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  • Writer's pictureSylvain Lupari

Michael Brückner Test of Time (2022) (FR)

Des séquences de rythmes dans divers patterns de MÉ qui vissent vos oreilles à vos écouteurs

1 Rickendale 1963 7:12

2 UFO over Hertzberg 11:11

3 Test of Time - Part 1 7:12

4 Pleijad 9:35

5 Away 9:32

6 Baaslandt 8:06

7 Test of Time - Part 2 10:48

8 They are Coming! 11:55

Digital Bonus Tracks 26:29

9 Uzz Baldrin 6:44

10 Boba 9:43

11 Test of Time - Part 3 10:01

(2CD(r)/DDL 102:05)

(E-Rock EDM New Berlin School)

Il ne manquait qu'un album solo, après 2 albums en duo et 2 rééditions, pour que Michael Brückner conclut l’année 2022 à la satisfaction de ses fans. Est-ce que le très sympathique musicien Allemand avait quelque chose d'original a vraiment proposé à ces mêmes fans? Il semblerait que oui! Pourtant, la musique de TEST OF TIME était un projet voué à l'oubli. Il faut reculer le cadran du temps de 10 ans afin de comprendre les origines d'un album qui ne s'apprivoise pas aussi facilement pour une musique conçue sur les rythmes séquencés. C'est au début 2012 que le musicien Allemand recevait son premier laptop. Et c'était le début d'une nouvelle aventure en création de musique avec une immense possibilité d'acquérir des logiciels de musique et de synthétiseurs virtuels, lui donnant ainsi beaucoup plus d'options qu'auparavant. S'ensuivi une période fertile en créativité qui coïncidait avec son premier album sur le label SynGate, One Hundred Million Miles Under the Stars. La musique issue de ces intenses sessions de productivité était un peu trop animée pour apparaître sur ce premier album qui était majoritairement ambiant avec quelques pointes de Berlin School. Mais si vous connaissez un tant soit peu la générosité de Michael, vous savez qu'il aime offrir des cadeaux à ses amis et ses fans en leur faisant parvenir des CD-(r) de musique exclusive. Juste pour des paires d'oreilles qui ne se rassasient jamais de son style très versatile. Space Mix était un de ces CD- (r)! Et un de ces ami-fans, Krischan Seipp à qui l'album est dédié, lui rappelait sans cesse que de tous les albums qu'il possédait de Michael Brückner ce Space Mix était son préféré. Intrigué, Michael se mit à la recherche de cet album dans sa vaste voute de souvenirs musicaux pour dénicher ce fameux CD-(r) en question. Space Mix est ainsi devenu TEST OF TIME, parce qu'il a bel et bien résisté au test du temps. Doit-on remercier Krischan Seipp? Absolument, et la surprise est de taille puisque ce dernier album qui termine l'année musicale de Michael Brückner en 2022 nous amène dans une autre dimension où les rythmes dominent dans des textures de rock électronique, de New Berlin School et d'Électronica qui, graduellement, nous vissent les oreilles à nos écouteurs.

Et ça débute avec un éclat chatoyant qui ouvre Rickendale 1963. Dès lors, le séquenceur active une vive ligne de pulsations circulaires dont les oblongs slaloms sont pimentés de bons effets percussifs. Un autre motif de percussions, électroniques cette fois, épouse la courbe accélérée de la cadence, créant 3 entités qui concourent avec des nuances autant dans les intonations que les fluctuations rythmiques. Tiraillé entre son mouvement ascendant et sa texture circulaire de transe rythmique, Rickendale 1963 laisse entrer une ligne d'arpèges qui fait virevolter ses particules harmoniques, ajoutant ainsi une autre couche de rythme à cette structure ornée d'effets sonores qui étendent des pads de mélodies ambiantes dont la texture métallique ajoute aussi une touche futuriste à un titre qui fond dans une finale plus atmosphérique. Lorsque je mentionne que Brückner est l'artiste le plus créatif qui sonne comme Klaus Schulze sonnerait aujourd'hui, ce Rickendale 1963 en est une preuve! UFO over Hertzberg fait partie de ces titres de TEST OF TIME qu'il faut apprivoiser. Son ouverture est très atmosphérique du genre science-fiction racontée en musique et en sons. L'imagination aidant, penser à un circuit de course ovale pour engins spatiaux. Les souffles du Cosmos et ces sons qui en balayent la galaxie étirent leur mantra sur une distance de 80 secondes, soit jusqu'à ce qu'une structure de rythme bondisse avec ses secousses saccadées. Des percussions caoutchouteuses tambourinent la surface de ce rythme, ajoutant un effet de fluidité, tandis que le synthé tisse une fascinante mélodie vampirique qui semble s'inspirer des ambiances de The Twilight Zone (La 5ème Dimension) ou encore The Outer Limits (Au-delà du réel). Effets cosmiques et jets de gaz carbonique remplissent sont parmi les principaux qui remplissent le décor de ce titre sci-fi alors que le clavier y sculpte une belle vision mélodieuse avec ses arpèges opalins dont la ligne monte et descend comme un carrousel hypnotique. La finale est très cosmique avec sa tempête de vents creux qui risque de perturber votre ouïe. Ce qui séduit d'emblée dans cet album est le constant effet de miroir que Michael projette sur ses structures de rythme, faisant miroiter un double scintillant d'une autre tonalité. C'est la structure de Test of Time - Part 1 qui étend ses longs slaloms avant de se faire harponner par de sobres percussions électroniques quelques secondes avant la 3ième minute. La structure devient un savoureux downtempo cosmique avec un clavier qui y sculpte ses arpèges bondissant sur une ligne de basse caoutchouteuse. Ça me fait penser beaucoup à du Massive Attack qui fait dans du Portishead. Suivant ce principe de l'effet miroir des rythmes, Pleijad harmonise rythme pur à mélodie cadencée sur une structure qui flirte légèrement avec de l'Électronica. Une Électronica gorgée d'effets et de grommèlements réverbérants du synthé et entrecoupée par une phase atmosphérique avant re renouer avec une approche rythmique plus dynamique.

