“ALTAIR n'est pas juste pour les fans d'Ian Boddy, mais pour ceux qui aiment quand la MÉ rencontre d'autres frontières”
CD1 The Gatherings (77:54) 1 Shrine 9:00 2 Stay 10:09 3 Quantum of Memory 10:30 4 Incognito 8:55 5 Altair 17:07 6 Two Blocks 13:36 7 The Thaumaturge 8:38 CD2 Star's End (63:02) 1 Sanctum 8:16 2 Unquiet 9:04 3 Spire 14:13 4 Apostasy 19:23 5 Remnants 12:06 DiN59 (CD/DDL 140:56) (England School, Electronica & Psybient)
Ian Boddy est un habitué des traversées de l'Atlantique, comme en font foi ses nombreuses présences sur la côte Est américaine et ses apparitions au The Gatherings de Philadelphie ainsi qu'au très célèbre Star's End de Chuck van Zyl. Quelques-uns de ces concerts ont été réalisé sous forme de CD-R ou de téléchargement sur le site de DiN; Shrouded, Strange Attractors et Sepulchre. D'autres albums, comme React et le très solide Liverdelphia ont été réalisé sous forme de CD manufacturé. ALTAIR est un album double qui suit le dernier voyage du boss de DiN dans la ville de l'amour fraternelle. Et selon notre ami Ian, il s'agit de la meilleure des captations de ses performances dans l'église de Ste Marie et dans les locaux du WXPN-FM. Au-delà de la qualité sonore, notamment au Star's End, et de ce contact électrique avec l'audience au The Gatherings, ALTAIR est aussi l'occasion de découvrir la nouvelle musique d'Ian Boddy dont le dernier album solo remonte en 2016 avec As Above So Below, qui est fort bien représenté lors de la prestation au The Gatherings où l'on retrouve aussi près de 40 minutes de ce délicieux nectar musical dont les styles England School d'Arc et Redshift sont liés à la vision Électronica d'Ian Boddy. À ce niveau, le CD The Gatherings propose près de 78 minutes de pur plaisir. En revanche, le CD Star's End propose une musique inédite qui est plus ambiosphérique, quoiqu'on ne médite pas vraiment avec Spire et Apostasy. Donc, place à ALTAIR!
Le concert au The Gatherings débute avec Shrine. Après les applaudissements d'usage, l'onde intrigante semble plus spectrale que dans As Above So Below, alors que l'effet pulsatoire du rythme nous convie à un fabuleux 77 minutes de MÉ dans la lignée Ian Boddy. Stay, de l'album Sway, est un long pont d'ambiances sombres qui lie le rythme lourd et résonnant de Shrine à celui plus léger de Quantum of Memory. Trois titres et trois phases différentes du répertoire du musicien Anglais! Incognito est la première nouveauté présentée dans ALTAIR. Rythme et pas de rythme, sa cadence coule dans l'incertitude et s'appuie sur une basse pulsation et son ombre passager qui moule une écho auquel répond les cliquetis de percussions qui pétillent d'une oreille à l'autre. Le clavier étend des arpèges qui évoluent avec une limpidité démoniaque qui est unique à la signature de mon ami Ian. La longue pièce-titre débute dans une faune de bruits électroniques empruntés aux premiers répertoires avant-gardiste du genre. Une basse pulsation court en sourdine derrière ce champs de bruits, rappelant ces liens qui unissent la musique d'Arc et de Redshift à celle du boss de DiN. Le rythme est le plus fluide, celui qui entraîne le plus de tapements de pieds depuis l'ouverture de cette performance au The Gatherings. Les effets sonores sont un blindage contre l'ennuie, le gestation du rythme aussi d'ailleurs, avec une richesse tonale incroyable que nous avons apprise à savoureux avec l'explosion récente des synthés modulaires. Le beat, on parle plus de beat ici, mâchonne les lourdeurs résonnantes de Shrine en effectuant une course avec de longs virages sous de couches de synthé tamisées dans des effets ectoplasmiques et qui roulent comme ces vagues astrales par une nuit étoilée. Les pulsations du rythme semblent articulées comme les bruits sourds de claquant clandestinement sous notre palais. Ce rythme prend plus de vitalité après la porte des 7 minutes, alors que les mélodies tirées des effets tournent en boucles plus rapides. La musique emprunte un petit virage Électronica et les synthés crient vengeance sur les effets avec de très bons solos qui conduisent la musique vers une phase plus tranquille. Et c'est peu à peu que Altair quitte nos oreilles qui doivent maintenant négocier avec les splendeurs de Two Blocks, un titre qui flirte entre du gros England School et l'Électronica tel que pensé et développé par Ian Boddy. Le débit du séquenceur sculpte un de ces rythmes pas trop certain de vouloir décaper notre plancher alors que les percussions et leurs claquements métalliques sont disposés à tout le contraire. Des arpèges courent en tous sens, tentant de comprendre ces effets sonores qui ont finalement le dessus en entraînant Two Blocks vers une finale un peu genre psybient. Après des applaudissements nourris, ça m'agace toujours un peu, The Thaumaturge, de l'album As Above So Below est un rappel pleinement mérité d'un concert que j'aurais donc aimer voir. Au moins je peux l'entendre maintenant!
