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  • Writer's pictureSylvain Lupari

JOS D'ALMEIDA: Continent 7 (FR)

Un bel album complexe dans sa mélodieuse anarchie musicale qui possède trop de charmes pour se faire bouder

1 Continent 7 Movement 1 (19:38)

2 Continent 7 Movement 2 (17:45)

3 Continent 7 Movement 3 (26:24)

(CD/DDL 63:54)

(Symphonic, cinematic EM)

Le moins que l'on puisse dire est que Jos d'Almeida a su se mesurer à ses ambitions dans un album extrêmement complexe qui demandera une couple d'écoutes afin d'en apprécier les multiples dénouements. Construit sur 3 longs titres, qui sont découpés par 13 sous-titres, CONTINENT 7 est un album concept tournant autour de la ride médio-atlantique (Mid-Atlantic-Ridge), qui se situe au milieu des océans Atlantique et Arctique, projetée dans le futur. L'album étend ses 64 minutes entre des structures changeantes dont les styles varient entre une musique électronique (MÉ) et son penchant symphonique avec de fortes textures cinématographiques. Outre ces styles, la musique tourne autour de phases atmosphériques aussi riches en tonalités aiguës des solos de synthé que dans ses phases de rythmes électronique qui sont pour la plupart modérés. Le musicien-synthésiste Portugais ajoute des textures de guitare électrique avec des solos saisissants, ajoutant une légère touche progressive à cette œuvre à dimension cinématographique symphonique qui flirte avec les univers de Vangelis. Bref, un album, disponible en CD manufacturé comme en téléchargement 24 Bits, qui possède trop de charmes pour se faire bouder!

Continent 7 Movement 1 débute cette nouvelle odyssée musicale avec une vision qui n'est pas sans rappeler celle très océanique de Michael Stearns dans son superbe album M'Ocean. Les premières ondes de synthé orchestrales ont ces caractéristiques en flottant comme des méduses sous les chauds rayons d'un soleil réverbérant. Aiguë comme tendre, la dernière brise de synthé se heurte à un effet réverbérant moins musical, amenant Azores Plateau vers MODIS. Une 2ième partie animée par des effets électroniques, genre gazouillis, qui oscillent dans une vision rythmique. Une voix de déesse recouvre ce rythme électronique, destiné à agiter nos neurones, que des orchestrations aident encore plus à reléguer en arrière-plan. Une ligne de basses séquences palpitent nonchalamment tandis que le séquenceur tisse un rythme ascensionnel et zigzagant qui est très près du style Berlin School. Le synthé profite de cette portion du titre pour élaborer de bons solos dans une phase qui prend une tangente dramatique avec des effets orchestraux plus intenses et plus ténébreux. Ces solos du synthé s'effacent pour faire place à des effets de guitare et leurs poignants solos aiguës. Sans vraiment déborder de son axe stationnaire, le rythme reste un actif pour les neurones, même lorsque ces voix de déesses reviennent remplacer les tourments de la guitare. Continent 7 Movement 1 tombe dans une phase plus ambiante autour de sa 12ième minute lorsque Sentinel-3 débute. Des clairons qu'on entend lors des chants funéraires de l'armée plombent ce passage qui reste très beau, alors que tout près de nos oreilles on entend des orchestrations tenter de sculpter un effet staccato qui peine à effleurer notre ouïe. Violons et voix absentes fredonnent leurs airs nostalgiques alors que des étoiles se mettent à scintiller sous des nappes de turbulences éoliennes. Des effets de voix s'invitent, bavassant sans rien dire dans une finale atmosphérique qui se déchire entre son tumulte et sa sérénité avant que de grosses percussions symphoniques ne sonnent le glas pour ce premier long titre de CONTINENT 7.

