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  • Writer's pictureSylvain Lupari

JOS D'ALMEIDA: Aspheres (2019) (FR)

Il y a beaucoup de mouvements dans Aspheres qui peuvent expliquer cette sensation de se perdre, mais peu à peu on découvre un très bon album de MÉ symphonique

1 Aspheres 6:43

2 Sunrise Stone 6:33

3 Sidereus 4:38

4 Lagrange L3 4:44

5 Eta Carinae 9:05

6 Geometric Progression 6:49

7 Kailasa Temple 6:08

8 Hyper Dream 6:06

9 Green Islands 6:34

10 Hello, from the children of Planet Earth 8:50

11 Among Dolphins 7:00

12 Cruithne 6:07

(CD/DDL 79:48)

(Symphonic EM, Berlin School)

Comment vous présenter Jos d'Almeida? J'ai longuement hésité à chroniquer cet album du musicien Portugais qui a fondé en 1980 le groupe de musique progressive Perfect Symbiosis. Mais si je vous parle de Robert Fox, je ne vois pas pourquoi je ne vous parlerai pas de ce musicien qui a une impressionnante feuille de route au niveau académique. Et ce lien avec Robert Fox se situe au niveau harmonique et cette facilité qu'a le musicien résidant en Irlande maintenant d'insérer, et ce à différents niveaux d'intensité, ces voix remplies de sortilèges murmurés. Et je le trouve indissociable surtout en première partie de ASPHERES. Construite sur la thématique que la Terre se fait repeupler quelques 2 000 ans après son extinction, la musique prend son essence au travers de somptueux arrangements philharmonique, Jos d'Almeida a une formation de musicien classique, et de structures de MÉ idéalisées à partir des visions orchestrales de son auteur. Entre du Tomita et Vangelis, elle coule avec la justesse de nos images romancées par les plans émotifs insérés un peu partout dans l'album. Nous sommes dans le domaine de la science-fiction pure, donc chaque titre est enrobé de tonalités usuelles à des décors que nous connaissons déjà.

Ainsi, la pièce titre démarre avec le bruit d'une navette lancée dans l'espace. En réalité et selon l'histoire, c'est un lancement massif de berceaux cosmiques contenant des embryons destinés à éclore sur Terre. Les atmosphères cosmiques sont bien restituées et accompagnent le crescendo émotif des pads de synthé sculptés dans l'appréhension. Le synthé multiplie ses nappes et ses pads, certains avec une pointe d'orgue qui amène ce sens de froideur abyssale régnant tout autour la lente évolution de cette masse sonore. Intense comme une mort annoncée, cette nuée de pads d'orgue s'effrite un peu après les 4 minutes. C'est à cet instant que deux lignes de rythme ambiant exposent musicalité et mélodie, genre Halloween mais en plus joyeux, avec un nonchalant dandinement qui joue avec son écho cristallin. Des pads de clavier aux textures graves enracinent ce climat d'incertitude qui encercle cette première phase de séduction qui n'est pas loin du England School mélodieux de Mark Shreeve. Sunrise Stone est un titre émouvant avec une voix séraphique qui se fond dans de somptueuses orchestrations remplies d'accords graves et saisissants. Des percussions symphoniques et des clochettes du genre Tubular Bells complètent le décor. Cette voix irréelle émerge ici et là dans ce maillage cousue dans la très haute émotivité. Un piano égaré émiette sa mélancolie dans une deuxième partie qui fait frissonner l'âme, surtout lorsque la voix piégée dans des échantillonnages ressort avec passion. C'est un des moments très intenses de ASPHERES, avec Among Dolphins pour des raisons similaires mais dans un tout autre contexte. Les échantillonnages de voix, de même que les voix des nymphes astrales, sont nombreux et insérés dans plusieurs endroits de l'album. Sur Sidereus, il s'agit de la première conversation entre les astronautes de la station spatiale M.I.R. et le Centre de contrôle spatial sur Terre. La musique est tissée dans les parfums nostalgiques de Sunrise Stone avec des vagues sonores qui roulent parmi les wooshh et cette voix de déesse spatiale moins dominante ici. Des filaments de réverbérations émanent de l'ouverture de Lagrange L3. Le panorama musical s'appuie aussi sur Aspheres.

Bravant une pluie de Pléiades soufflant avec des vents de particules sédimentaires, Eta Carinae s'élève en même temps que des cors d'une origine inconnue acclament sa présence. La nouveau soleil de cette histoire projette une impénétrable masse sonore dont le lent mouvement ambiant me fait penser à un boa géant flottant toujours avec la faim au ventre. Une première structure de rythme très Berlin School vient charmer mes oreilles un peu avant la 3ième minute. Son débit est saccadé avec un ion solitaire sautillant avec fluidité dans des réverbérations gutturales venant des interstices de ce nouvel astre. Un bref moment qui se perd dans de denses orchestrations. Un bref moment qui aura son impact sur les autres titres puisque nous avons atteint cette phase de l'album où une intense musique cinématographique avec de bons arrangements orchestraux dessinent un Berlin School trempé dans une vision ésotérique. Comme ce fascinant rythme organique et symphonique de Geometric Progression, le premier titre électronique de ASPHERES. Le rythme émerge avec des arpèges sautillant par groupe de neuf. La fin du dernier arpège se colle aussitôt au début de l'autre, tissant une structure continue qui va et vient dans une texture tonale stupéfiante. Les nappes d'instruments à cordes sont comme des tapis volants qui portent le rythme dans une forêt séraphique. Je n'ai jamais entendu autant de vert qu'ici. Le mouvement s'éteint brusquement dans une courte phase d'ambiances avant de revenir, quelques secondes plus loin, dans une resplendissante forme revigorée. Musique cinématographique avec de bons arrangements orchestraux qui dessinent un Berlin School trempé dans une vision ésotérique, Kailasa Temple camoufle un rythme secret qui s'expose finalement dans des timbres de voix saccadées qui me font penser à du Philip Glass jouant une version orchestrale d'un Berlin School énigmatique avec son rythme ambiant construit sur les bases d'un canon musical. L'évolution de Kailasa Temple est purement géniale! Avec ses petits bouts de rythme qui viennent et partent dans de denses arrangements symphoniques Hyper Dream prend des tangentes en staccato dans une tempête d'instruments à vent. Green Islands propose une vision océanographique avec de très bons solos de synthé. La masse sonore est comme prise dans des vaguelettes interminables qui supportent le dernier tiers de cet album dans des arrangements aussi intenses que Vangelis. Ici aussi le titre change de peau, certaines phases sont très radicales, un peu trop souvent pour la durée du titre. Hello, from the children of Planet Earth me fait penser à du Mannheim Steamroller avec des arrangements qui me rapprochent des thèmes de l'album Fresh Aire 7. Les voix des enfants disant Hello sont des échantillonnages de Humankind to the Universe. Among Dolphins propose une mélodie ambiante qui chatouille les émotions, alors que Cruithne termine ASPHERES dans un monument d'ambiances où les murmures de la passion bercent une structure électronique-classique.

Il y a beaucoup de mouvements dans les 79 minutes de cet album que je divise en 3 phases. Si la finale rencontre les objectifs de son ouverture, son milieu m'a entrainé dans des panoramas musicaux que j'avais perdus d'oreilles avec la retraite de Vangelis. Attention, je ne dis pas que Jos d'Almeida est un nouveau Vangelis. Mais il y a assez de talent et de créativité dans ASPHERES pour en faire un sobre rapprochement.

Sylvain Lupari (17/07/20) *****

Disponible chez The Cape Recordings Bandcamp

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