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  • Writer's pictureSylvain Lupari

E-TIEFENGRUND: A Scent of Jasmine (2014) (FR)

“Efficace et très attrayant, A Scent of Jasmine répand ses parfums de la Berlin School sur les rythmes teutoniques de la New Berlin School”

1 The Jasmine and the Beast 20:30 2 The Big Hole 15:02 3 The Art of Decay 19:33 4 Forgotten Home 13:23 SynGate | CD-r TI02

(Pochette=Lien sur Spotify)

(CD-r 68:28) (V.F.) (A mix of retro and New Berlin School)

Voltage Sessions était assurément un de mes coups de cœur de 2013. J'aimais ces rythmes hypnotiques qui sautillaient délicatement dans des harmonies teintées de brume et des solos de synthé assez créatifs, sinon très accrocheurs. Ce 2ième album de E-Tiefengrund est moulé dans le même moule. Et ce n'est sans doute pas un hasard si A SCENT OF JASMINE est aussi griffé du sous-titre Voltage Sessions II. L'inspiration remonte à un voyage que Silvie et Mick von Tiefengrund effectuaient en Juin 2013 lorsqu'ils ont traversé la ville minière abandonnée de Pier. Fasciné par l'environnement ils ont décidé de s'y arrêter, afin de prendre des photos et de tourner quelques clips. En arpentant les rues désertes où les fenêtres et portes dessinaient des tristesses, ils ont perçus une fine odeur de jasmin qui flottait dans l'air.

Et comme dans Voltage Sessions, The Jasmine and the Beast offre une très bonne fusion entre le nouveau et le Berlin School où des rythmes finement saccadés savouraient les harmonies des synthés aux chants d'oiseaux psychédéliques. L'introduction, de même que sa structure tant rythmique qu'ambiosonique, nous ramène inévitablement à Power Station avec un rythme qui sautille maladroitement dans un univers organique. Des pulsations perdues dans des souffles caverneux et des harmonies juvéniles sifflotées par un synthé enchanteur installent une ambiance psychotronique idéale pour initier une amorce de rythme titubant, un peu comme un genre de cha-cha mais avec des pas saccadés. Des pulsations détrempées, des percussions teutoniques, des réverbérations organiques et une ligne de séquences aux ruades très discrètes meublent le canevas rythmique de The Jasmine and the Beast qui étend ses 21 minutes sous les caresses d'un synthé et ses solos aussi mélodieux que ses airs tressées dans l'imaginaire. La seconde moitié offre une poésie écrite à l'ombre de séquences très harmoniques qui sont aussi copieusement embrassées par des solos de synthé aux formes boudinées et aux ombres vampiriques. Et un peu comme dans le premier album, on ne peut ne pas aimer. The Big Hole est un titre plus tranquille. Le pattern rythmique est toujours très minimaliste avec des séquences aux tonalités quasi organiques qui sautillent comme une horde statique dans des cliquetis de sobres percussions robotiques qui marinent avec des gaz soniques. Le synthé dessine des ambiances paradoxales où des lignes de chœurs flottent avec leurs sombres harmonies clandestines, des nappes de brume étendent des ambiances célestes et des solos nasillards errent avec leurs chants torsadés dans la crainte d'être éventés. Le seul bémol est cette coupure trop hâtive qui termine ce titre qui est assez méditatif. Mettons que ça réveille sec! The Art of Decay est A SCENT OF JASMINE ce que Synthetic Vitality était à Voltage Sessions. C'est un long titre où des séquences aux harmonies près de l'innocence juvénile forgent un fascinant carrousel oblique. On flotte entre deux sphères avec ce mouvement circulaire hypnotique dont les cerceaux embrassent quasiment une forme stroboscopique. Comme tout autour de A SCENT OF JASMINE le synthé étale une musicalité très progressive avec des solos, des harmonies et des ambiances qui sont aux diapasons de la confrontation. Les séquences débutent leurs ronchonnements autour de la 8ième minute. On y entend des grognements, qui tempêtent dans un pattern somme toute assez harmonieux, mordent les ambiances alors que des solos vintages torsadés tournoient comme les gardiens de la révolte. Et ce rythme en apparence très docile évolue subtilement dans les pas hargneux de ses séquences. Il devient plus agressif mais reste toujours aussi stationnaire alors que les synthés dessinent des figures toujours très près des odeurs psychédéliques des années d'or de la Berlin School. Forgotten Home calque les rythmes tranquilles et les ambiances aux arômes tiraillées entre le psychédélisme et le New Berlin School qui rôdent tout autour de ce second album du couple von Tiefengrund.

On a aimé Voltage Sessions? On va aussi se délecter les oreilles avec A SCENT OF JASMINE. On ne peut nier le lien très étroit entre ces deux premiers albums d'E-Tiefengrund. Les rythmes ont beaux êtres sobres qu'ils sont toujours aussi attirants. Les tons et mouvements des séquences sont aussi magnétisants que sur Voltage Sessions alors que les synthés dessinent des figures d'ambiances, d'harmonies et des solos qui colorent toujours cette séduisante frontière entre le New Berlin School et le vintage. Une frontière qui semble être l'apanage d'un duo extrêmement méticuleux dans son approche minimaliste. Efficace et très séduisant.

Sylvain Lupari (13/06/14) ***¾**

Disponible au SynGate Bandcamp

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