“Nightlights possède tout ce que peut souhaiter un aficionado de la Berlin School, plus particulièrement celle de Tangerine Dream”
1 Late Nights' Sounds 23:18
2 Digital Dreams 5:00
3 The Bind Dog 4:13
4 Bridgefeeling 14:33
5 Final 9:52
(DDL 56:57) (V.F.)
(Berlin School)
Si vous êtes à la recherche des tonalités vintages et de cet esprit qui entourait la des années 80, Eric G est une destination logique pour ceux qui n'ont toujours pas entendu sa musique ou qui l'ont entendu distraitement depuis son retour significatif avec l'album Piezolake en 2019. NIGHTLIGHTS fait parti de ces vielles K7 qu'il dépoussière en actualisant le son avec la technologie d'aujourd'hui qui maintient cette vraisemblance avec celle d'il y a 40 ans. Toujours offert en format téléchargeable, nous avons ici le plus bel album du musicien Suédois. Point!
Et ça débute avec des stridulations d'insectes nocturnes que le long Late Nights' Sounds interpelle notre attention. Des effets de voix distordues, un peu comme ceux de Jean-Michel Jarre dans Les Chants Magnétiques, s'invitent en même temps que le chant des insectes se transforme en une lézarde musicale sur le mur du Cosmos. Des nappes grelottent dans ce noir imbibé d'effets électroniques. Elles trouvent un réconfort dans le chant acuité des flûtes tandis qu'une sombre masse sonore prend charge de cette introduction sibylline dont le versant électronique gruge de plus en plus son espace. La 4ième minute amène une paisible nappe de synthé dérivant avec l'effet vibratoire de sa ligne de basse sous des accords s'exprimant en tonalités de différentes cloches. Nous sommes un peu après la frontière des 5 minutes lorsque le séquenceur jette une ligne de rythme qui fait danser et alterner ses ions dans une fluidité astrale. Le mouvement est magique! S'exprimant avec son ombre sous cette variété de clochettes en verre, il attend sa ligne de basse pour onduler dans une vision de pure Berlin School. Des tonalités des années 70 parfument cette phase de rythme interstellaire qui coule en harmonie avec les solos de synthé. Les modulations de cette basse donnent une chaleureuse ambiance des années vintage à ce rythme flottant qui s'accroche, comme une profonde scratche sur un vinyle, avec une séquence sautillant sur place pour plus d'une minute entre la 9ième et la 10ième. Monomane ou assommant, c'est la façon que Eric G a choisi pour faire évoluer Late Nights' Sounds qui devient encore plus séduisant dans cette phase de rythme ondulant dans un parfait minutage avec du Berlin School roulant dans un univers psychédélique. On entend des pads brumeux et des riffs de clavier comme ceux de Tangerine Dream, de même que ces voix de l'ouverture et surtout de très beaux solos de synthé dans une phase où le séquenceur libère une autre ligne de rythme. Des effets prismatiques se développent dans ce long parcourt où le séquenceur s'accroche à nouveau les ions, d'une façon plus musicale cette fois, 8 minutes plus loin, donnant plus de vélocité à cette structure où il ne manquait que le Mellotron et les solos symphoniques apocalyptiques du Dream des années Encore. Un excellent titre qui vaut le prix de téléchargement. Mais il y a plus!
Il y a un titre comme Digital Dreams qui propose un rythme lent lourdement secoué par des percussions en mode; slow frotte-bedaine. Les lignes de synthé qui y passent sont comme des soupirs de guitare dans une ambiance assez proche de Green Desert. Des jappements de chien nous font sursauter en ouverture de The Bind Dog. Ce titre joyeux, ayant une innocence rose-bonbon, est comme un hymne à la pop électronique des années 70. Le synthé injecte un air flûté très bucolique à ce titre beau, fascinant et entraînant. Pensez à Pop-Corn…ça vous donnera une idée du concept. Bridgefeeling est un autre titre exploratoire proposé comme un beau Berlin School, comme le titre d'ouverture. Ses 2 premières minutes appartiennent aux visions psychédéliques imaginées dans les possibilités du synthétiseur. Effets sonores et cosmiques nourrissent les effets vibratoires, alors que les voix d'outre-tombe du début reviennent jugées l'importance d'y être. Une petite phase flûtée jette un voile de paisibilité troublée par ces voix, invitant le séquenceur à tricoter une fabuleuse ligne de rythme ascendant. Le synthé dépose ses solos dans ce mouvement giratoire qui invite sa ligne de basse pour approfondir son champs rythmique. L'attrait de ce titre est sa capacité à se transformer tout en conservant un lien qui le rattache à ses métamorphoses. Donc, peu importe le changement exigé par les charmes de la MÉ, Bridgefeeling repose toujours sur ce rythme obsédant qui monte et descend une spirale sans fin. Les solos de synthé y sont très agréables avec une intonation arabique, démontrant la vision d'instabilité cohérente de Eric G à travailler ces structures toujours nimbée d'excellents solos de synthé injecteurs de morphine musicale. Le rythme cesse avec le son déformé d'un gong vers la 12ième minute, rappelant le long parcours introductif d'un titre qui a besoin de cette ressource pour terminer son parcours. Un autre bijou sur NIGHTLIGHTS qui termine ses tours de charmes avec Final, un titre qui sent la tournée 80-81 de Tangerine Dream. Encore ici, la structure a besoin de deux minutes et plus pour faire jaillir un rythme vintage des séquences bondissantes. Les solos sont du genre symphoniques et comme ce n'était pas assez, une seconde phase de rythme se détache avec l'aide du clavier, rappelant sans cesse l'ascension du trio Allemand sur la musique du suédois qui réajuste le rythme de Final pour y accueillir une manne de solos dont la tonalité et les parfums n'ont plus besoin de présentation.
Un très bel album de Eric G, NIGHTLIGHTS possède tout ce que peut souhaiter un aficionado de la Berlin School, plus particulièrement celle de Tangerine Dream. Je ne peux rien ajouter de plus!
Sylvain Lupari (03/04/21) ****½*
Disponible au Eric G Bandcamp
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