre très bien dans la fougue de 6.6.36.
Dans une ouverture gorgée de bips et autres interférences, oui, I can see the atoms move! Le manque de finition des nappes de synthé attire les oreilles vers un rythme tribal martelé par des percussions séquencées sous un ciel strié de graffitis sonores. C'est lourd et entraînant jusqu'à 15 secondes après la 2ième minute là où un passage d'éléments psybient pique la curiosité de nos oreilles pour une grosse minute. Par la suite, I can see the atoms move. Et ils courent à une vitesse vertigineuse, effectuant de brusques changements d'orientations pour reprendre cette course effrénée du séquenceur lourd et puissant qui solidifie les deux vitesses de ce premier titre qui décoiffe. Lourd, lent, résonnant et efficace, So far gone but not gone far réchauffe les ambiances comme un orchestre de chambre ajuste ses instruments. Une ouverture qui dure une 60taine de secondes avant que le séquenceur fasse dandiner ses ions sous un ciel barbouillé de stries et d'effets de réverbérations torsadés. Le rythme est lourd et résonne sous les gros accords du séquenceur qu'un synthé recouvre de ses nappes bienveillantes. Le titre maintient ce rythme statique avec un effet élastique sur les ions sauteurs qui donnent cette impression de faire du moonwalk. Le son du séquenceur toujours vibrionnant avec des ions bien gras, We feel nothing, do we? résonne dans un genre de hip-hop sautillant sous de tendres nappes chloroformiques et des effets sonores cosmiques. Suivant toujours la même démarche, le rythme modifie tout de même la nature de ses bonds, de même que ses couleurs et finalement la vélocité, notamment dans le dernier droit qui est traversé par une belle ligne de piano.
Des éléments de distorsions et des percussions féroces forcent le rythme statique de We have to kill this machine before it kills us. Il y a un bel effet réverbérant dans cette approche tapageuse qui est remplie de filaments sonores dépareillés se tortillant juste au-dessus de cette structure rythmique désordonnée. Ces filaments mugissent comme des lignes de métal que l'on corrodent sous une chaleur intense, amenant le rythme dans une zone métallurgique. Par la suite, le titre change de personnalité rythmique avec une structure de rebonds convulsifs, de ruades sauvages dans une ambiance toujours industrielle et qui se transforme peu à peu sous les caresses de synthé au parfum sibyllin. 6.6.36 est très énergique depuis sa première minute, c'est donc avec étonnement que Too much is never enough entre dans nos oreilles avec un mouvement aussi éthéré que le titre Crystal Lake qu'on retrouve dans un album classique de Klaus Schulze, Mirage. Toute une première partie qui s'érode sous les vibrations d'une autre vision du séquenceur qui laisse partir des ions gras et résonnants. Ils ne sautent même pas! Ils s'écrasent plutôt dans une structure sans rythme qui se termine finalement comme son introduction. On a rêvé tout de même sur près de 3 minutes. Vous avez le titre! Vous avez aussi la structure de The world is spinning and so am I qui sautille dans une vision hip-hop sous des solos d'un synthé qui se prend pour une guitare. Des arpèges sautant plus vite que la lumière remplacent ces solos sur deux lignes qui tournoient exactement dans le sens du titre. Le séquenceur fouette ses ions qui se mettent à courir, une jambe plus courte que l'autre, en seconde partie de The world is spinning and so am I qui reçoit aussi les mêmes privilèges du synthétiseur et d'une autre ligne sautillant sous des chevrotements stroboscopiques. Oui, il y a du mouvement au pouce carré dans ce fascinant album de Dream Invasion. Dans une fusion entre So far gone but not gone far et We have to kill this machine before it kills us, Bonus Track est très représentatif de 6.6.36 et doit loger à la même adresse. Un bon titre boni qui vient avec l'achat de l'album sur la page Bandcamp de db2fluctuation.
À plein volume, 6.6.36 est une tuerie pour les tympans! J'ai bien aimé cette vison de Berlin School saccagée dans de l'Industriel. J'ai surtout bien aimé les structures amovibles du séquenceur qui nous transporte au pays des haïssables pour nos voisins…Mais, il faut bien se gâter, non!?
Sylvain Lupari (13/11/21) *****
Disponible au db2fluctuation Bandcamp
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