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Writer's pictureSylvain Lupari

Fratoroler Nano (2014) (FR)

Updated: Dec 8, 2022

Voici un autre bel album de MÉ par Fratoroler qui vise à établir les liens entre le rétro et la nouvelle école de Berlin avec une gracieuse facilité

1 Nano 20:24

2 Quarks 13:51

3 Macrozoom 12:32

4 Systematic Different 19:14

(CD-r 66:01)

(A mix of retro and new Berlin School)

Un dialecte électronique et des gargouillis intergalactiques ouvrent les premières secondes de NANO. La longue pièce-titre plonge dans un univers ambiant cosmique que Tomita défrichait avec son brillant Kosmos à la fin des années 70. Entre le rétro et le nouveau Berlin School, Fratoroler nous invite à une autre fascinante aventure au cœur des expériences électroniques Teutoniques. Des accords tintent ici et là, alors que Nano embaume nos oreilles avec des brises électroniques aux particules argentées qui se fondent à cet immense cumulus de bruits blancs dont les scintillements égorgent les chaudes caresses des synthés. Toujours, des riffs et accords errent à la recherche d'une structure plus concrète. Et une séquence limpide sort de ce marasme ambiant où les orchestrations sculptent de belles faveurs auditives. Elle entraîne une série d'ions qui sautillent d'un pas léger, façonnant un rythme ambiant qui se fait mordiller par une ligne de basse et ses accords furtifs. Les deux lignes tracent un harmonieux duel séquences/basse dont les échos tracent des rythmes parallèles qui se complètent, alors qu'un autre mouvement se détache pour forger une approche plus fluide. Les bruines des brises amplifient leurs mainmises sur ce rythme assez passif qui, calmement, égare ses derniers battements dans un trou noir où chœurs abscons et pépiements organi-cosmiques remplissent des ambiances qui frôle l'ésotérisme interstellaire. Des solos évasifs, genre Jean-Michel Jarre, flottent sur ce profond passage ambiant, alors qu'une séquence s'échappe et entraîne ses confrères dans une série de boucles rythmiques qui tambourinent comme un léger galop cosmique. Voilà de quoi est fait NANO!

Thomas Köhler et Frank Rothe exploitent à fond les 20 minutes de Nano en offrant une approche de structure minimaliste qui dédouble paresseusement ses accords afin de former des rythmes qui se fractionnent, forgeant de superbes et hypnotiques rythmes harmoniques, et s'égarent dans de denses passages ambiocosmiques où les solos et effets électroniques font le lien entre une approche rétro et une plus contemporaine. Si Quarks force les portes d'un rythme plus soutenu (j'adore ces solos ambiants qui flottent tout autour de cet album) avec deux mouvements de séquences aux battements impulsifs et aux tonalités contraires, le plus ambiant Macrozoom nous plonge dans ce savoureux univers électronique où les touches de séquences dorment, tintent et flottent dans des formes de rythmes passifs tout autour de suaves chants de synthé aux fines arômes flûtées. En ce qui me concerne, Systematic Different est la pièce maîtresse! Son intro est parfumée d'une approche sibylline avec des brumes, gorgées de voix spectrales, qui flottent sur un cimetière où les os dansent. Une envahissante nappe d'orgue bucolique étend un sombre chant sinistre qui flotte avec des réverbérations lugubres. Nous sommes dans une fosse aux ombres noires, là où Klaus Schulze a déjà passé, lorsque la nitescence émerge des ténèbres et que des pulsations méditent le lent rythme ambiant de Systematic Different. Définitivement, Schulze est passé par ici. Une flûte enchanteresse perce aussi les ambiances et son paisible chant fait ondoyer des particules astrales alors qu'un doux mouvement de séquences amasse ses ions qui ondulent dans les rondeurs d'une ligne de basse et la main plumée de douces orchestrations flottantes. Le rythme à beau effectuer de paisibles ruades, il reste de soie et déploie des ions indépendants qui fractionnent sa ligne pour l'enrichir avec une approche autant plus harmonique que rythmique. Nous flottons à plein dans des rythmes cérébraux et les lignes de synthé défilent entre nos oreilles comme des astres qui illuminent par moments un cosmos tout noir. Et les solos viennent.

Ambiants et flottants, ils étendent une musicalité si ancienne et si sereine que le charme persiste. Et les séquences! Chaudes et juteuses, elles font des ruades avec des tonalités analogiques qui s'entremêlent avec les dialectes électroniques et qui font que cette musique définie difficilement ses parallèles entre le cosmique et l'ésotérique. C'est beau. C'est très bon et ça complète un autre très bel album de Fratoroler. Mais je ne suis pas vraiment surpris…

Sylvain Lupari (22/10/14) ***½**

Disponible au SynGate Bandcamp

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