Dramatique, l'ouverture de Continent 7 Movement 2 est tissée sur des spasmes du séquenceur qui percent un tendre voile d'orchestrations atmosphériques. Très cinématographique, cette introduction nourrie nos oreilles des pulsations secs du séquenceur qui ont un petit côté organiques. Des ombres d'une basse ajoutent une part dramatique dont les ronflements sonnent comme des tonnerres de timpanis. Un mouvement du séquenceur transforme cette violente et nerveuse ouverture spasmodique en créant un lien rythmique pulsatoire qui navigue entre ses tonnerres percussifs. Des effets de bourdonnements réverbérants complètent cette première partie pour nous amener vers les intenses orchestrations de Gorringe Seamount. Saisissante, cette salve de violons épouse un lent staccato avec une brise cosmique dans le ton. Ça me fait beaucoup penser aux structures ésotériques de Jean-Pierre Thanès! Et je dois avouer que je suis très à l'aise les structures changeantes de ce CONTINENT 7. La suite devient plus dramatique avec des tambours symphoniques qui tonnent pour tenter d'ensevelir la voix grégorienne à la Vangelis qui fait les charmes de Seine Seamount, alors que les orchestrations océaniques de Josephine Seamount terminent en douceur, même si quelques éclats orchestraux subsistent, Continent 7 Movement 2. Dépassant les 26 minutes, Continent 7 Movement 3 reste le titre le moins accessible de ce CONTINENT 7. Son ouverture, Condor Seamount, mélange une texture d'ondes bourdonnantes qui sont lézardées par d'acrobatiques exclamations aiguisées du synthé. De caverneuses à aiguës, ces ambiances glissent vers un cortège d'arpèges cristallins qui scintillent dans une texture rythmique sous une autre divine voix de déesse fredonnant sous des nappes de synthé oniriques qui luttent pour leur survie entre de lents filaments torsadés et ombragés du synthé. Le cortège des arpèges devient un cycle percussif qui attire un mouvement zigzaguant du séquenceur. Croupissant sous cette masse sonore stridente, Giant Seamount avance de son rythme électronique vacillant vers les mirifiques solos de synthé, toujours très acuités, de Great Meteor Seamount autour de la 8ième minute. Le séquenceur continue sa merveilleuse procession sous ces solos et de divins chants d'étoiles de mer dont les scintillements dessinent une autre structure de rythme en parallèle. Les solos de synthé barrissent plus ici qu’ailleurs dans cet album divisé en 3 longs actes, approfondissant cette étonnante texture d'intensité qui meuble ses grandes sphères. La guitare revient avec des solos encore plus poignants lorsque le passage atmosphérique de The Atlantis, quelques secondes avant la 11ième minute, se verse entre nos oreilles dont les tympans vibrionnent encore sous l'impact de derniers barrissements. Les solos rugissent autant qu'ils semblent rager dans cette phase ambiante qui cherche constamment à tirer sur le poils de nos bras afin de nous planter une bonne réserve de frissons. Il y a une subtile essence de Pink Floyd ici lorsque les ponts entre chaque sous-titre de Continent 7 Movement 3 se mette à glisser vers le suivant, comme vers la 14ième minute lorsque le synthé, et ses brumes remplies de prismes, remplace les harmonies agonisantes de la guitare avec d'autres très beaux solos. Rising up nous amène au dernier passage de CONTINENT 7 avec des percussions tibétaines faisant tinter leur charme entre des solos toujours très aiguisés dans un bruyant passage ambiant où se met à spasmer le séquenceur dénouant une ligne de rythme finement stroboscopique. Un rythme qui stimule plus l'écoute que nos pieds puisqu'il sert d'appui à une avalanche de solos, mélangeant les tonalités de synthé et de guitare, pour devenir une belle structure qui s’est transformée en une forme de chant rythmique.

Pas vraiment facile pour les oreilles à la première écoute, j'ajouterais même après quelques écoutes, la musique de CONTINENT 7 possède par contre plusieurs éléments, la majoritairement très poignants, qui incitent à le réentendre. Nous sommes surpris, comme légèrement agressé, par ces multiples réorientations qui parfois sonnent comme ces trop nombreuses conversations dans la Tour de Babel. Sauf qu'au fil des écoutes on se laisse subjuguer par ces textures qui mélangent les univers séraphiques de Thanès et Vangelis dans un album que Jos d'Almeida a littéralement conçu afin de nous donner des frissons dans des émouvants passages, comme dans des enchaînements, qui piquent la curiosité de nos émotions. Complexe, hétéroclite…mais il y a des moments dans cet album qui soulèvera vos passions.

Sylvain Lupari (16/06/22) *****

Disponible chez Jos d'Almeida Bandcamp et sur CD Baby

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