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  • Writer's pictureSylvain Lupari

Joerg Dankert Strange New Worlds (2023) (FR)

Un excellent album où la dimension de la MÉ cosmique prend tout son sens!

1 Strange New Worlds 6:00

2 Last Goodbye to Earth 12:37

3 Through Cosmic Atmosphere 5:42

4 Between two Dark Holes 8:00

5 Trip During Endless Night 17:33

6 What is that 5:15

7 Totally Unknown Area 10:22

8 Little Moment of Peace 4:51

9 Time for Optimism 10:46

10 No Return and no stop 6:50

11 Journey to K2-415b 8:46

(DDL 96:43)

(Melodious Orchestral Ambient)

J'ai été assez dur avec Joerg Dankert dans ma chronique sur son album Beyond. Bien que je le trouvais très mélodieux, la production musicale, notamment les fondues autant en ouvertures qu'en finales de titres, démontrait un manque de connaissance dans le mixage de la musique. Malgré les échanges avec l'artiste et ses nombreuses tentatives de corriger la situation, Beyond n'a jamais atteint ce statut de création dans les règles de l'art qu'on retrouve généralement sur les productions de musique électronique (MÉ) offertes sur Bandcamp. J'ai donc refusé par la suite de chroniquer ses albums subséquents. Jusqu'à ce STRANGE NEW WORLDS! Les réactions positives lues sur Facebook, et sur différents sites consacrés au genre, m'ont finalement convaincu de tendre l'oreille à ce nouvel album-téléchargement du musicien-synthésiste de Tarmstedt, en Allemagne. Et j'ai été plus que ravi! Dans une véritable symphonie cosmique d'une durée de près de 97 minutes, STRANGE NEW WORLDS nous fait entendre un Joerg Dankert très créatif dans la conception de ses compositions en ajoutant des effets organiques et percussifs à ses structures de rythme. Ces éléments séduisent une écoute déjà absorbée par l'évolution des lignes de mélodies qui souvent concordent leurs mutations avec celles des rythmes plutôt ambiants et/ou sédentaires de l'album. Les structures de rythme sont bâties avec élégance. Il est donc ainsi faux de décrire STRANGE NEW WORLDS comme un album de musique ambiante, atmosphérique. C'est un album où la musique est conçue dans une vision d'émotivité toujours en croissance. Les rythmes, qui naissent après de longues introductions, sont aussi conçus dans ces contextes.

Un banc de bourdonnements, d'effets grésillant et de radiations électroniques nourrit l'ouverture cataclysmique de la pièce-titre de ce nouvel album-téléchargement de Joerg Dankert. Le synthé y délie une harmonie patibulaire soufflée dans un mélange de trompette et de saxophone. L'air est triste et grave. L'intonation varie, allant de austère à très émotif dans cette longue ouverture atmosphérique de STRANGE NEW WORLDS. Last Goodbye to Earth explique sans doute cette ouverture très cinématographique. Ses 60 premières secondes sont cousues de mystères, de secrets. Une mélodie à peine formée en émerge. Ses accords flottent et dérivent sur les courbes des brumes orchestrales d'où s'émoustillent les premiers battements qui structurent des ruades rythmiques en forme de saccades. Des arpèges répondent à cette structure qui s'évapore momentanément pour rejaillir avec plus d'entrain. Le phénomène se reproduit à quelques reprises. Et ces embryons de rythme et de mélodie s'estompent dans un vide astral pour être avalés par un lourd nuage de réverbérations bourdonnantes. Nous sommes autour de la 6ième minute, et déjà le musicien-synthésiste Allemand joue sur la créativité et la profondeur des rythmes et mélodies qui jalonneront son nouvel opus. Dans un élan du séquenceur qui fait tournoyer nos sens dans une vertigineuse spirale, Dankert stylise son synthé dans une époustouflante mélodie dont la vision très Française des années 70 s'enracine à un rythme autant harmonique qui s'accroche à un vieux rock électronique de cette même époque avec l'arrivée des percussions. C'est peut-être court, à peine 4 minutes, mais nos oreilles sont déjà accrochées aux ambiances de l'album avec la finale très cinématographique, restituée à plusieurs endroits dans l'album, de Last Goodbye to Earth. J'ai toujours affectionné ces rythmes lents dont les ascensions semblent pénibles. Il y en a quelques-uns dans l'album et c'est ce que propose Through Cosmic Atmosphere. Son rythme ondulatoire est assis sur une séquence de basses pulsations qui avance de façon furtive sur un dense banc de brume allégorique. Le synthé harmonise le tout avec des roucoulements électroniques qui chantent en harmonie avec l'avancé de ce rythme statique. Le titre offre de belles modulations dans sa lente processions avec ces basses séquences finement stylisées dans une texture caoutchouteuse dont la membrane organique est un délice pour mes oreilles. Le clavier prend la place du synthé en émiettant des accords résonnant qui tintent dans un écho qui fait symbiose avec ce délicieux rythme lent. Intense et cinématographique, Between two Dark Holes est un titre atmosphérique qui flirte avec le style ambiant ténébreux, le Dark Ambient, orchestral. Des vagues de bourdonnements planent comme des menaces. Nimbés par une enveloppe orchestrale, elles roulent et/ou se propulsent comme des éruptions provenant du Cosmos. Les orchestrations ajoutent des phases intenses qui varient selon la courbe des modulations. On continu de dériver dans les vastitudes du Cosmos avec Trip During Endless Night. Ce long titre amène nos oreilles là où l'homme rêve de mettre les pieds avec sa pléthore d'effets sonores et de bruits intergalactiques qui explosent comme des éléments percussifs disparates. Les orchestrations, notamment en seconde partie du titre où par moments on dirait des murmures, réussissent à attendrir notre impatience d'entendre une structure de rythme éclore avec tous ces cognements. Et ça se produit après la 11ième minute avec un bel élan du séquenceur qui travaille sur une structure ascendante et avec une tonalité organique. Des pads de synthé tristes se joignent dans une vision mélodieuse mélancolique. Il y a ici de beaux effets de modulations dans ce rythme qui s'étire en procession stroboscopique. Une marche zigzagante qui atteint un niveau d'intensité avec de séduisantes orchestrations et finalement une mélodie à la Vangelis vers la finale. Un très beau titre!

