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  • Writer's pictureSylvain Lupari

JDan PROJECT: Sacrifice (2017) (FR)

“Cet artiste est très talentueux et Sacrifice le démontre dans chaque aspect de l'écriture, de la programmation rythmique et de la musique”

1 Ice Garden 9:30 2 Late Night Walk 10:37 3 Stream of Thoughts 10:00 4 Night Wanderer 5:04 5 Time Ruler 15:33 6 December Thirteenth 10:03 7 Folow your Dreams 17:16

(Progressive New Berlin School style)

Effets de respirations de machines saccadées, râles industriels ondulant avec une voix séraphique chargée de sensualité astrale et voix rêches articulant avec peine; Frozen Dreams et/ou Ice Garden; l'introduction de Ice Garden défend tous les paradoxes à venir de SACRIFICE. Un rythme, aux limites d'un down-tempo, lent et magnétisant s'anime sous une couche de voix qui se perd dans des fragrances de synthé et de ses parfums de psychédélisme. Peu à peu, Ice Garden s'enfonce dans des territoires où il sera difficile d'en ressortir. Pas vraiment dans la dynamique de rythme ni dans une approche ambiante, ce premier titre de SACRIFICE est difficile à décrire. Un groove pas groove, un funk auquel il manque un peu de vitamines! Le rythme inspire une marche de manchots déboulant des dunes remplies de cailloux pointus. Les synthés étendent des rivières d'effets et de brumes gorgées de voix et de produits vaporeux remplis de substances illicites. Et chacun des titres de ce SACRIFICE en est rempli. Les bons solos de synthé abondent dans cet album et dans ce Ice Garden. Et ils régaleront nos oreilles tout le long d'un album qui porte à merveille la marque de J Dan Project, tel que découvert avec Childhood Nature. Quoique cet album demandera à vos oreilles de travailler un peu plus fort. Il y a des artistes dont on ne parle pas assez et Jarosław Danielski en est un. J'ai tellement apprécié sa signature musicale dans Childhood Nature et aussi sur Sequential Friends, deux albums publiés par Generator pl, que je lui ai demandé une promo de son SACRIFICE, disponible uniquement en téléchargement sur son site Bandcamp. Et je me souviens que Jarosław m'avait prévenu en me disant que cet album était assez différent des deux autres. Et comment! J'ai découvert un album nettement plus audacieux avec une MÉ créative où chaque titre offre ses surprises écoute après écoute. Un album de pur plaisir pour les amateurs de synthétiseurs, avec de très bons solos, et de séquences, qui éparpillent ses lignes de rythmes avec un niveau de difficulté à décrire. Construit un peu sur le même modèle que Ice Garden, Late Night Walk s'installe dans nos oreilles avec une réverbération gutturale et des accords perdus dans le répertoire des notes. De longs graffitis rauques étirent leur vision apocalyptique, style créatures de l'enfer remontant à la surface, des tintements et surtout des lignes de sons aigus sont au cœur d'une tourment introductive. Une structure de rythme, genre Death de Walter Christian Rothe (Let the Night Last Forever), cherche à avancer, mais revient toujours à son point de départ. La faune sonore est riche et les idées créatives abondent. Après une brève interruption, une suite de riffs annonce un rock électronique qui contiendra sa fureur sous une avalanche de solos et autant d'effets sonores et percussifs. Les nappes d'ambiances du synthé laissent entendre des filets de voix célestes, mais ils semblent se perdre dans ce riche décor qui exploitera les 10 minutes de Late Night Walk. Stream of Thoughts aurait pu se nommer flux de rythmes, tant ils sont nombreux à couler le long de ses 10 minutes. Comme à l'usuel, la structure est alambiquée de par sa teinte et ses nombreux courants rythmiques qui la secouent plus qu'ils l'animent. C'est un mouvement spasmodique qui va en s'amplifiant. Mis à part les percussions, il y a ces séquences qui halètent et chevrotent sous un firmament sonore rempli de stries perçants. Les sons imitent un peu ceux d'une gare et son brouhaha de bruits industriels.

Continuellement dans ce phénomène de rythme toujours en train de se constituer, Night Wanderer avance par saccades dans les effets d'ambiances et de chevrotements dans les harmonies si difficiles à contentionner. Le piano est plus mélodieux ici que n'importe quelle mélodie que l'on trouvera dans SACRIFICE. Surtout avec ces orchestrations qui lui donne un poids émotif inhabituel. Time Ruler maintenant! Une note de piano tombe. Son rayonnement sert de lit à une délicate mélodie, dont les notes trébuchent dans des vapeurs psychédéliques sinueuses. Des effets organiques et des strates philharmoniques se fondent dans ce décor devenu hallucinogène et dont la finale meure dans le tumulte d'une bonne ligne de séquences au parcours vertigineux. Time Ruler devient ensuite un très bon Berlin School avec des intonations très TD, j'entends une mélodie fantôme à la Phaedra, sur un débit vif et circulaire avec une subtile variation de tons lorsqu'il complète sa boucle. Les ambiances introductives s'accrochent à ce rythme vertigineux et le synthé continue sa mission en tissant des solos harmoniques qui me font penser à du très bon Peter Baumann mixé à du Walter Christian Rothe. Cette structure Berliner se termine dans une espèce de confusion tonale d'où émerge un rock électronique lent et bien chromé par de juteux solos de synthé. Cette section de 5 minutes est aussi riche que chaque point de repère de cet album. Hormis ces bons solos, j'aime bien cette basse bougonne. Ce sont des castagnettes qui poussent le rythme ambiant de "December Thirteenth" à suivre une évolution saccadée et son éclosion en un savoureux Boléro. Elles survivent aussi à cette introduction d'étrangetés sonores. Sa structure est de l'art minimaliste motorique avec des basses séquences percussives qui avancent en assemblant divers tonalités, dont des grognements organiques. Des nappes ondoyantes et des strates aux tonalités perçantes ornent le panorama sonore qui tire plus vers du psychédélisme réinventé que du modèle méditatif usuel au Berlin School. Les castagnettes ajoutent une couleur très festives qui charment constamment. Folow your Dreams est un titre exploratoire ambiant qui met principalement en vedette une voix sombre et rauque qui articule des mots et bouts de phrase à propos des sacrifices. Ces paroles résonnent sous un nuage d'effets réverbérant, de lamentations de spectres aux mugissements écarlates, de coussins flottants aux teintures d'acier et une variété d'effets sonores. Les contrastes sont toujours aussi séduisants avec des pépiements de moineaux, des nappes résonnant comme ces plaintes austères d'une orgue de cathédrale et des orchestrations. Nous suivons cette procession ambiante jusqu'à ce que la voix nous dise; Follow your dreams. C'est alors que des effets de bruits-blancs sèment la discorde et que le rythme nous fasse sursauter (littéralement). Saccadé et spasmodique, avec de beaux effets qui ressemblent à des vapeurs ondulant comme des flammes sur un Théremine ou encore sur des ondes Martenot. Une finale tout en excès! Une finale qui ne pouvait mieux être à la hauteur d'un album qui commande quelques écoutes et qui est tout simplement génial.

Sylvain Lupari (28/05/19) *****

Disponible au J Dan Project's Bandcamp

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