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  • Writer's pictureSylvain Lupari

Erez Yaary Gravity (2022) (FR)

Un très bel album de New Berlin School et de rythmes évolutifs qui s'écoute bien

1 Dark Matter 9:10

2 Blackshift 9:04

3 Electromagnetic Fields 7:39

4 Astra Kinetic 12:44

5 Metric Tensor 7:08

6 Gravitational Redshift 4:30

(DDL 50:17)

(New Berlin School)

Erez Yaary effectuait un grand retour l'an dernier sur l'étiquette MellowJet Records avec les albums Memoria Technica et Delta Evolution, paru l'année précédente et fait avec la collaboration de Bernd Moonbooter Scholl. En fouillant un peu plus loin dans sa discographie, je me suis aperçu que j'avais déjà chroniqué un de ses albums, Blind Vision, au le milieu des années 2010. C'était un bel album avec une brochette de titres aux essences et influences assez diversifiées. GRAVITY se nourrit de ces éléments. S'inspirant aussi des structures plus versatiles de Memoria Technica, ce nouvel album du musicien israélien propose une musique électronique (MÉ) plutôt accessible, sauf peut-être pour Astra Kinetic. La plupart de ses structures sont conçues dans une vision rythmique évolutive qui flirte avec la Berlin School ainsi que le rock cosmique. Il y a de bonnes idées au niveau des éléments de percussions, donnant une dimension plus attractive à la musique et à ses développements. L'aspect mélodieux transite entre la New Age et le Synthpop et me fait penser à du Yanni, surtout au niveau des orchestrations qui sont parfois très mélodieuses. Les influences de Tangerine Dream recouvrent la majorité des structures de GRAVITY, j'ai dénoté aussi celles de Jean Michel Jarre qui sont plus discrètes. Ces influences se situent plus au niveau des effets sonores et des arrangements orchestraux, quoique certaines structures de rythmes m'ont ramené aux albums Pinnacles et Stuntman de Edgar Froese. Hormis les orchestrations et les nappes cosmiques qui ceinturent GRAVITY, Erez Yaary développe aussi de très belles lignes de mélodies et de superbes solos de ses synthés. Bref, un très bel album qui a tout pour plaire au plus exigeant des aficionados de MÉ flirtant avec le style New Berlin School.

Avec ses nappes de synthé sibyllines, mélangeant brises et voix, qui ondulent paresseusement, Dark Matter dévoile une ouverture atmosphérique assez onirique. Des particules argentées scintillent dans ce panorama inspiré de nostalgie dans les soupirs mélodieux du synthé. Tranquillement, ces ambiances migrent vers une zone plus sombre autour de la 3ième minute, moment où le synthé fait rouler d'harmonieuse vrilles dans une texture où le psybient flirte légèrement avec une vision de musique atmosphérique un brin ténébreuse. Les effets organiques glauques se transposent sur des nappes de brume orchestrale, rappelant que Tangerine Dream est au cœur des influences du musicien-synthésiste d'Israël. Le rythme s'installe un peu avant la 5ième minute avec des coups de basses pulsations sur les réflexions d'accords de clavier qui s'étirent comme des cerceaux finement ébréchés. Bondissant plus que pulsatoire, ce rythme met en relief une belle collection d'idées au niveau des éléments de percussions, dont des tonalités d'enclumes et de castagnettes électroniques, dans une phase embryonnaire qui a besoin de quelques minutes avant de prendre un élan plus intense et au final plus entrainant. Les orchestrations et les claquements percussifs, semblables à des tapements de mains mécaniques, peuvent nous ramener à l'époque des premiers albums de Yanni. Un très bon titre, Blackshift propose une ouverture éthérée avec des filaments ambiants qui ne sont pas sans rappeler l'univers Schmoelling de TD. La structure est évolutive, affichant un rythme lourd et lent qui ondule comme une couleuvre sur un terrain bosselé. Les harmonies du synthé, dessinées sous formes de solos, sont très belles et guident la structure vers un rythme bondissant, toujours auréolé d'aussi bons éléments de percussions que dans Dark Matter, dans une texture qui chevrote légèrement pour donner une apparence spasmodique. Le titre exploite plus ici une structure Berlin School avec de bons solos d'un synthé créatif au niveau de ses orchestrations et de ses lignes de mélodies. Electromagnetic Fields débute avec une série de basses séquences qui courent dans un axe zigzagant. Des accords tombent sur cette structure à mi-chemin entre le trot et le galop. Ces accords rebondissent avec un éclat opalin dans les tintements, dessinant un vague effet d'écho qui résonne au-dessus des soupirs cybernétiques un peu mélancoliques. Le rythme affiche une constante vélocité avant d'atteindre une phase d'indécision après la 3ième minute pour se réactiver avec un débit plus fluide une minute plus loin. La structure devient un très beau Berlin School avec une séquence de rythme qui monte et descend tout en effectuant des slaloms harmonieux dans un décor enchanteur nourri de brume et d'orchestrations. Je pense à Edgar Froese à la découverte de ce Electromagnetic Fields qui devient un peu plus rock électronique lorsque les percussions s'y arriment vers sa 6ième minute. Un très bon titre.

Du haut de ses presque 13 minutes, Astra Kinetic ne perd pas de temps pour nous enfoncer les élans de son rythme pulsatoire entre les tympans. À prime abord cognant sourdement, le rythme se développe sur des séquences de galops intersidéraux et de grands huit cadencés avec un séquenceur qui aime faire dribbler certains de ses arpèges rythmiques. Des percussions complètent les différentes évolutions de ces phases de rythmes toujours entraînantes pour les pieds. Les effets percussifs sont moins présents sur ce titre, sauf l'ajout des castagnettes vers une finale qu'on ne souhaite pas. Parlant arpèges, une des séquences active une suite d'accords qui sont autant mélodiques que rythmiques. Le décor est cosmique avec des effets d'étoiles filantes et les poussières musicales qui traînent dans leurs sillons. Les mélodies ont une apparence fantôme en étant discrètes autour des bancs de brume cosmique qui abondent dans cette structure où le synthé balance aussi quelques nappes plus chloroformiques qui dérivent sur les multiples élans d'un rythme toujours constant dans son effet entraînant. Un très bon titre avec une évolution plus accessible à l'écoute que complexe. Un titre qui flirte avec la Synthpop des années 90, Metric Tensor est un bon rock cosmique qui fait très Jarre, tant au niveau de son rythme circulaire que des ambiances et ces longs solos toujours parfumés d'une vision mélodieuse. Gravitational Redshift conclut GRAVITY avec une structure atmosphérique où l'éclat grondant des accords de clavier jettent une aura dramatique autour de cette lente procession cosmique mortuaire.

Disponible uniquement en format téléchargeable sur le site Bandcamp de Erez Yaary, GRAVITY est un très bon album de New Berlin School qui s'écoute très bien. Les rythmes sont à la fois entraînants et mélodieux dans des panoramas riches par des effets des synthés qui injectent des orchestrations à la fois lunaires et cadencées ainsi que de belles lignes de mélodies et d'innombrables solos aussi séduisants que ces mélodies. C'est la quintessence de la MÉ dans ce qu'il y a de plus attrayant si nos oreilles sont à la recherche de rythmes évolutifs et de mélodies attrayantes dans un contexte qui ne demande aucun effort afin de les apprivoiser.

Sylvain Lupari (22/12/22) *****

Disponible au Erez Yaary Bandcamp

(NB: Les textes en bleu sont des liens sur lesquels vous pouvez cliquer)

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