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Writer's pictureSylvain Lupari

Forrest Fang The Fata Morgana Dream (2019) (FR)

Updated: Dec 10, 2022

Son plus difficile à apprivoiser, mais nous ne pouvons pas résister à cette vaste gamme d'instruments qui sculpte à la fin un voyage au pays de ses merveilles

1 The Mouth of the Sea 11:15 2 Matted Leaves 6:04 3 Night Procession 5:20 4 Her Fading Image 6:25 5 Lullaby for a Twin Moon 5:51 6 Remembrance Point 7:52 7 Dream of the Last Fisherman 11:34 8 To the End and Back 12:25 Projekt | PROJEKT 356

(CD/DDL 66:52) (Folk & tribal ambient)

Un vent ténébreux, grignoté de poussières soniques, monte et descend, comme une valse en deux temps, afin de porter l'introduction de The Mouth of the Sea vers nos oreilles. De belles orchestrations y flottent, comme des effets de crotales, amenant les vents vers la bouche d'une harpe japonaise. Une brève élocution festive s'ensuit par cet air de danse tribale orientale qui fait partie des parfums sonores de Forrest Fang. Des multicouches de vents et de drones, appuyées de voix sombres, étreignent la fièvre du Koto, enserrant les ambiances dans un tumulte ambiant qui dépassera même les frontières de Matted Leaves. THE FATA MORGANA DREAM est, et de loin, l'album le plus sombre et le moins accessible que l'artiste sino-américain ait produit depuis que j'ai découvert son univers en 2011 avec l'album Unbound. Ce qui est peu dire! La musique y est plus sombre et moins mélodique, exception faite de Lullaby for a Twin Moon, avec une rage contenue dans la puissance des ondes sonores qui sculptent des cauchemars ou mirages. Cela n'en fait pas pour autant un album à proscrire! Toujours très près des territoires de Steve Roach et Robert Rich, qui fait aussi le mastering, la musique de Forrest Fang a toujours ce petit quelque chose de spécial qui charme l'ouïe. Les tonalités du Marxolin sont assez séduisantes dans cet univers complexe qui répond assez bien à la thématique de l'album; soit des formes de mirages qui donnent l'impression que les objets flottent dans l'air. Concept minimaliste, multicouches de bourdonnements et de voix absentes, percussions tibétaines, instruments orientaux et thèmes de mélodies pianotées et/ou carillonnées jalonnent les ambiances d'un album donc les 4 premiers titres sont des barrages d'ambiances qui peuvent décourager ceux qui veulent embrasser l'univers de Forrest Fang.

Night Procession suit avec une structure de rythme ambient et tapageur qui se transforme en une envoûtante danse tribale lente et bien arrosée de larmes d'un violon du genre Marxolin Psaltery. Ça me fait penser aux rythmes secrets de Roach, Braheny & Burmer dans Western Spaces. Il y a une fascinante intensité dans cette structure, à la fois rythmique et harmonique, à cause d'un tintamarre orchestral aussi sibyllin que l'art de ces ombres chinoises qui s'évanouissent ici en mirages de toutes sortes. Le caractère sonore reste tonitruant avec ces innombrables strates de synthé qui transportent toujours ces poussières, ces particules de sons soit déformées ou encore résonnantes. Her Fading Image est un titre ambiant sans essences de rythmes, juste des ondes et des vents qui conduisent une mélodie évasive et mélancolique sculptée par un clavier et ses accords pensifs. Délicat, Lullaby for a Twin Moon est aussi très musical. Dénué d'obscurité par la charge des brises qui ont ensevelies les 4 premiers titres de THE FATA MORGANA DREAM, sa mélodie semble être l'ancêtre de Night Procession. Notes de piano en canon qui déferlent comme un orage minimaliste, Remembrance Point mélange à merveille douceur et colère avec une mélodie pianotée avec une telle hargne que ça sculpte un rythme étrangement envoutant. Ça sonne comme du Philip Glass! C'est un autre mouvement minimaliste projeté par des gongs qui ouvre la lente marche de Dream of the Last Fisherman. Plus ambiante et plus de nature orientale, notamment avec l'ajout d'un genre de Koto, la musique est submergée par une immense nappe de voix et des effets de brume qui s’égarent dans de belles orchestrations. Un titre très doux et moins musical que To the End and Back qui termine de façon magistral un album qui vaut la peine que l'on dompte, et ça viendra, ce monde des formes imprécises de THE FATA MORGANA DREAM.

Sylvain Lupari (18/02/19) ***½**

Disponible au Projekt Records Bandcamp

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