- Sylvain Lupari
FD PROJECT: Lunaris (2020) (FR)
âPas nĂ©cessairement gĂ©nial mais dĂ©finitivement trĂšs bon, Lunaris impose une vision plus Ă©lectronique et sibylline que sur NIKOâ

1 Lunaris Part 1 (8:19)
2 Lunaris Part 2 (7:29)
3 Lunaris Part 3 (9:06)
4 Lunaris Part 4 (9:55)
5 Lunaris Part 5 (8:22)
6 Lunaris Part 6 (5:08)
7 Lunaris Part 7 (6:37)
8 Lunaris Part 8 (3:46)
9 Lunaris Part 9 (5:47)
10 Lunaris Part 10 (7:51)
Groove (Available in August)
(CD/DDL 72:22)
(Berlin School, E-Rock)
Un point sonore, et une note de basse tombe. Son Ă©cho rebondissant pousse des ondes, comme des vagues statiques, et propulse le rythme sautillant de Lunaris Part 1 avec ses sĂ©quences aussi sobres que les cliquetis percussifs. Ces sĂ©quences sculptent un pattern minimaliste qui monterait Ă l'infini cet escalier en colimaçon et ses amples marches. Une ligne d'arpĂšges se pointe avant les 2 minutes, sculptant une vision harmonique qui se colle Ă cet ascension verticale que des percussions Ă©nergisent avec une sobre prĂ©sence. DĂ©jĂ , la ligne d'arpĂšges flirte avec notre degrĂ© d'Ă©motivitĂ© lorsque le synthĂ© fait son intrusion. Peu de temps aprĂšs, Lunaris Part 1 plonge dans une sphĂšre ambiante oĂč le sĂ©quenceur reste en vie, tout comme la ligne de basse. Lorsque les tsitt-tsitt s'accroche au tandem, dĂ©jĂ l'ossature rythmique emprunte un genre de chevauchĂ©e dans des plaines d'ambiances oĂč le synthĂ© fige une belle ligne harmonieuse dont l'axe plus Ă©motif visse ce ver d'oreille qui prend une toute autre dimension lorsque la guitare remplace le synthĂ© avec des solos de guitare incisifs et perçants. Je suis un grand fan de Frank Dorittke! Bien Ă l'aise dans sa zone de confort, il en sort seulement lorsqu'il a nettement apprivoisĂ© sa prochaine Ă©tape d'apprentissage. Ce qui en fait aujourd'hui un brillant musicien devenu autant Ă l'aise sur un clavier et un sĂ©quenceur qu'avec sa guitare tout en ayant acquit une certaine maĂźtrise avec les percussions Ă©lectroniques. LUNARIS est son prochain album qui devrait sortir chez Groove, Ron en fait le mastering prĂ©sentement, au mois d'AoĂ»t prochain. Ce dernier album de F.D. Project propose 72 minutes de MĂ rĂ©partie sur 10 titres sobrement intitulĂ© Part 1 Ă Part 10. Chaque titre est indĂ©pendant, mais propose toujours cette approche minimaliste qui sert de base Ă Frank D. pour y coucher ses idĂ©es sans cesse dĂ©bordantes.
