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  • Writer's pictureSylvain Lupari

GIVENS & PADILLA: Life Flows Water (2015) (FR)

Même derrière son voile ténébreux, Life Flows Water reste un album assez poétique noué dans ces subtils rythmes ambiants séquencés

1 Opening to New Perspectives 19:08

2 Awakened Conciousness 5:35

3 A Step Achieved 6:30

4 Reflection and Metamorphosis 6:56

5 Tide of the Opposition Moon 7:56

6 Life Flows Water 12:06

7 Shavasana 10:26

(CD/DDL 68:38)

(Ambient Pacific School EM)

Un souffle creux, noir et très réverbérant assiège nos oreilles. Des cloches, genre Tibétaines, résonnent dans ces vents sombres alors qu'une autre ligne de synthé, un peu plus translucide, fait le contrepoids à cette introduction assez ténébreuse de LIFE FLOWS WATER. D'autres lignes de synthé dessinent des nuages de brumes qui volent très lentement autour de cette dense nappe opaque, alors que d'autres étendent des filaments de prisme qu'on dirait échappé d'un lourd et lent vaisseau intergalactique paqueté d'oracles cosmiques. Immersif et très flottant, Opening to New Perspectives multiplie ses couleurs sibyllines comme on regarde médusé cette eau qui ondule tout en étant prisonnière de son rectangle. J'ai peine à croire que cet album fut enregistré en direct, tant la richesse et la couleurs des sons forment une symbiose avec le léger crescendo de rythmes ambiants qui envahissent nos enceintes acoustiques, notamment avec les très beaux Awakened Conciousness et A Step Achieved. Craig Padilla n'a plus vraiment besoin de présentation. Ceux qui connaissent ses œuvres savent à quel point il aime sculpter des paysages soniques ambiants ornés de délicates structures de rythmes ascensionnels. Pour cet album, il fait équipe avec le fondateur du label américain de musique d'ambiances Spotted Peccary, Howard Givens que l'on définit aussi comme étant un gourou créatif. Il en résulte en un album ambiant très sombre avec une multitude de lignes réverbérantes qui s'empilent afin de dresser un genre de décor apocalyptique. Avec ces 7 titres qui s'entrelacent en une longue saga ambiosphérique de 70 minutes, le duo Givens/Padilla vise à créer une ambiance Zen ici, mais les ténébreuses vagues de synthés qui s'entortillent inlassablement amènent l'ouvre au bord d'une histoire spirituelle Méphistophélique. Les ambiances sont intenses, atteignant même des sommets par moments avec de superbes crescendos rythmiques qui déroutent à merveille cette enveloppe très obscure de LIFE FLOWS WATER.

Les longues vagues de synthé noires s'entremêlent comme des amants métaphysiques. Elles flottent et décorent le nébuleux paysage sonique de Opening to New Perspectives, sifflant des chants amorphes avec de lentes lignes gonflées de réverbérations. À l'orée de cette noirceur, de fins arpèges hoquetant forgent une série de tambourinements qui palpitent et pétillent dans un ciel sonique aux couleurs de Morphée. Le crescendo ambiant se déverse dans Awakened Conciousness. Ces séquences gambadent maintenant. Elles voltigent maladroitement dans des vents sombres alors que d'autres séquences palpitent dans une envahissante trame sonore qui se vêt d'un manteau dramatique. Et les percussions tombent. Elles tonnent momentanément sur cette spirale de séquences disloquées qui ornent sa ligne de rythme ambiant de fines ruades avant que les lourdes ambiances ne taisent la tumulte. De longs lassos de réverbérations flottent comme une odeur de menace au-dessus des chants d'oiseaux qui ouvrent A Step Achieved. Un délicat mouvement de rythme hypnotique fait tinter des séquences, plongeant l'auditeur dans ses souvenirs de Michael Stearns dans M'Ocean. C'est un superbe morceau que nous offre le tandem Givens/Padilla avec des arpèges limpides qui tintent sur un savoureux mouvement ascensionnel toujours maquillé de ces longues torsades bourrées de résonances. Superbe! Reflection and Metamorphosis nous amène dans le cœur des abysses de LIFE FLOWS WATER avec des stridents chants de sirènes. C'est lourd et sombre. Sauf qu'une éclaircie se pointe à l'horizon avec l'arrivée de Tide of the Opposition Moon où de fins arpèges tintent dans un autre mouvement de séquences avec des ions qui tissent une turbulence rythmique intermittente. La pièce-titre est le nirvana avec un rythme ambiant qui serpente des nappes d'eau suspendues comme un lac entre le cosmos et la terre. Les lentes impulsions qui poussent le rythme ambiant, dessiné par une série de séquences qui tintent comme le squelette d'un serpent rampant sur un lit de roche, créent de bons moments d'intensité qui séduit l'écoute. Moment le plus serein de l'album, Shavasana nous amène vers cette zone Zen visée par Howard Givens et Craig Padilla. Certes, les souffles rauques sont toujours envahissants. Mais les lignes de synthé plus radieuses en maquillent l'approche rébarbative que ces longs boas aux amples et lents serpentins ocrés de soufre dessinent un peu partout autour des 68 minutes de cet album qui boucle sa boucle avec ce dernier titre. Et même si fortement teinté de ce voile obscur, ce dernier album de Givens et Padilla demeure une œuvre assez poétique. Une œuvre majoritairement ambiante qui est nouée autour de belles gradations dans ses rythmes dont les tintements et les tambourinements sont le secret de ses charmes.

Sylvain Lupari (26/03/15) *****

Disponible au Spotted Peccary Bandcamp

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