“Inhabituel mais fascinant, 3 Briques est un bel et versatile album qui démontre avant tout le talent de MB pour créer des trucs à partir de rien!”
1 La Brique Bleue 32:19 2 La Brique Verte 8:44 3 La Brique Noire 36:14 SynGate CD-R MB04
(CD-r/DDL 77:19) (Electronica, ambient and experimental)
Inhabituel! Et ce n'est pas parce que c'est inaccoutumé que ce n'est pas fascinant. On a qu'à penser à la musique de Tangerine Dream, période Zeit, ou encore Conrad Schnitzer et les passages expérimentales de Ian Boddy pour s'apercevoir que ce genre de musique attire toujours la curiosité de ceux qui aime entendre autre chose. Si pour certains d'entre vous Michael Brückner semble être un nouveau nom dans le domaine de la MÉ, sachez que ce synthésiste produit de la MÉ depuis des lunes. En fait, bien avant son One Hundred Million Miles Under the Stars, qui est paru en 2012, le musicien Allemand avait des dizaines de réalisation qui exploitaient assez souvent le caractère abscons de la musique et de ses formes. 3 BRIQUES est un album inhabituel où la musique et ses expérimentations dament le pion aux harmonies et aux brèves structures de rythme qui tanguent entre cosmiques et Électronica. La genèse de cet album remonte à Mars dernier alors que Michael Brückner eu une idée plus technique que musicale qu'il a testé avec une série de petits segments musicaux dont chacun était une mutation de la présente. Peu à peu La Brique Bleue prenait forme. En collant tous ces bouts, il constatait qu'une certaine musicalité était perceptible. Il ajoutait donc des bribes de mélodies et de rythmes ainsi que des effets et une autre ligne parallèle au rythme. Il envoya ce projet expérimental sur la plate-forme Mixcloud. Kilian Schloemp, le grand manitou de SynGate Records, a trouvé le projet très intéressant et demanda à Michael s'il pouvait en faire un album.
La Brique Bleue est le titre le plus musical de cet album. Ses 15 premières minutes exploitent un très bon mélange entre des phases sphéroïdales et des fragments de down-tempo et de Chill avec des effets qui s’alimentent auprès des nappes de synthés glauques et futuristes de Vangelis et de séquences nimbées de tonalités organiques assez près du registre de Michael Brückner. Les effets s'abreuvent du répertoire cosmique que nous connaissons tous et des voix qui semblent sortir d'un écran de télévision. La structure de rythme semble nuancer ses élans avec des passages plus mous, ou éthérés, par moments plus vifs alors que les séquences alimentent toujours ces lignes stroboscopiques où il y manque des crocs. Des passages délicieusement ambiants, quasiment célestes, donnent des munitions à une structure qui exploite à merveille les charmes du minimaliste et le synthé éparpille à satiété des vagues cosmiques de même que de bons solos. La 15ième minute amène un passage ambiosphérique de 4 minutes avant que le rythme ne revienne dans une enveloppe plus frénétique qui me fait penser à du Steve Roach lorsqu'il décide de rincer son séquenceur. C'est très bon et ça sonne comme un titre très bien ficelé.
Lors d'un échange de textos avec Michael, il m'expliquait que La Brique Verte est un passage entre les deux monuments de sons, et de rythmes et de mélodies de 3 BRIQUES. C'est très ambiosphérique avec une nuée de lignes de synthé qui s'agglutinent en une immense muraille de sons. Avec La Brique Noire nous entrons dans l'insolite pur. Lorsque Kilian Schloemp demanda à Michael Brückner s'il était possible de faire un album à partir des éléments de La Brique Bleue, le synthésiste Allemand n'avait que 30 minutes de musique composée. Il se souvenait qu'il avait plusieurs bouts de musique qui traînaient quelque part et qui dataient du début des années 2000. C'est à partir de ces bases que La Brique Noire fut composé. Le début est charmant avec cette ligne de séquences, qui revient constamment, et dont les réminiscences vont aussi loin que l'album Wuivend Riet de Johannes Schmoelling. Trois minutes plus loin, le mouvement de séquences et le synthé sifflotant s’éteignent pour embrasser les premiers moments d’ambiances qui dominent les 37 minutes La Brique Noire. Entre ces 2 phases qui s’échangent ces 37 minutes à 5 reprises, Michael Brückner ajoute une voile d'intensité qui est plus soutenu sur les rythmes dont les présences n'atteignent même pas les 10 minutes en tout. Le restant est une immense mosaïque d'ambiances, de voix et d'effets qui atteint son point culminant vers la frontière des 25 minutes jusqu'à la finale.
Inhabituel mais fascinant! Michael Brückner est tout un phénomène qui aime sortir de cette zone commerciale afin d'expérimenter une musique où se cache constamment des moments de pur délice. Si on accroche assez facilement sur La Brique Bleue, La Brique Verte est un bon moment d'ambiances intenses, La Brique Noire teste notre capacité à sortir de notre zone de confort. Ce sont les passages de la séquence de rythme qui nous rendra accro. En tout et partout, 3 BRIQUES est un album très versatile qui démontre tout le talent de Michael Brückner a scindé un tout à partir de rien!
Sylvain Lupari (12/11/2016) ***½**
Disponible au SynGate Bandcamp
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