Ce qui nous amène à Away et à sa structure inspirée par la période 84-88 de Klaus Schulze. Son ouverture est constituée par une vision orchestrale auxquelles s'ajoutent des effets de remous du synthé Ce synthé lance d'ailleurs de belles ondes Martenot dont les airs flottants ont cette délicieuse texture fantomatique. Hésitant à décoller, le rythme s'agite comme un galop électronique dans une intense nappe d'effets ténébreux, incluant des voix chtoniennes. Des pulsations assourdissantes, et des effets percussifs résonnant de bois, harponnent cette ambiguïté rythmique quelques secondes avant la 3ième minute, structurant une techno transe qui reste ceinturée par cette mosaïque d'effets et de nappes de synthé. C'est quelques secondes après la 4ième minute que Away s'envole finalement pour galoper dans ces technos philarmoniques inspirées des années Angst à En=Trance de Schulze. Un grand titre tout simplement exquis! Nous sommes dans le meilleur, dans le plus accessible de TEST OF TIME depuis Away et ça se poursuit avec le tout simplement génial Baaslandt. Son ouverture est stimulée par une lourde ligne de basse aux vrombissements résonnants. Une ombre du synthé se détache pour virevolter en nappes finement saccadées. Elles ondulent avec ses harmonieuses imperfections sur un lit de de percussions et d'éléments percussifs, à la fois technoïdes et teutoniques. Le mouvement multiplie ses soubresauts jusqu'à se fondre à la structure ondulant vivement de Test of Time Part 2. Il y a beaucoup de Away ici, mais avec plus de fluidité dans ces cerceaux moins ébréchés qui ondulent dans une vision ascensionnelle. Le rythme éblouit l'écoute avec ces galops intersidéraux et ces effets tchick-tchick qui sont trappés dans de denses nappes séraphiques. Et comme dans Away, l'héritage de Klaus Schulze transpire de partout. They are Coming! clôture ce TEST OF TIME dans une fusion de rock électronique, la batterie est très vivante, et de EDM, la ligne de basses séquences est juteuse et enrobée de voraces gargouillis entraînants. Le synthé multiplie les arrangements et les effets Disco des années 80, et autres effets de dialogues et de cuicuis cybernétiques sur une structure de rythme qui ferait les délices des headbangers aux pieds légers. J'entends du Death in Vegas dans cette structure qui puise aussi ses inspirations dans les univers de Schulze et de Robert Schroëder.

Comme on sait, Michael Brückner ne fait jamais les choses à moitié. Il aime en donner plus que pour leur argent à ses fans. Il offre ainsi 3 titres en prime qui sont disponibles uniquement sous forme de téléchargement dès qu'on se procure le CD-(r), ou le téléchargement, sur le site Bandcamp de Syngate, ou sur son site. Et après 2 solides rééditions comprenant 2 CD-(r) chaque, Michael n'avait pas le goût d'hypothéquer encore plus le portefeuille de ses fans. D'où l'offre de ces titres en boni qui sont tirés des sessions de musique ayant cheminé vers la réalisation de TEST OF TIME. Et c'est effectivement le cas avec Uzz Baldrin et Boba qui sont 2 titres en mode EDM avec une savoureuse orientation vers le monde de la musique de danse de Moonbooter. Nous avons ici des rythmes solides et assourdissants, surtout sur Boba, sur des maillages de basses séquences, percussions lourdes et vives ainsi que des arpèges séquencés qui frappent nos tympans d'une tonalité opaline, alors que le côté harmonie est assumée par un langage cybernétique des synthés. C'est plus lourd et vif que They are Coming!. Test of Time - Part 3 se distance des 2 premières parties avec une approche rythmique plus en retrait, plus furtive comme des pas de loup qui avancent lentement dans une incursion musicale dominée par de longilignes effets sonores des synthés qui s'étendent en chants ectoplasmiques taillés dans le rough. Le rythme est hypnotique et bondit doucement de sa texture caoutchouteuse pour progresser vers une ligne d'arpèges séquencés qui virevolte dans une vision autant rythmique qu'harmonique. Nous sommes presque dans une vision de psybient glauque!

Effectivement, TEST OF TIME a résisté à cet écart de 10 ans entre sa conception et sa réalisation. Sa découverte nous fait comprendre un peu mieux cet enthousiasme de Krischan Seipp dont l'insistance a finalement convaincu Michael Brückner de réaliser un album qui est ni plus ni moins la porte d'entrée d'un univers de séductions et de fascinantes découvertes musicales qui a débuté en 2012.

Sylvain Lupari (29/12/22) ****½*

Disponible au SynGate Bandcamp

(NB: Les textes en bleu sont des liens sur lesquels vous pouvez cliquer)

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