La performance de Star's End débute dans la quiétude avec les ondes quasiment pastorales de Sanctum. De violents wiissh, woossh et waassh roulent leurs destinées en entrecroisant leurs schémas, alors que les ambiances s'enfoncent dans des profondeurs abyssales qui me font penser légèrement aux textures de Michael Stearns dans M'Ocean marinant avec ces effets de bruyantes vagues circulaires qui sillonnaient les espaces de Jean-Michel Jarre dans Les Champs Magnétiques. Des nappes de vieil orgue ténébreux et obituaire viennent recouvrir ces mirages musicaux, alors que tranquillement l'intensité de Sanctum se perd dans les paysages abscons de Unquiet. Des gémissements gutturaux, tel ces gémissements de mammouth dans le Seigneur des Anneaux, viennent hanter son ouverture qui irradie encore d'une faune sonore troublante et très efficace. La diversité est telle et il y tant d'éléments qui s'ajoutent et qui haussent le niveau d'intensité de quelques crans, qu'il est quasiment impossible de sombrer dans l'indifférence. On commence à trouver ça long que Unquiet fait place à Spire. Nous sommes dans le cœur de Star's End et sa phase purement ambiosphérique se déplace vers un rythme lent, animé par une bonne ligne de basse, légèrement vrombissante, qui sert de courroie à des arpèges dont la chorégraphie harmonique semble s’inspirer des territoires de Poséidon que l'on retrouve dans l'excellent M'Ocean de Michael Stearns. C'est un habile mélange d'ambiances entre l'England School d'Ian Boddy et sa petite touche d'Électronica ambiant avec de très beaux solos d’un synthé qui expulse de ses interstices un fabuleux décor de légendes et de mystères. C'est très beau! Puis arrive le lourd et sournois Apostasy! Ce long titre phare de Star's End possède toutes les facettes d'Ian Boddy réunit sur 20 minutes. Le rythme étend sa tentacule avec un long axe circulaire qui zigzague comme ces rythmes lourds de la England School. Dompté pour une phase ambiante, il contient les fantaisies du musicien Anglais au clavier et synthé. Une couche de brume gothique dompte cette structure qui trotte dans notre tête avec une légère aura mélodieuse. Des effets sonores et des notes de claviers pétillent ici et là. Les ambiances atteignent un seuil d'intensité et Apostasy continue de résister à la fureur contenue du séquenceur, cherchant plutôt à se vautrer dans du psybient qui devient de plus en plus chthonien. Une ombre d'Arc encercle la musique autour des 10 minutes, défonçant le pinacle de ce titre qui se conclut dans une sérénité inattendue. Remnants termine ALTAIR avec une phase d'ambiances sibyllines qui atteint une pointe émotive et intense avant de retourner dans les limbes des symphonies ambiosphérique d'Ian Boddy.
Ian Boddy était au sommet de son inspiration lors de ses 2 performances à Philadelphie. Les vidéos sur YouTube en sont autant la preuve que ces 2 concerts qui dégagent une excellente communion avec les spectateurs et les auditeurs de nuit. Pour ses fans, ALTAIR est un must! Nous avons ici toutes les facettes de cet excellent sculpteur d'ambiances qui réussit, album après album, à étonner et à émouvoir. Disponible en version CD manufacturé dans un emballage digipack à 6 panneaux, ainsi qu'en format téléchargeable, ALTAIR n'est pas juste pour les fans d'Ian Boddy, mais pour ceux qui aiment lorsque la MÉ franchit d'autres frontières.
Sylvain Lupari 12/05/19 ****¼*
SynthSequences
Disponible au DiN Bandcamp
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