Avec des nappes de voix chtoniennes entremêlées avec des effets de drones bourdonnants, What is that revêt aussi un caractère sombre et ténébreux. Des pulsations saccadées, imbibées dans une texture organique, sont l'essence d'un rythme stationnaire qui trépigne sur place, un peu à l'image de cette mélodie qui semble sculptée dans la timidité. Après un lent flottement atmosphérique inspirée par une vision apocalyptique, Totally Unknown Area propose une lente structure de rythme ascensionnel vers sa 5ième minute. Le clavier épouse la marche de ce rythme ambiant en faisant tinter des accords dont l'écho tisse une membrane sonore opaque. Des effets de gargouillis et de croassements se collent à la marche du séquenceur qui accélère subtilement la cadence, répondant ainsi au diapason du synthé qui souffle de brèves lignes mélodieuses roulant en boucles. Le débit très lent et grave qui assoit Little Moment of Peace me fait penser à celui de Warszawa de Bowie dans son album Low. Un clavier dépose une mélodie aussi sombre dont les arpèges reflètent sa nostalgie dans les vapeurs flottantes d'un banc de brume industrielle. C'est un très beau titre, tendre et émouvant dans une vision cinématographique dystopique. Plus onirique que celle de Totally Unknown Area, l'introduction de Time for Optimism est de nature à nous donner des frissons. À mon avis, c'est le plus beau titre de STRANGE NEW WORLDS, et son impact est très fort au niveau des émotions. Ses premiers tintements percussifs émergent après la 3ième minute, structurant un rythme légèrement circulaire qui ondule de haut en bas sous de larges bandes de réverbérations. Le séquenceur dénoue une ligne de rythme plus pulsatrice, créant deux mouvements qui se complètent et dont les cabrioles hoquètent plus qu'elles ne sautent. C'est un rythme électronique très séduisant. Le clavier chante une superbe mélodie qu'on fredonne avec l'impression d'avoir déjà entendu un air semblable dans le répertoire de la Mélodie Française. Des accords de clavier plus graves tombent et se fracassent avec austérité, créant une texture dramatique plus qu'efficace dans la seconde partie de ce superbe titre qui est très beau et surtout très musical, très mélodieux. Dans une ouverture qui s'apparente à la lente évolution deThrough Cosmic Atmosphere, No Return and no stop n'a pas besoin de préambule atmosphérique pour décoller. Le débit est lent avec une séquence de basses pulsations ondulatoire et ascensionnelle où des accords de clavier y tintent en parallèle. Ce rythme prend la forme d'une processions astrale dont le débit s'accentue constamment, notamment lorsque pilonnée par des percussions en mode; sur un pied de guerre. Le clavier s'évapore pour laisser plus de place au synthé qui siffle une autre de ces mélodies qui sont faciles à fredonner, sauf vers la finale où elle est plus acuité. Journey to K2-415b termine l'odyssée de STRANGE NEW WORLDS avec un bon rock électronique, très créatif au niveau du mariage du séquenceur et des percussions électroniques, qui est aussi entrainant que la mélodie du synthé.

Pour explorer de nouveaux mondes étranges; chercher une nouvelle vie et de nouvelles civilisations; aller hardiment là où personne n'est allé auparavant! C'est ainsi que Joerg Dankert dépeint le concept de son imposant STRANGE NEW WORLDS. Et avec raison! La grande majorité des titres sont conçus avec de l'audace dans leurs mutations et leurs tonalités. C'est conceptuel à la grandeur de toute œuvre dystopique, mais avec assez d'émotions pour attendrir une écoute qui s'étonne de dénicher autant de créativité dans un univers où la MÉ n'est pourtant pas en manque d'originalité dans ce créneau. Sans égaler celle de Vangelis, la valeur cinématographique de la musique repose sur des idéologies mélodieuses qui sont l'apanage du style de Dankert. J'ai passé un excellent 97 minutes à découvrir les frontières de ce STRANGE NEW WORLDS qui est dans le registre des très belles surprises en 2023. Un album où la dimension de la MÉ cosmique prend tout son sens!

Sylvain Lupari (20/08/23) ****½*

Disponible au Joerg Dankert Bandcamp

(NB: Les textes en bleu sont des liens sur lesquels vous pouvez cliquer)

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