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Writer's pictureSylvain Lupari

KURTZ MINDFIELDS: Gate of New Dimension (2018) (FR)

“Un solide mélange de jazz et de Berlin School, Gate of a New Dimension est un excellent album et une brise d’air frais dans l’univers de la MÉ”

1 Aeolis 7:27 2 Crystal Cathedral 13:28 3 Equivox Seven 5:19 4 Heliosfear 5:13 5 Mooger Things 6:13 6 Gate of a New Dimension 6:24 7 Midnight Analog Plan 6:05 8 Ice Castle 8:06 9 Still on the Run 9:43 DVD 1 Laniakea Symphonia 30:34

(Live at Synthest 2018) Feverdog Music ‎| FD2018/2 (CD/DVD 99:07)

(Berlin School, Jazz and Prog Rock)

Aeolis démarre cette dernière odyssée dans le merveilleux univers de Kurtz Mindfields avec un chant des vents qui est perturbé par une grosse onde de réverbération. Des accords de clavier tombent peu après les 60 secondes. Ils forgent une mélodie évasive qui tourne entre les oreilles avec vision de rock progressif à la Keith Emerson. Peu à peu, la musique s'installe! Des effets électroniques nous rappellent l'essence même de Kurtz Mindfields. Une ligne de basse infiltre sa lourdeur flottante alors que le piano continue de danser entre nos oreilles. Un peu de jazz dans l'univers électronique? Pourquoi pas! Le séquenceur détache ses ions qui courent de plus en plus rapidement avec des pas sourds alors que le piano invite le synthétiseur à dessiner des solos qui suivent la courbe de son harmonie. Le séquenceur fait tourner ses ions avec plus de vélocité, tandis que Jean-Luc Briançon continue de charmer avec de fascinants solos qui sont les témoins de l'adresse de ce claviériste de jazz avant tout. GATE OF A NEW DIMENSION marque un nouveau pas dans la carrière du musicien Français. Pour cet album, le claviériste du groupe de Jazz Abigoba a choisi ses propres instruments, qui sont plus dans les teintes de jazz, au lieu d'utiliser les synthés et séquenceurs d'Olivier Grall ou de Kryfels qui restituaient un univers musical plus électronique. Qu'est-ce que ça change? Tout! GATE OF A NEW DIMENSION; une expérience sonore trans-aural 3D est une fusion autant entre les instruments que les idées qui apporte un vent de fraîcheur à l’univers de Kurtz Mindfields, sinon de la MÉ en général. Compositeur aguerri, Jean-Luc Briançon fait une stupéfiante union avec son alter-égo Kurtz Mindfields pour créer une MÉ jazzée et rythmique avec des rythmes et des solos qui nous vire les oreilles à l'envers.

Dans une formule plus complexe, Crystal Cathedral propose une longue introduction très chthonienne avec des nappes de voix angoissantes qui écorche les murs d'un long corridor émergeant des ténèbres. Une danse de clochettes, du genre suspense à la Halloween, fait tinter une petite mélodie virginale qui devient graduellement une ritournelle démoniaque marquée par un séquenceur dont les pas lourds et abruptes structurent un rythme statique. Les solos infusent cette texture de liberté propre au jazz, alors que des effets sonores, genre ailes de chauve-souris, et des voix éteintes rôdent autour de cette structure qui évolue tranquillement à l'intérieur de ses paramètres un peu plus alambiqués ici que dans les autres titres de cet album. Après ce titre, nous tombons sur une superbe collection de courts titres tous plus entraînants les uns des autres. Et ça débute avec Equivox Seven et ses percussions électroniques picorées par des effets de crotales qui amènent la musique près des sentiers de Jean-Michel Jarre. Heliosfear est un autre titre très entraînant avec un séquenceur qui fait tourner sa structure dans des huit sans fin. Le rythme est vif et les effets percussifs aussi séduisants que tapageurs. Un genre de vocodeur crache une de ces voix sans frontières des années 70 alors que les solos restent toujours créatifs et aussi entraînants que le rythme. Mooger Things est encore plus percutant avec le débit très hachuré des séquences dont l'approche vive et saccadée accueille des solos évasifs et des riffs de clavier qui sonnent très Tangerine Dream. J'aime ce rythme qui évolue avec de fines permutations qui font toujours sourire mes oreilles. Le solo de synthé vers la finale est carrément du bonbon! La pièce-titre est dans du bon jazz avec un rythme toujours aussi accrocheur où nos doigts tapotent plus que nos pieds. Les percussions sont très bonnes, le séquenceur est lourd et hyper-saccadé et les nombreux effets sonores encadrent GATE OF A NEW DIMENSION dans un univers électronique où le rock, le funk et le jazz fusionnent avec une élégance sans pareil.

Midnight Analog Plan est un autre petit joyau qui flirte avec les frontières de Jarre. La comparaison s'arrête là, car le rythme est plus incisif, dur et pas vraiment évident. Les séquences et les effets percussifs sont aussi charmants que ceux dans Equivox Seven et Mooger Things. Ice Castle doit traverser une longue introduction ambiosphérique avant de présenter un rythme plus près du rock progressif avec des claviers et des harmonies qui affichent les couleurs du groupe Italien PFM. Still on the Run prend aussi quelques minutes avant de décoller. Son approche fait plutôt Pink Floyd (On the Run) et les synthés sont toujours aussi savoureux et créatifs. Présenté dans un digipack Deluxe, (la pochette est très belle en passant) GATE OF A NEW DIMENSION vient avec un DVD d'un concert que Jean-Luc Briançon et Stephane Gallay ont présenté dans le cadre du SynthFest au printemps 2018. Le duo y avait interprété les grandes lignes de l'album Analogic Touch. D'une durée de 30 minutes, le DVD propose Laniakea Symphonia. Les images ont une empreinte granuleuse, la prestation était le soir avec une éclairage intimiste, où sont insérés quelques graphiques psychédéliques et de bons effets visuels. Elles nous permettent de visualiser l'approche créative et les doigts agiles de Kurtz Mindfields et d'entendre des titres inédits. Disponible en CD, une version digitale sera aussi disponible à partir du 19 Mars prochain sur QOBUZ et le site Bandcamp d'Electrik Dream.

De la grande MÉ à tous les niveaux!

Sylvain Lupari (12/03/19) *****

Disponible au PWM Distrib

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