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Writer's pictureSylvain Lupari

JACK HERTZ: The Last Songs of a Dying Tribe (2018) (FR)

“Dans le genre ambiant, tribal et progressif néo-psychédélique; The Last Songs of a Dying Tribe n'est pas pour toutes les oreilles mais vaut bien son écoute”

1 Fragrant Perfume of Pleasant Memories 5:34 2 Nyami Nyami Swells the Zambezi 5:13 3 As if There is No Afterlife 4:15 4 On Being Ancient, a Faculty for Surviving Disorder 10:44 5 Blame it on Tomorrow 4:06 6 Arabesque Forms in Pale Blue and Browns 4:30 7 Lost to the Ignorance of Progress 8:46 8 History, a Computer Stored in Tomorrow 14:16 9 Charred n'Pulsed 6:32 10 The Last Song of a Dying Tribe 5:35

(CD/DD: 69:38) (V.F.) (Tribal ambient, prog & neo-psychedelic)

Bienvenue dans l'univers d'audace et d'explorations sonores des plus avant-gardistes, sinon audacieuses, de Jack Hertz. Ce musicien de San Francisco, avec un nom trop prédestiné pour le genre, est aux expérimentations sonores ce que Steve Roach est aux grands paysages d'ambiances, tant méditatives qu'ethniques, dans cet univers où les frontières entre la MÉ et la musique abstraite se croisent sans pourtant se compléter. Celui qui est derrière le label Aural Film est aussi ce genre d'artiste qui couche toutes ses inspirations sur une grande toile sonore aux couleurs en mouvement. Pour vous donner une idée, son nom apparaît au générique d'une douzaine d'albums en 2016 et près d'une dizaine l'année suivante. THE LAST SONGS OF A DYING TRIBE est son premier album en 2018. Comme son titre l'indique, il s'agit d'une incursion dans la musique clanique. Dans la musique du monde avec une forte odeur de psybient et où, comme sa réputation le précède d'emblée, Jack Hertz en met plein les oreilles. Et non, ce n'est pas pour toutes les oreilles!

Décrivons un peu Fragrant Perfume of Pleasant Memories. Ce titre, pourtant très attirant par le nom, délie la boîte à pensées du musicien Américain avec des parfums d'Ishtar. Des accords de sitars et autres guitares du Moyen Orient dansent comme des acrobates sous effets de THC sur une pléthore de percussions aux tam-tam aussi élastiques que les différentes lignes de basses. On flotte autant dans les bayous que dans les dunes avec une figure de rythme aussi mou qu'un Groove sans corps alors que les harmonies flagellent les ambiances avec de pas trop subtils décalages entre les tours de garde. Un collage d'effets et d'accords dans des atmosphères toujours un peu plastifiées dans du plastique caoutchouteux, Nyami Nyami Swells the Zambezi est plus près des zones anti-musiques alors que As if There is No Afterlife rectifie le tir avec une fascinante ballade bucolique toujours arquée sur une basse ronflante, qui étire ses songes, et de belles percussions des Îles. Il y a beaucoup d'éléments organiques sur cette musique légèrement teintée de Jazz sans frontières. On Being Ancient, a Faculty for Surviving Disorder est un titre assez intéressant avec sa structure aborigène lente qui dérive entre des nappes de drones et d'effets gutturaux, cimentant une alliance entre l'onirisme et l'ésotérisme. Il faut être responsable de ses tympans et l'écouter à faible volume dans un casque d'écoute ou à haut volume dans le désert, parce que vos voisins risquent de vous sortir de chez vous, auprès d'un bon feu pour pouvoir communiquer avec les ancêtres. Blame it on Tomorrow propose un autre échantillonnage d'effets percussifs et de bruits boueux qui sommeillent dans une savane Mexicaine. Vous voyez le genre? Tout est possible pour l'imagination dans l'univers Jack Hertz, suffit de s'investir dans son cheminement artistique qui est loin d'être banal au final.

Dans cette océan d'invraisemblances se cachent aussi de belles perles de créativité comme celle de Arabesque Forms in Pale Blue and Browns qui me fait penser, et c'est assez lointain, aux sérénades folkloriques des bayous de Tom Newman. Un soupçon de blues et des vapeurs de Jazz et on en redemande! Et comme par magie, je remarque que mon oreille s'est accoutumé à la musique de Jack Hertz qui devient drôlement plus séduisante une fois le volume du son est bien ajusté. Lost to the Ignorance of Progress propose toujours ces ambiances organiques avec une touche encore plus étrange, probablement à cause des nappes de synthé aux parfums d'éther. La structure est à mi-chemin entre du Jazz et des rythmes du Monde avec un zest de Krautrock. History, a Computer Stored in Tomorrow est le titre le plus ambiant dans le genre MÉ de cet album. Des nappes de synthé morphiques tentent d'endormir les nombreuses étoiles et leur ariettes stellaires alors que des percussions endorment sans peine nos sens avec une douce progression hypnotique. Du bon Berlin School du temps de Klaus Schulze qui se termine dans une confusion électronique, comme dans du bon Schulze contemporain. Charred n'Pulsed nous ramène dans la prose élastique-plastique des premiers titres de THE LAST SONGS OF A DYING TRIBE avec un petit mordant préhistorique, genre Zero Ohms ou encore Chronotope Project, alors que la pièce-titre teste encore la tolérance de mes tympans.

Oui, j'ai dû travailler fort dans ce premier rendez-vous avec la musique de Jack Hertz. Mais ça valu le coup car j'ai découvert des choses bien intéressantes et surtout un sens inné pour bien imager en sons et en couleurs des tons le sens, à tout le moins sur cet album, de ses visions imaginaires. C'est dans le domaine d'une MÉ ambiante, tribale et autant progressive que néo-psychédélique. Fait rare, j'ai mieux apprécié la musique de THE LAST SONGS OF A DYING TRIBE avec mes Totems au lieu de mes écouteurs Focal.

Sylvain Lupari (11/04/18)

Disponible au Aura Films Bandcamp

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