“C'est un solide titre de rock électronique psychédélique qui joue constamment sur les frontières du Krautrock et de la Berlin School”
1 Jenseits der Mauer des Schlafes 18:57 Svart Records | SVR417
(DDL/E.P. 18:57) (Krautrock and Berlin School)
Voilà un truc qui traînait sur mon bureau et que j'ai failli ignorer. Pourtant, depuis l'excellent Kometenbahn, paru en 2013, j'avais eu la piqure pour ce groupe qui nous ramenait quelques années en arrière avec du rock électronique psychédélique qui joue constamment sur les frontières de la Krautrock et de la Berlin School. Composé dans la foulée de Spiralo, JENSEITS DER MAUR DES SCHLAFES fait partie d'un projet conjoint avec le groupe néo Krautrock Hisko Detria. Si le label finlandais Svart Records a lancé cette nouvelle aventure en vinyle, il est toutefois possible d'obtenir cet album en format numérique sur la page Bandcamp de E-Musikgruppe Lux Ohr.
Des carillons évaporent leurs tintements en gouttelettes stagnante, tandis qu'une ligne de riffs (tchou-tchou) hache grossièrement les ambiances introductives de Jenseits der Mauer des Schlafes, un titre inspiré d'une nouvelle de H.P. Lovecraft intitulée Par-delà le mur du sommeil. Rien ne se perd dans l'univers de E-Musikgruppe Lux Ohr! Si les carillons s'évadent vers l'oubli, leurs empreintes sont toujours présentes et tintent joyeusement sur le manche d'une basse dont les notes sphéroïdales courent et rampent à la verticale, apportant lourdeur et vélocité à une figure de rythme délicieusement saccadée et savoureusement hypnotique. La E-Bow maquille le tout avec des soupirs plaintifs et des solos pleureurs tandis que le synthé appelle quelques solos qui roulent en boucles tout en émiettant des effets électroniques psychédéliques. Nous sommes dans du pur rock cosmique des années Ashra avec ce mélange de guitare et de synthé qui se font duel, autant dans les solos et les harmonies que les effets, sur une rythmique répétitive et légèrement spasmodique où valsent toujours ces tintements et cliquètent maintenant des percussions un brin métallique. Le rythme perd son escalade autour des 9 minutes pour plonger dans les ambiances ténébreuses qui sont inspirées par le livre de H.P. Lovecraft. La basse et les percussions rôdent toujours derrière. Avec les effets du synthé, ils tissent une enveloppe cabalistique où la voix de Kimi Kärki récite une incantation diabolique. La voix devient des voix et l'enveloppe d'ambiances devient plus chthonienne tandis que peu à peu la structure de rythme retrouve sa vigueur dans un genre de transe clanique saccadée où les effets psychédéliques dominent les ambiances électroniques. Un très bon titre qui gagne toute sa saveur dans un casque d'écoute et qui prouve que le groupe de MÉ underground de la Finlande est loin d'être un feu de paille.
Sylvain Lupari (27 Avril 2016) ***½**
Disponible au E-Musikgruppe Lux Ohr Bandcamp
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