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  • Writer's pictureSylvain Lupari

ERIC G.: Illusions (2010) (FR)

Complexe, vivant, poétique et surprenant de rythmes entrecroisés, Illusions est ce genre d'album qui émerveille et charme à chaque écoute

1 Mowing the Moon's Grass 23:43

2 Model III 17:33

3 Finally found the Missing Glass Piece 15:04

(DDL 56:19)

(Vintage Berlin School EM)

De nos jours, la chaleureuse sonorité d'une MÉ de style Berlin School de style vintage, les années d'Or de 70 à 80, devient de plus en plus noyée dans une énorme corne d'abondance musicale où les technologies et les équipements numériques (Midi et PC Synthé, Virus, etc…) dénudent un peu la noblesse de cet art finement exploité dans les années 70 par des artistes innovateurs et extrêmement créatifs comme Klaus Schulze, Tangerine Dream, Jean Michel Jarre et même Ashra Temple. Aujourd'hui, des artistes tels que Ian Boddy, Mark Shreeve, Remy, Marcel Engels, Gert Emmens, Mario Schönwälder et autres exploitent encore cette sonorité d'antan, mais avec un mélange des nouvelles technologies, créant une sonorité hybride où les douces effluves de la Berlin School retro côtoient une sonorité plus technique, plus actualisée. Un peu comme Brendan Pollard, l'univers sonore de Eric G trempe dans un fabuleux monde aux sonorités analogues, plongeant l'auditeur et le fan nostalgique dans un art oublié où les longs titres changent constamment de peaux. Avec ILLUSIONS, le synthésiste Suédois traverse le mur du temps afin de nous offrir un fabuleux album où le Berlin School retro revit et noie nos oreilles avec 3 longs et splendides titres qui charment et dépassent le seuil de l'illusion sonore.

Comme son premier album, Conclusion, ILLUSIONSest composé de matériel écrit au début des années 80. Vers la mi-90, Eric G a rejoué et ré enregistré ses compositions pour finalement intégrer les sonorités de Minimoog et de Mellotron vers 2007. Un long processus et une longue maturation qui débouche sur 3 longs titres aux rythmes imprévus où les séquences s'entremêlent en de superbes cadences aléatoires, appuyés par des synthés aux couleurs analogues et aux lignes poétiques. Divisé en deux parties, Mowing the Moon's Grass initie ce festin nostalgique avec une longue intro morphique. Une intro qui ouvre sous les spasmes d'une lourde réverbération, multipliant une panoplie de chaleureuses sonorités hétéroclites qui bouillonnent paresseusement sous une ligne de synthé ondoyante. Un superbe univers sonore de nature psychédélique s'éveille lentement sous les douces caresses d'un vieil orgue et d'un synthé aux souffles arides et aux délicats solos austères. Des solos qui se tordent d'une chaleureuse suavité pour survoler cette sphère de l'imaginaire sous de fines lignes de basses, moulant une belle profondeur qui n'est pas sans rappeler Pink Floyd sur Wish you were Here, et dont les chœurs sombres noyés sous les caresses d'un Mellotron flottant effleurent au passage les abysses du Dream sur Ricochet et Encore. En mi-parcours les premières pulsations séquentielles éveillent un tempo qui bat timidement la mesure. Un rythme hésitant qui avance à pas de loup et qui se subdivise avec l'apparition d'une autre ligne séquentielle au débit plus hachuré, nerveux et légèrement funky. Le tempo hoquète délicatement sous la brume d'un Mellotron enveloppant et d'un synthé hybride aux vagues cosmiques et aux solos érodés, tels des couinements de canards, qui se fusionnent à cette cadence devenue aussi complexe qu’harmonieuse, avant qu'elle ne s’évanouisse dans les sphères intersidérales sur les doux souffles ambiants du Mellotron flûté. Un très bon morceau qui dépeint magnifiquement le nostalgique et complexe univers musical de Eric G.

Ceux qui aiment les univers de Edgar Froese seront séduits par Model III qui embrasse aussi une intro vaporeuse où le Mellotron dessine de lourds brouillards cosmiques dont les voiles nuageux ondoient paresseusement parmi des lignes de synthé, dont une qui pulse avec acuité. Une séquence ondule en cascade et moule un rythme frénétique qui s'accroît avec l'ajout d'une autre ligne séquentielle débridée, doublant l'impact cadencé sous un synthé agressif qui multiplie les solos corrosifs dans une ambiance féerique où les lignes de synthé ondulent et hoquètent en harmonie avec les séquences. C'est un maelström de synthé, séquenceur et Mellotron qui traverse des sphères rythmiques ambivalentes avant de choir sur une séquence solitaire dont les spasmes saccadés accompagnent un Mellotron flûté et un synthé aux harmonies caustiques pour embrasser une douce finale éthérisée. Finally found the Missing Glass Piece démontre à quel point le style de Eric G peut être déconcertant. Après une étonnante introduction qui appartient à l'univers cosmico-poétique de Klaus Schulze, années Body Love, des percussions teintes de verres initient une cadence qui s'échappe aux compte-gouttes sur des cymbales nerveuses. Le mouvement séquentiel s'amplifie avec des accords plus lourds et nerveux, formant un débit qui ondule fébrilement auprès des accords de claviers qui flottent en solitaire et d'un synthé aux solos sinueux. Comme sur les 2 premiers titres, le rythme devient plus complexe et tortueux pour finalement s'apaiser sous des accords de claviers à la Pink Floyd (Animals), avant de reprendre un tempo brillamment dessiné par des boucles de synthé ainsi que des séquences lourdes et mordantes, sous des percussions enclumées à la JMJarre. Des percussions qui terminent cette rythmique hésitante, créant un rythme lourd dont les coups débridés roulent sous de longs solos serpentins pour caresser les prémices d'un monde sonore analogue.

Complexe, vivant, poétique et étonnant de rythmes entrecroisés; tels sont les premiers qualificatifs qui me viennent à l'esprit afin de décrire cette dernière mouture de Eric G. ILLUSIONS est le genre d'album riche en tonalités électroniques, qui chevauchent les deux univers, et profond en rythmes, croissants comme décroissants, qui étonne et charme d'écoute en écoute. Il y a, ici et là, de superbes éléments qui font de cet album un incontournable pour les amateurs de cette époque, à la fois électronique et progressive, qui meublait nos heures d'écoute dans les années 70. Et c'est plus qu’'une simple imitation de Klaus Schulze ou Edgar Froese. C'est un superbe maillage de deux idéologies musicales d'une période faste en innovations et en créativité sonore. Un excellent album!

Sylvain Lupari (17/07/10) ****¼*

Disponible au Eric G Bandcamp

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