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Writer's pictureSylvain Lupari

INDRA: Archives-Emerald One (2015) (FR)

Avec quelques bijoux éparpillés ici et là, il n'y a aucun doute dans mon esprit; Emerald One est aussi bon que les albums d'Indra en 2005

1 Arian Theme 8:30 2 Saxish 13:00 3 Apocalypto 14:15 4 Phase Two 8:11 5 Farewell 10:51 6 Piccolino 7:00 7 La Porte des Reves 8:25 8 The Methodist 5:28 Indra Music (CD/DDL 75:45) (Roumanian School, EDM)

Indra est définitivement une machine à produire de la musique! Juste en 2005 le musicien Roumain a produit 7 albums, incluant un album en concert, en plus d'une foule de pièces de musique qu'il jugeait hors contexte, ou inadéquate, pour nicher sur un de ces albums parmi lesquels Signs et The Call of Shiva 1 allaient mettre les phares sur celui que je surnomme sans honte le Klaus Schulze contemporain de la Roumanie. EMERALD ONE nous invite au 2ième volet de cette titanesque séries Archives qu'Indra a mis en chantier pour le plus grand plaisir de ses fans. Mais était-ce nécessaire? Est-ce que le matériel de cette section de la séries Archives est à la hauteur des parutions d'Indra en 2005? Pour répondre à cela il faut être un fan (ce que je suis) car il faut connaître la musique et l'évolution d'Indra. Et quand j'entends des trucs hypnotiques, comme Phase Two par exemple, je sais que je vais me foutre de la bonne musique de ce magicien roumain.

Arian Theme débute avec les réverbérations aiguës d'un carillon flûté. Une ligne de séquences se cache derrière ce voile ocré et délie ses ions qui tambourinent et sautillent vivement dans une structure de rodéo ambiant où rôde ces carillons ainsi qu'un voile d'harmonies sibyllines. Des séquences plus cristallines, et plus musicales, percent ce nuage de contradictions des tons afin de danser librement dans une structure bourrée d'effets électroniques. Ces lignes de séquences déploient des vers harmoniques et vont et viennent à travers ces turbulences soniques alors que des boom-boom pulsatoires injectent une approche de techno pour zombies marinés. Le jeu des séquences, les percussions, les voiles ombragés ainsi que les carillons ajoutent beaucoup de profondeur à ce titre qui aurait très bien paru sur Signs. Saxish est plus en mode dance music, un genre de funk et de break-dance, avec des boom-boom symétriques qui fouettent les harmonies et solos aux teintes de jazz, assez près de Klaus Schulze dans sa période In Blue, d'un synthé lâché lousse. L'approche minimaliste est perturbée par de brèves phases transitoires ambiantes ou psychotroniques, amenant même Saxish dans les mains d'un DJ pour le show d'un vendredi soir. Apocalypto est construit un peu sur le même modèle que Saxish mais dans une enveloppe plus pure (moins d'effets) tout en pigeant un peu dans les effets de Arian Theme (soupirs des carillons). Après un gros 27 minutes de dance music, Phase Two nous ramène à des ambiances cosmiques sur un techno morphique majestueusement mou et savoureusement envoûtant. Le jeu de la batterie basse jette des impulsions magnétiques qui gèlent les sens et les effets électroniques (on peut entendre des murmures de cétacés) décorent des ambiances qui imposent une phase de sérénité, même si parfois elles sont survoltées par des effets orchestraux dramatiques et des tentatives d'arrimage à des phases plus dance. C'est un superbe titre! Tout comme Farewell qui est plus animé et dont la structure de rythme sauvagement saccadée, les voix aériennes et les orchestrations rappellent indéniablement Klaus Schulze dans sa période 95-97. Effets Indra en plus!

Piccolino semble appartenir à un passé plus lointain que la période 2005 d'Indra. À tout le moins si l'on se fie à l'enveloppe sonore qui fait plus vieux dans le temps. C'est un autre titre qui mêle la dance-music à des phases plus astrales comme le sait si bien faire Indra. Le rythme est délicatement sautillant et respecte la signature du synthésiste Roumain avec des séquences qui sont brodées très serrées, ayant peu d'espace entre chaque saut. L'effet donne un rythme riche, sans trous ni accrocs. Une structure minimaliste qui gagne en intensité et dès que le point d'explosion se fait sentir, elle revient à sa case départ. Un peu comme du coït interrompu. Indra prend bien soin de nous en mettre plein les oreilles avec une faune sonique riche en éléments cosmiques et organiques qui fusionne à merveille avec les mouvements d'une structure de rythme qui est tout de même assez ambiant. La Porte des Reves propose une structure de rythme furtive avec une ligne de basse séquences dont les délicates pulsations dépeignent assez bien les corridors des rêves. Des séquences plus limpides y tintent, de même que des voix effacées qui murmurent des cantiques sibyllins. C'est très reposant et les effets de gaz percussionnés ainsi que ces lignes de voix qui dérivent comme des chants de spectres sur des ondes Martenot ajoutent au surréalisme de ce mouvement anesthésiant. Du rythme astral unique à la signature d'Indra, comme dans The Methodist qui poursuit dans cette lignée de rythme aussi envoûtant que méditatif. C'est un lent tempo que des percussions et des séquences tentent de charmer pour un down-tempo alors que la mélodie, rêveuse, qui surgit en deuxième partie ajoute une touche aussi romantique que spectral.

Pour moi il ne fait aucun doute; la musique de EMERALD ONE est à la hauteur des parutions d'Indra de 2005. Il y a une couple de titres là-dedans que je ne peux croire qu'ils aient été oubliés dans le jugement parfois sévère d'Indra eu égard à son talent de compositeur. Et je termine cette chronique en écoutant Emerald Two... J'ai déjà hâte de vous en parler!

Sylvain Lupari (14 Juin 2016) *****

Disponible au Indra Bandcamp

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