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  • Writer's pictureSylvain Lupari

JEROME FROESE: Far Side of the Face (2012) (FR)

Far Side of the Face est un opus solide qui laisse une trace indélébile dans vos oreilles ... et sur vos murs

1 Flight of Fancy 5:53

2 Novembernauts 14:19

3 Scroll to Position 7:25

4 Her Majesty's Adornments 10:10

5 Crystal Red 4:56

6 Inner Canon of the Yellow Emperor 5:54

7 A Neo-Victorian Romance 5:48

8 Control your Curiosity 6:22

9 Captain of the Skies 5:51

(DDL 64:32)

(Rock'n'Teutronica, Guitartronica)

Étrange phénomène que celui de Jerome Froese! Malgré de solides albums on hésite toujours à parler de ses œuvres. J'ai fait le test avec FAR SIDE OF THE FACE (et par ricochet avec Cases of Recurrence). J'ai délibérément choisi de ne pas en parler, juste pour voir quand apparaîtrait une première critique. Et 6 mois plus tard; Zip! Nada! Rien! Boude-t-on le fils à Edgar? La question se pose. Car malgré une série de très beaux albums il y a peu de chroniques et d'écrits concernant les ouvrages de ce brillant jeune musicien de la relève électronique. Et pourtant FAR SIDE OF THE FACE revêt un caractère tout particulier avec la présence de Johannes Schmoelling qui apporte une touche très TD avec ses synthés mélodieux, caressant à merveille l'univers psychédélico-rythmique bien tapageur de Jerome. Son 3ième album studio en est un très beau et bon. Différent et plus poussé que ses précédents, mais un album qui laisse une trace indélébile dans vos oreilles et sur vos murs…

De délicats arpèges tombent comme des gouttes de pluie en série de quatre notes séquencées dans la brume introductive de Flight of Fancy. L'amorce mélodieuse est hésitante. S'accrochant aux pulsations d'une ligne de basse, elle succombe aux très belles et étonnantes percussions qui éclatent et tambourinent parmi les accords égarés d'une guitare solitaire avant de se perdre dans une phase anarchique qui respire à travers les lamentations d'une Guitartronica dont les lourds riffs maintiennent les fragiles harmonies d'une mélodie fractionnée et ses solos cracheurs de décibels. Et doucement, Flight of Fancy revient à son point d’origine avec une présence plus harmonique de la Guitartronica. Cette pièce introductive, qui me rappelle A Mellow Morning de Shiver Me Timbers, est l'esquisse des 8 autres aux mélodies fuyantes et aux rythmes grégaires qui caresseront nos oreilles tout au long de cet album. Jerome continue de mixer ses mélodies noires dans des riffs lourds et assommants qui décrivent des arcs d'ambigüité comme sur le très bon A Neo-Victorian Romance, qui présente un très beau cadre harmonieux à la Patrick O'Hearn avant de fléchir sous les coups de la Guitartronica, ou encore le superbe Crystal Red, écrit avec Johannes Schmoelling, et ses stridents solos torsadés qui roucoulent sur une mélodieuse et accrochante rythmique saccadée. Les structures spasmodiques qui fragmentent de fines mélodies sont aussi nombreuses que dans Shiver Me Timbers et Neptunes. On a qu'à entendre le bruyant et hachuré Control your Curiosity et Her Majesty's Adornments pour nous retremper dans les ambiances de ces 2 albums.

Aussi composé avec Johannes Schmoelling, Novembernauts déploie une structure harmonique qui s'agrippe à un rythme aux évolutions polyphasées. Les strates de guitares, et ses doux riffs, harmonisent leurs airs sur un rythme qui, de délicat, mord une ligne stroboscopique d'où s'échappent d'hypnotiques boucles musicales avant que les synthés de Johannes Schmoelling déchirent une cohésion qui venait de se soumettre à de solides percussions. Cette éruption rythmique se dissipe peu à peu, plongeant Novembernauts vers un passage plus ambiant que l'ex-Tangerine Dream assaisonne de solos charmeurs. S'extirpant de son intro de brume ocrée, Scroll to Position gigote de ses pulsations et tambourinements frénétiques sous une mare de solos écourtés et de riffs agressifs. C'est un titre très violent qui plonge dans une belle phase plus mélodieuse et qui va virer vos lattes de plancher à l'envers. Autre solide titre, Her Majesty's Adornments égrène ses 10 minutes entre une envoûtante approche mélodieuse un brin virginale et une structure rythmique indécise où percussions et arpèges s'étreignent dans les courbes émaciées de filaments stroboscopiques. Sa continuelle indécision et ses déraillements rythmiques en font un long préliminaire musical qui atteint son bref climax vers la 6ième minute. C'est très bon! Inner Canon of the Yellow Emperor transcende le style coutumier de Jerome avec un titre toujours explosif mais plus approfondi que celui offert sur le EP Preventive Medecine. L'ambiance de trash métal électronique est nourrie de lourds riffs qui s'enchainent sur une structure empêtrée dans sa lourdeur. Le titre est hésitant avec une bribe de mélodie qui s'égare dans un tourbillon de riffs et de trop bonnes percussions. Pas facile à jauger mais assez surprenant, on dirait un croisement entre Red Hot Chilli Pepper et Carbon Based Lifeforms! Captain of the Skies conclut FAR SIDE OF THE FACE justement avec une ballade morphique du style Carbon Based Lifeforms. C'est une ballade insoumise et piétinée par des éléments ambio-psychédélicosmiques qui dérive dans l’espace-temps comme dans notre subconscient.

L'univers de Jerome bascule entre plusieurs genres et sous-genres et c'est assez difficile d'y apposer une étiquette conventionnelle. On peut appeler ça de l'électronica, mais je pencherais bien plus pour du trashtronica. C'est assez confus avec des rythmes impromptus et des mélodies suicidaires, mais l'ensemble fini par créer toujours quelque chose d'harmonieux même si avec ces structures majoritairement belliqueuses. Ça peut être assez pour éloigner les amateurs de MÉ qui ont de la difficulté à s'identifier au style peu coutumier de Jerome Froese dans un univers où la douceur fait rêver de longues structures oniriques. En fait Jerome me fait penser au Dr Frankenstein qui, dans son labo/studio, fait du collage, insère des riffs percutants et momentanés, construit ses rythmes tempétueux et plantent des percussions, qui sont franchement étonnantes sur FAR SIDE OF THE FACE, et forge des mélodies fantômes sur des monstres de rythmes tellement énormes qui font peur. Mais une fois que l'on se donne la peine d'écouter toutes les subtilités et nuances qui cernent les 9 titres, on s'aperçoit que Jerome Froese est un solide musicien électronique avec un sens de l'écriture qui accote et surpasse même plusieurs gros noms de la MÉ. Et même si la présence de Johannes Schmoelling sur cet opus apporte une touche du Dream plus près des années vintages que Miramar, l'approche mélodieuse de Jerome n'a pas à rougir face à cette légende de la MÉ contemporaine.

Sylvain Lupari (07/01/13) ***½**

Disponible au Jerome Froese Bandcamp

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