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  • Writer's pictureSylvain Lupari

KELLY DAVID: Illusive (2021) (FR)

Pas vraiment facile à aborder, cet album repose sur un audacieux pari où les similitudes facilitent son niveau d'apprentissage

1 Sentinel 9:20

2 Palione 9:55

3 Distance 7:34

4 Garden of the Forgotten 5:19

5 Top of the Trees 8:03

6 Into the Ether 12:26

7 Northcoast 15:52

(CD/DDL 68:31)

(Progressive Dark Ambient Music)

Un long souffle dans une flute en bois est à l'origine de cette symphonie d'instruments à vents qui berce nos oreilles en ouverture de Sentinel. Tantôt délicat, tantôt rustre! Comme parfois éthéré et en autres moments prismatique, le titre dérive entre ses extrêmes en exploitant les différentes textures et personnalités des flûtes à bec qui étiolent leurs couleurs lorsque confrontées aux caresses des orchestrations. L'apparence cinématographique des orchestrations de ce duel nous confronte à ces extrêmes où la chorale des anges confronte celle des bourdonnements qui sont aussi puissant que la plus fluide des voix. Et si ces filaments écarlates changent la température d'un cycle émotif toujours à la merci du musicien américain, la musique se dirige vers un récif de confrontations autour de la 5ième minute. L'improbable est séduisant lorsque ces voix des déesses des cieux sont prises en otages par un rock électronique décousu entre les riffs en boucles d'une guitare électrique et des percussions tambourinées par la force occulte d'un batteur manchot. Et si je vous disais que ce passage était obligé pout humer le côté paradisiaque de Sentinel. Me croiriez-vous? Et pourtant, avec ses 3 premiers titres coulant de la même source en invoquant la sérénité par la porte du diable, ce tout nouvel album de Kelly David est tissé loin des panoramas de Meditation In Green. Nous sommes effectivement loin des hymnes ambiants tribaux sur cet album dont la force se nourrit de ses paradoxes parfois subtils et souvent flagrants tout le long de ses 68 minutes et quelques.

Palione reprend le destin de Sentinel avec une ouverture cousue dans la disproportion des émotions. Tantôt brusque à faire sursauter ou sereine à nous faire rêver, cette structure bipolaire fait apparaître des petit-pas séquencés juste après sa dernière explosion tonale. Une courte épreuve rhythmique qui se fait avaler par les crissements métalliques des orchestrations qui sont l'essence principale d'une structure que je dirais décousue, sans mal paraître. Si les deux premiers titres sont construits du même moule, Distance propose une meilleur homogénéité musicale, hormis pour les quelques battements qui perturbent son dernier droit. Garden of the Forgotten est comme ce pois perdu dans une casserole de tomate. Son ouverture électronique n'est pas sans rappeler Les Chants Magnétiques I du 3ième album de Jean-Michel Jarre, Les Chants Magnétiques. Le séquenceur érige une structure tournoyant sur elle-même avec des arpèges verdâtres dansant éperdument jusqu'à devenir indigo. Les respirations douteuses d'une grosse pièce de machinerie dans le décor rend les ambiances du titre conformes avec sa vision. Et ici comme partout dans ILLUSIVE, Kelly David semble manquer d'autorité sur sa musique. Sans doute le meilleur moment de cet album!

Et si nous sentions un genre de menace planer sur cet album dès les premières secondes de Sentinel, Top of the Trees confirme ces doutes. Tout d'abord, les froissements! C'est comme deux feuilles de papier que l'on frotte une contre l'autre au-dessus d'explosions feutrées. Le paysage sonore fait entendre le flux limpide d'une étroite rivière dont les chatoiements deviennent une convoitise du séquenceur. Des gémissements de dinosaures mécaniques se font entendre un peu moins clairement que ces outils percutant un sol à portée d'oreilles. Tranquillement, l'eau se transforme en un essaim d'arpèges que le séquenceur fait virevolter. Et ces derniers vestiges du séquenceur disparaissent dans cette marée de iisshh recrachant peu à peu ces éléments disparus, sauf toutes traces de ce qui était un état rythmique aussi séduisant que dans Garden of the Forgotten. Nous entrons dans le dernier droit de l'album avec deux longs titres ambiants. Si Into the Ether reste un doux murmure d'un synthé déployant ses grandes ailes protectrices, Northcoast est un titre du genre ambiant ténébreux (Dark Ambient) avec des airs de trompettes esseulées rampant sur une slab de bourdonnements chthoniens. Longiligne, le titre explore le domaine des sourdes impulsions qui poussent le lit des ambiances à créer des remous et à changer de formes tonales qui nous font vibrer jusqu'aux derniers souffles de ILLUSIVE.

Pas vraiment facile d'approche, ce dernier album de Kelly David repose sur un audacieux pari de faire avancer l'album par blocs, il y en a trois, où les similitudes en facilitent son niveau d'apprentissage. Je dois admettre que mes oreilles se sont refermées comme des huitres sur les 3 premiers titres. Par la suite, ILLUSIVE est un petit bijou de rythmes et de paysages ambiants…

Sylvain Lupari (14/10/21) ***½**

Disponible chez Spotted Peccary Bandcamp

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