“Une production sans failles, un album très musical, hyper mélodieux et vivant”
1 Detached 8:02
2 Mayimpression 7:16
3 Frühlingserwachen 7:00
4 Hafenmomente 5:14
5 EMsax 6:48
6 Little School of Berlin 7:11
7 Mellow Bells 8:45
8 Es Lebt 4:16
(CD/DDL 54:36)
(EM of various styles)
Honnêtement! Il y a eu une bonne période de réflexion avant de me décider à vous entretenir de ce nouvel artiste, que Ron Boots qualifie d'avoir un son moderne et puissant, qui propose une musique électronique (MÉ) concise et bien structurée à la façon de Johannes Schmoelling. À tout le moins sur WAY OUT! Une période de réflexion parce que la musique de Kellerkind Berlin transcende le genre avec une très belle texture musicale où les synthés ont ce parfum sonore qui mélange saxophone et hautbois et où les claviers ont une tonalité plus limpide que le terme. C'est à la limite du Easy Listening et du Jazz, avec une touche plus progressive. Comme bien des artistes que nos oreilles découvrent pour la première fois, Christian Gorsky joue avec les synthés depuis plus de 40 ans. À l'époque il possédait 2 synthétiseurs, dont le Casio CZ-3000, et il en apprenait les rudiments dans le sous-sol de ses parents. Il a joué avec des amis, il a composé des bouts de musique et aussi beaucoup expérimenté avec 2 enregistreurs. La vie suivant son cours, il a fondé sa famille en plus de devenir un ébéniste très réputé. Il a d'ailleurs fait les meubles pour certains synthés de Mario Schönwälder en plus du célèbre Memotron de la maison Manikin. C'est au début des années 2010 que la piqure des synthés réapparue. Peu à peu, il acquiert de nouveaux instruments et propose ses compositions sur le site Jamendo. Insatisfait du système des redevances, il passe à Bandcamp et lance son propre label, Kissing Sounds, en 2016 avec un premier CD, Songs For Travelling. Ce label a produit plus de 20 CD en plus d'une compilation intitulée There Is More ... réalisée avec des artistes connus sur Facebook. Et non,Kellerkind Berlin n'a aucun lien avec Detlev Keller ou le style Berliner de MÉ. Ça veut simplement dire Cellar Kid Berlin. Je vous laisse le soin de choisir la traduction qui vous convient le mieux. Bien qu'il avoue avoir été influencé par les grands noms de l'époque; Klaus Schulze, Tangerine Dream, Robert Schröeder et autres, la musique de cette le 25ième parution du label Kissing Sounds n'a rien à voir avec le style Berlin School. Ou très peu. Les 8 titres proposés sur WAY OUT, qui est disponible en CD manufacturé et en téléchargement 24bit 96 kHz, mélangent des essences de Jazz, de rock et de pop dans un univers qui flirte légèrement avec quelques textures de la vieille époque.
C'est avec des percussions lourdes, dont les battements sont assourdis par l'écho, que débute Detached. Son ouverture est du genre procession dramatique avec une précision métronomique des battements qui deviennent plus stimulés par l'apparition de cliquetis. Des nappes de brume gorgée de nostalgie complète cette vision de tragédie théâtrale dans une fascinante fusion rythmique entrainante. Déjà, la netteté des touches de clavier surprend en dessinant une mélodie aérienne qui semble frissonner devant cette glaciale limpidité. En contrepartie, cette teinte de Jazz dans les harmonies du synthé font un merveilleux contrepoids harmonique avec des souffles qui parfument nos oreilles de la mélancolie des hautbois. Kellerkind Berlin profite bien des 8 minutes de ce titre pour proposer des duels entre les harmonies du clavier et des solos de synthé qui restent étroitement liés à la structure principale. Même dans ses brefs passages ambiants. Pour WAY OUT, Christian Gorsky voulait approfondir la texture rythmique de sa musique. Il a donc invité le percussionniste et bassiste José Roman Duque sur 5 des 8 titres qui composent son nouvel album. Énergique et vivant, Mayimpression fait les présentations avec ce musicien floridien dans un bon up-tempo que la basse, absolument dévorante, et la batterie propulsent vers une dimension plus du genre Free-Jazz. Très habile au clavier, Gorsky utilise plus d'une piste de cet instrument afin de restituer un intéressant duel harmonique qui épouse à merveille le jeu de la batterie. Frühlingserwachen est le premier titre à saveur électronique avec un rythme créé par les vives oscillations des à-coups des arrangements du synthé. Statique et tout de même furieux, ce rythme sert principalement la cause du clavier et de ses harmonies habilement dispersés par la tornade statique du rythme.
Un souffle de cornet rempli de brume guette nos oreilles en ouverture de Hafenmomente qui décolle avec un rythme cerné entre une vision ambiante et légèrement entraînante. La basse est simplement assassine ici, alors que la texture saxophone et hautbois du synthé allume un décor de nostalgie un brin dramatique. Une basse qui gargouille et des percussions dans le ton animent le downtempo très Jazz de EMsax. Little School of Berlin est le second titre de facture électronique berliner de l'album. Ici comme partout dans les 55 minutes de WAY OUT, la portion rythmique reste sobrement électronique alors que le clavier et le synthé sont en mode multilignes, tant dans les harmonies que les arrangements. Son ouverture funèbre conduit vers un rythme électronique avec synthé en mode saxophone sur une structure évolutive qui élabore une approche de défilé avec des roulements de tambours. Un bon album cache une belle mélodie et Mellow Bells est celle de ce tout dernier album de l'univers Kellerkind Berlin. Une belle ballade ambiante avec un synthé qui couche un air poignant sur les effets dramatiques des percussions. Il y a un peu de Detached ici! José Roman Duque revient ajouter cette texture organique de sa basse dans le colossal Es Lebt dont le rythme caoutchouteux et bondissant de son ouverture se traduit en une superbe composition qui rappelle tellement certaines compositions de Johannes Schmoelling que c'en est déroutant.
Une production sans failles, un album très musical, hyper mélodieux et enlevant ainsi qu'une texture de Jazz pas trop importunant, si on apprécie un peu moins le genre, WAY OUT possède finalement plus de pours que de contres si nos oreilles veulent s'arrimer à quelque chose de différent tout en restant assez près des grands noms de la MÉ, pensons à Schroeder et Schmoelling. J'ai été assez séduit pour faire une autre tentative avec l'album précédent que Kellerkind Berlin m'a fait parvenir, Musikkonstruktionen. Je vous en reparle plus tard…
Sylvain Lupari (04/05/22) *****
Disponible au Kellerkind Berlin Bandcamp
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