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  • Writer's pictureSylvain Lupari

KLAUS SCHULZE: ''...LIVE...'' (1980) (FR)

"Ce Live de Klaus Schulze est un magnifique voyage musical qui survole de la meilleure époque de la MÉ analogue"

CDI 1 Bellistique 21:20 2 Sense 51:00 CDII 1 Heart 30:53 2 Dymagic 29:21 3 Le Mans au Premier (Bonus Track) 17:58 SPV 78832 DCD - REV 076 (150:32)

Manikin Records ‎– MRCD 7008

(Berlin School)

Ouf !! Ceux qui trouvent mes chroniques trop longues vont vouloir m'arracher la tête. Mais comment peut-on être à court de mots devant un tel monument? Ce LIVE de Klaus Schulze est plus qu'un simple album en concert. C'est une première anthologie qui recoupe l'ère analogue la plus créative en MÉ, et qui subtilement oriente sa structure musicale vers les rythmes plus tranchants du début de son ère digitale, alors que la musique digitale en est à ses premiers balbutiements. Un double CD pour deux univers qui fusionnent sur un délicat paradoxe que seul un visionnaire comme Schulze pouvait créer dans les harmonies les plus électroniques. Enregistré au plus fort du mouvement minimalisme électronique à Berlin en 1976, Le CD 1 débute sous une pluie d'applaudissements de plus de 90 secondes. Schulze le conquérant domine l'art et son public le lui rend bien. On y entend un Klaus Schulze, alerte et rêveur, inonder son champs de rythme minimalisme de sulfureux solos de synthé qui se perdent dans les brumes nébuleuses de ses changements de structures. Tout le matériel des mouvements des séquenceurs qui ont marqués les mesures de Timewind à X, y est présent. Une superbe collection qui démontre le génie d'un homme seul aux commandes d'une pléiade de synthé et séquenceurs. Et, situons-nous dans le contexte, les séquences étaient analogues et conçues en improvisation, démontrant encore le génie et le savoir-faire de Maître Schulze.

Bellistique attaque l'ouïe avec un séquenceur agressif et des échantillonnages de percussions aux frappes vives et saccadées. Tôt, le synthé devient monarque et dresse une mélodie débridée où les solos se contorsionnent dans une ivresse musicale improvisée. Le rythme est endiablé et personne ne s'endort puisque Klaus Schulze apporte les nuances nécessaires avec de subtiles modulations dans les tonalités qui façonnent une structure ambivalente. Même sur ce remaster on sent la refonte des cassettes C-90 que Schulze apportait par vingtaine, car il enregistrait chacun de ses concerts, pour reformer la finale de Bellistique sur une mer spatiale où les souffles cosmiques inondent les archets de violons conçus et modulés avec le Mellotron par le créateur de X. Comme sur Manikin Records cette nouvelle édition de LIVE offre l’intégral de Sense, un titre épique de 51 minutes qui embrasse toutes les sphères du répertoire de Schulze qui à l'époque travaillait sur Body Love. Le travail d'Harald Grosskopf à la batterie est impressionnant, mais ce qui impressionne le plus est la prestation de Schulze lui-même. Seul il en met plein les oreilles, pas juste en sonorité, mais en créativité. Et ce ne sont pas les retouches en studio qui grandissent l'œuvre, car ceux qui possèdent les pirates de cette époque sont en mesure de constater la polyvalence, la subtilité des structures et le génie des compositions de Schulze. En ce qui me concerne, Sense est l'ultime référence en matière de MÉ analogue de cette époque. Aucun autre artiste n'a été si loin dans la conception et l'interprétation des structures musicales que Klaus Schulze.

Enregistré à Paris et Amsterdam en 1979, le CD 2 nous plonge vers les sonorités plus tranchantes des mellotrons, des orchestraux et des séquenceurs aux percussions carillonnées. Avec ses fines pulsations atoniques noyées dans un voile d'un mellotron qui intensifie son opacité, l'obscure introduction flottante de Heart peut paraître longue. Ce mouvement a son importance dans l'histoire de la MÉ, car il est précurseur de plusieurs mouvements velléitaires aux harmonies planantes. Je pense notamment à Steve Roach et Michael Stearns. Les sensibles modulations de cette ouverture se transforment en une stratosphère de strates avec un Klaus Schulze qui boucle ses solos dans une ambiance hypnotique et envoûtante. La seconde partie de Heart dévoile un Schulze à la croisée de son art flottant analogue, vers celui plus rythmé et animé d'une essence plus digitale. Glockenspiels, percussions et bass-drum ainsi qu'une flûte de Mellotron aux essences arabiques la fusion est parfaite et démontre cette tranquille ascension du musicien Allemand vers Dig It, Audentity et le superbe Dziekuje Poland. Musicalement fort intéressant avec son long parcours minimaliste, Dymagic est la première collaboration entre Klaus Schulze et Arthur Brown. Cette étonnante union trouve toute sa magie sur une folle course ascendante du séquenceur et de son rythme débridé. Brown est mordant et suit admirablement bien Schulze dans les plus obscurs recoins de la folie de ses rythmes concassés et indisciplinés. Sa voix est puissante et imbue d'une passion démesurée, égale aux contorsions structurelles d'un titre aux étonnant entrecroisements du séquenceur. Cette nouvelle édition offre un titre en bonus enregistré à Abbaye de l'Epau, France, le 10 Novembre 1979. Très inspiré par l'ambiance qui y régnait, Klaus Schulze livre une belle ode flottante aux effluves cosmiques d'une sérénité inouïe. Un superbe mouvement qui flotte avec tendresse sur de très belles modulations rythmiques pour une ascension vers une structure nettement plus animée. Selon le livret, il s'agit de la première partie du concert. L'autre partie serait disponible sur la réédition de Dune. Est-ce que KDM est atteint du syndrome Froese? Il me semble évident qu'il tente de soutirer encore plus d'argent aux fans de Klaus Schulze en offrant un titre incomplet avec un fade out qu'un ado de 15 ans est capable de faire au beau milieu d'un solo de synthé agressif. À trop faire, on finit par en faire trop. Cela étant dit, ça ne gâche en rien la magnificence de ce superbe double cd. Encore une fois, Revisited Records y met toute la gomme en offrant un beau livret qui complète un peu plus la grande histoire de Schulze. Si vous possédez l'édition de Manikin Records, cette réédition n'est pas une nécessité…sauf pour le livret. Je vous avais prévenu...

Sylvain Lupari (29/08/2007) *****

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