Sylvain Lupari
Erik Wollo: Different Spaces (2017) (FR)
Updated: Sep 20, 2022
“Un superbe album lyrique! Le meilleur d'Erik Wollo et de 2017 à ce jour”

CD 1
1 Low Winter Sun (Introduction 1) 4:46 2 Points in Time 8:23 3 Solaris 6:41 4 High Plains 8:08 5 Church Mountain 4:39 6 Similar World 6:18 7 Past Theme 5:38 8 Hydra 8:01 9 Kaleidoscope 8:47 10 Evening Island 6:05 11 Memory Space 6:53 CD 2

1 Mystical Sun (Introduction 2) 5:10 2 Chroma 6:27 3 Motion Blue 5:50 4 The Morph 7:39 5 Rundreise 5:55 6 Circle Dream 4:46 7 Pilgrim Way 8:41 8 Cascade Falls 8:53 9 Mirror Lake 6:06 10 Afterglow 6:31 11 Elysium 7:12 Projekt | PRO338
(2CD/DDL 147:40) (V.F.)
(Ambient, harmonic Berlin School)
Un peu comme une déesse qui viderait son pot de charmes, des poussières de prisme ornent une brise céleste qui sert de lit à une triste mélodie séraphique qui gémit des soupirs neurasthéniques. Alors que notre âme dérive vers ces corridors intérieurs que l'on s'interdit l'entrée, un délicat mouvement de séquences fait scintiller ses ions qui moulent une marche sphéroïdale au travers une dense tempête de brises cabalistiques. Low Winter Sun (Introduction 1) est la porte d'entrée d'un magnifique album double d'Erik Wollo. Un album qui vous vissera à votre fauteuil et dans vos écouteurs, tant l'approche lyrique du barde Scandinave vous marquera les oreilles à coups de tendresse et d'envoûtement. Autant à l'aise dans de vastes panoramas soniques liés aux splendeurs de sa Norvège comme à des rythmes séquencés qui invitent à des danses astrales, Erik Wollo nous a habitués au cours des dernières années à des réalisations qui séparent les 2 genres tout en laissant traîner un délicat lien entre eux. DIFFERENT SPACES est cet amalgame des genres qui séduisent tant, mais dans un majestueux album double qui flirte avec les 2:30 heures et qui pourtant coule avec un conte musical de 30 minutes.
Points in Time donne un très bel aperçu de ce qui attend vos oreilles pour les 21 prochains titres à venir. L'intro est sculptée des nappes obscures où des murmures, des vents noirs et des brises obscures teintent un paysage sonique qui atteint la dimension de notre imagination. Ces ouvertures, parfois courtes ou parfois longues et quelques fois sans issues, sont les départs de structures de rythmes forgées sur l'approche Berlin School, comme ici, ou ambiants, comme dans Low Winter Sun (Introduction 1). Ici, le rythme sort des limbes avec une ligne de riffs spasmodiques qui percent cette muraille de vents assez harmoniques. Une basse pulsation se moque de ces vents, entraînant Points in Time dans une structure saccadée qui éveille en nous, surtout avec l'arrivée de nappes harmoniques et des percussions, cette impression d'entendre un bon rock électronique du style Tangerine Dream. Le décor sonique est parfaitement équilibré, rien de trop et rien qui manque, dans ce rock électronique assez surprenant d'Erik Wollo. Chaque titre est distinct et propose une gamme de rythmes variés qui laisse tout de même de l'espace nécessaire afin que Wollo dessine toutes les splendeurs de ses paysages soniques. Léger, Solaris présente une structure légèrement entraînante tressée par une bonne ligne de basse et des percussions assez sobres mais dont les cliquetis métalliques bourdonnent comme dans une naissance d'Électronica. La mélodie coule par des boucles séquencées oscillatrices qui vont et viennent dans une chorale de voix séraphiques. Il y a des titres qui se ressemblent dans cette collection de 22 titres? Pas vraiment! Chacun a une identité et c'est sans doute le plus haut fait d'armes, ça et cette continuelle montée d'émotions qui survient après chaque titre, dans l'univers de ce double-album. High Plains offre une délectable approche de Berlin School avec son chapelet de séquences qui disloque ses boucles dans des vapeurs d'éther et dans de belles nappes aux tonalités tissées entre le synthé et la six-corde du poète des tons Norvégien. J'ai l’impression d'être dans une trame sonore de Tangerine Dream ici. Une autre force de cet album est cette capacité de son auteur de bonifier ses structures de rythme avec des ajouts constants qui décorent avec justesse les nombreux hymnes minimalistes dans ce 21ième album d'Erik Wollo. Church Mountain nous amène dans un paysage d'ambiances avec de belles nappes éthérées qui nourrissent la vitalité d'une structure de rythme sommeillant avec ses boucles éternelles qui se gavent de beaux effets percussifs. Les vagues qui cernent sa finale étouffent une autre structure minimaliste qui nous aurait porté encore plus loin dans nos rêveries. Similar World prend la relève avec une structure circulaire plus soutenue et ses riffs saccadés qui roulent comme un train à vapeur sous les couleurs acides de ses noires offrandes de charbon brûlé. Past Theme est un autre titre d'ambiances qui sont tissées par des boucles dont les échos finissent par forger une structure de rythme aussi vaporeuse que la nébulosité des ambiances. Ça me fait penser à du Peter Seiler, du temps de Flying Frames, et Richard Pinhas dans le temps de l'Éthique. Quoi qu'il en soit, le débit du mouvement est délicieusement envoûtant. Hydra dispose de nos oreilles avec un fascinant maillage rythmique entre des séquences, beaucoup de séquences aux tonalités et au débit contrastant, et des percussions qui sautillent sous un ciel sonique farci de larmes de synthés et de texture de guitares dont la symbiose tisse une énorme toile cabalistique. Entre du Berlin School et du techno morphique, la musique reste aussi intense qu'émouvante avec une ossature rythmique qui délie ses spasmes électroniques dans une fluidité qui épouse à merveille le flux des harmonies soutirées à une six-cordes pleureuse. Un très bon titre! Kaleidoscope est sans contredit le plus beau titre sur le premier CD intitulé Low Winter Sun. Le mouvement est aussi magnétisant qu'un carrousel de notes qui voltigent dans un mouvement sphéroïdal légèrement percé. La guitare est intense avec des larmes et des songes égarés qui fusionnent avec un voile de chants ésotériques alors que le rythme, toujours paisible, affiche une vélocité plus émotive que cadencée. Encore meilleur que Hydra! On parle intensité? Tout autant superbe et nettement