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  • Writer's pictureSylvain Lupari

LOREAU/GERCHAMBEAU: Vimanafesto (2017) (FR)

“Difficile à apprivoiser au début, mais inévitablement charmant au fil des minutes, Vimanafesto prouve que la MÉ complexe peut aussi être un charme à découvrir”

1 Dual Crystal Waltz 13:17 2 Inner Path 8:00 3 Paradigm 7:07 4 Suns Above a Cloud 10:18 5 Night Run 11:17 6 Visions from a Future Past 5:41 7 All the way to Berlin 6:45 Patch Work Music

(CD 62:25) (V.F.) (Experimental EM)

Ouais…Lorsque qu'on dit qu'il y a des pans de MÉ de style French School qui sont carrément plus expérimentaux qu'ailleurs sur la planète, cette toute 1ière collaboration entre Bertrand Loreau et Frédéric Gerchambeau confirme le tout! Et pourtant, il faut absolument dompter VIMANAFESTO. Car derrière ses ridelles de distorsions, ses effets sonores bariolés de déformations, ses chants magnétiques dissonants et ses nappes errantes se cachent de très bons moments de MÉ texturale. Avant tout, il faut considérer l'union Loreau/Gerchambeau comme étant très éclectique. Si les visions de ce dernier se marient plutôt bien avec celles de MoonSatellite, son duel avec les prémisses mélodieuses de notre ami Bertrand donne des combats soniques épiques, je pense au superbe Night Run, qui enflammera les passions des amateurs d'une MÉ puisée dans les complexités du Moog modulaire.

C'est avec des airs de Jazz que débute l'incursion sonore de VIMANAFESTO. Des accords d'un genre de contrebasse manipulée par une pieuvre laisse de juteuses traces dans nos oreilles dès l'ouverture de Dual Crystal Waltz. Et il faut apprivoiser cette basse car elle est partout dans cet album. Peu à peu, ces improbables notes permutent clairement en une tonalité plus électronique alors qu'une ligne de séquence sautille en arrière du décor. La fusion des deux particules électroniques se transforme en un fascinant ballet intersidéral avec une cadence qui soubresaute dans un nid de cliquetis. Au-dessus, il y a deux ondes opposées. Si une valse de sa teinte lumineuse, l'autre plane comme une ombre sournoise afin de déballer une large nappe grogneuse dont les effets de réverbérations ajustent la tonalité des effets percussifs des cliquetis. Ils sautillent et suintent comme s'ils étaient prisonnier d'une immense horlogerie qui est cachée dans une grotte. Ce mouvement errant de Dual Crystal Waltz se déploie avec une lenteur apathique. Et c'est après avoir traversé une nappe d'averse que les effets percussifs sautillent avec plus de vélocité. Sans nécessairement construire une route de rythme enlevant, ils donnent du tonus à un étrange titre qui est une difficile entrée en matière pour les néophytes qui cherchent à s'intéresser à la MÉ. Et ce n'est pas avec Inner Path que le coup de foudre va avoir lieu! Encore ici, les séquences, ces éléments de rythme, pétillent comme dans Dual Crystal Waltz alors que le synthé souffle des harmonies comme un Jazzman étend sa nostalgie par un soir de spleen. Attendez quelques minutes et vous découvrirez que les synthés sont complètement sublimes dans VIMANAFESTO. Un d'eux couche une procession rauque et très austère sur Paradigm. Là où une forme de rythme processionnel Berliner dirige tranquillement les idées et les visions contrastantes du duo Loreau/Gerchambeau vers le cœur plus accessible de cet album.

Et cela passe par Suns Above a Cloud. Mais avant, il faut traverser une tempête de radioactivités sonores afin d'entendre les premiers airs d'un synthé plus accessible qui roucoule comme un rossignol électronique affrontant un lit de grisailles et de bruits blancs. Très musicale, et surtout très nostalgique, l'empreinte de Bertrand Loreau lutte farouchement contre l'approche et la vision plus expérimentales de Frédéric Gerchambeau. Night Run est le pinacle de cet album. Le duel entre les chants des synthés est majestueux. Si un roucoule de ses chants mirifiques, l'autre détonne avec ses airs graves et apocalyptiques qui sévissent dans de superbes effets électroniques. Ces chants antinomiques des synthés se regroupent derrière un immense rideau de voix alors que le mouvement très Berliner du séquenceur, les influences de Klaus Schulze sont omniprésentes ici, alterne la danse oscillante et juteuse de ses ions afin de déployer une vélocité qui s'ajuste à finale enchanteresse où un synthé n'aura jamais été aussi beau et dominant dans cet album. Visions from a Future Past fait resurgir l'approche très mélancolique et romantique de Bertrand Loreau sur un synthé gémissant. Un essaim de billes soniques s'extirpent d'un cocon éventré par une horde de tonalités chamarrées, structurant un rythme statique et chaotique qui sert de lit rocailleux au lent gémissement d'une lourde mais pénétrante ligne de basse. L'anarchie des tons et savoureusement apprivoisable ici, contrairement à la querelle intestine des séquences sur les champs de batailles de Dual Crystal Waltz et de Inner Path. Un titre comme All the way to Berlin veut tout dire. Mais est-ce vraiment pour Berlin? Le lit de séquences tapageuses qui sautillent et pulsent en tous sens est affamé pour une structure plus enlevante. Sauf que ces séquences grouillantes restent soumises à une approche plutôt de style France avec de splendides solos dont les visions cosmiques reniflent un peu le glorieux passé de Jean-Michel Jarre. Un très bon titre qui conclut un album fascinant, et au final séduisant, qui démontre que la French School se réinvente de par ses approches toujours très audacieuses. On s'en reparle avec Nomad Hands, mais en attendant on peut se procurer VIMANAFESTO en visitant le site web de Patch Work Music. Pour les purs et durs qui sont amoureux d'une MÉ qui refuse toute forme de soumission dans son évolution.

Sylvain Lupari (19/01/18) ****¼*

Disponible au Patch Work Music

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