Une brume bleutĂ©e et une voix de dĂ©esse sĂ©raphique sont Ă l'origine de Lunaris Part 2. Des bip-bip Ă©lectroniques et des percussions de brume mĂ©tallisĂ©es dictent un rythme lent et sa ligne de basse indĂ©pendante. Ambiant, le mouvement circulaire ramasse ses idĂ©es soniques alors que tranquillement la moisson des percussions sculptent un bon down-tempo astral. Le synthĂ© injecte de beaux arrangements sur ce slow cosmique idĂ©al pour danser collĂ©. Frank Dorittke a dĂ©veloppĂ© une approche de rock progressif trĂšs Pink Floyd au cours des derniĂšres annĂ©es, et ça s'entend dans Lunaris Part 3. Ce trĂšs bon blues cosmique sensuel est enrobĂ© d'une guitare Ă la David Gilmour dont les solos flottent avec une vision trĂšs Mike Oldfield dont Tubular Bells est l'album qui a le plus influencĂ© F.D. Project quant Ă son orientation musicale. Un splendide blues cosmique comme celui de Lunaris Part 6 et sa guitare criante de beaux solos sur un rythme reniflant une possible tangente pour du techno morphique, derriĂšre un voile des cris de chauve-souris. Ahhh⊠la Musique Ălectronique! Lunaris Part 4 nous arrive comme un joyeux festin musical avec son rythme dĂ©bonnaire sautillant dans une sobre vision rythmique harmonique. D'Ă©tranges couinements continuels, comme un rossignol coincĂ© dans les interstices du synthĂ©, maculent un dĂ©cor qui s'enrichit de tintements et de sĂ©quences pour suivre Ă la mĂȘme vitesse que ce rythme tantĂŽt gargouillant mais toujours fascinant, presque fanfaron. Un rythme qui changera de peau, et de vitesse, avec un sĂ©quenceur au dĂ©bit plus fluide aprĂšs un bref passage ambiant. Il y a beaucoup de Mike Oldfield ici!
Lunaris Part 5 dĂ©bute avec cette vision du disco des annĂ©es 70. Les pads tombent avec une rĂ©sonance qui les lient un Ă l'autre, alors que les oscillations nerveuses piaffent pour de l'Ă©nergie lorsque le rythme se soulĂšve dans une fusion rock & dance qui somme toute tournoie dans une Ă©tonnante lĂ©thargie rythmique. Et lorsque les percussions tombent, c'est du rock constamment rappelĂ© aux odeurs des annĂ©es Disco avec le sĂ©quenceur qui tente de le retenir. Mais au final, ce rock sert la cause Ă de bons solos de guitare. Le rythme s'Ă©vapore dans un autre de ces passages ambiants qui coupent la majoritĂ© des structures de LUNARIS. Un moment propice pour des solos de guitare qui tournoient comme des soupirs non-rĂ©clamĂ©s sur de lourdes percussions, alors que Lunaris Part 5 tente toujours de s'Ă©chapper pour un Disco. Lunaris Part 7 suit le lourd blues cosmique de Part 6 pour offrir une rythme sphĂ©roĂŻdal fluide qui tourne sur lui-mĂȘme dans un euphorique carrousel cosmique. Lunaris Part 8 est un superbe titre avec une guitare et ses Ă©motions dans un contexte d'extrĂȘme solitude. Un saprĂ© beau titre oĂč j'imagine Frank seul avec la Lune par un soir de confinement. Lunaris Part 9 est un peu son contraire! C'est avec une sorte de comptine tissĂ©e dans des ambiances sibyllines et pianotĂ©e par un clavier plus discret que la guitare et jouĂ©e dans un bon rock Ă©lectronique circulaire. Lunaris Part 10 clĂŽture ce dernier album de F.D. Project avec une ouverture Ă©nigmatique oĂč des appels inconnus traversent une muraille de voix chthoniennes. Une dĂ©licate spirale Ă©pouse la forme circulaire avec des sĂ©quences jouant avec des claquettes dans une structure qui devient de plus en plus lourde, mais pas de plus en plus vite. Ăa reste un rythme lourd et un peu lent avec un dĂ©cor sibyllin dont les harmonieux arpĂšges font le travail sentimental. La deuxiĂšme moitiĂ© du titre laisse entendre un mouvement avec une Ă©cho tissant une vision stroboscopique qui se conclut dans un bon rock Ă©lectronique avec les rudimentaires palettes du style Ălectronica.
Pas gĂ©nial tout au long mais rĂ©solument bon, LUNARIS impose une vision plus Ă©lectronique que NIKO. F.D. Project est rĂ©solument en mission pour amalgamer sa guitare Ă du rock Ă©lectronique remplie de tendres moments, qui me donnent souvent ces frissons Ă l'Ăąme, comme des moments sombres qui me rappellent le cĂŽtĂ© impĂ©rial du mĂ©diĂ©val. Et tant quâil y aura ces moments, je crois que Frank D. aura toujours ces arguments qui font de sa musique ce truc qu'il faut entendreâŠ
Sylvain Lupari (28/07/20) *****
Disponible chez Groove nl
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