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Writer's pictureSylvain Lupari

MICHEL HUYGEN: Kryptyk (2018) (FR)

“Cela doit être l'album le plus beau et le plus accessible que Michel Huygen a produit jusqu'à présent”

1 Al-Ula 5:16 2 Return to Mystykatea 6:41 3 La Hija Del Sol 1:49 4 In Your Dimension 4:53 5 Elon's Visions 4:19 6 Electro-Bubbles of Energy4:20 7 Santa Monica Promenade 4:08 8 Suvarnabhumi (The Golden Land) 7:21 9 Kryptyk 4:00 10 Et Ad Te Ipsum 5:30 Neuronium Records ‎| NR23-8009234 (48:17) (Ambient, New Age, Melodic)

Michel Huygen n'est pas Neuronium! En ce sens que le cofondateur du groupe culte Espagnol de MÉ est très capable de s'éloigner des sphères de Neuronium lorsqu'il propose un album sous son nom. Deux entités pour deux approches très distinctes où sa musique est nettement plus en mode méditative et parfumée des douceurs mélodieuses du New Age, alors que celle de Neuronium est plus axée sur le modèle psychotronique Berlin School. Sauf que sur KRYPTYK, Michel Huygen transgresse avec un imparable doigté ses propres frontières. La musique proposée sur ce (déjà) 44ième opus de Huygen/Neuronium, depuis que Quasar 2C361 a foulé nos oreilles en 1977, voyage entre des phases de méditations, de splendide mélodies moelleuses à faire frémir notre âme et des structures animées de rythmes autant complexes que très accrocheurs. Les arrangements, les effets de voix et de guitare sont d'un réalisme stupéfiant et nous transporte sur un très beau recueil sonique qui a séduit ma très belle Lise. Le plus beau et le plus accessible que Michel Huygen ait produit à date!

Et ça débute avec de légers tintements et des lignes de synthé dont les réverbérations caressent tout de même nos oreilles. Al-Ula libère ces lignes de synthé aux couleurs très diversifiées qui s'entortillent comme un nid de couleuvres sur une île prisonnière au milieu d'un océan astral. Des filaments avec des voix absentes fredonnent une mélodie embryonnaire qui se fond dans une brève offrande rythmique et se perd dans une finale éclaboussée de tonalités aussi éphémères que les papillons de nuit trappés dans un piège électrique. Par la suite, nous tombons dans la 1ière opération charme de KRYPTYK avec le superbe Return to Mystykatea. Ce titre élégiaque offre un piano romanesque avec ses larmes de mélancolie qui résonnent dans la toile du néant. Michel Huygen a créé une splendide voix de soprano dans les interstices de son synthétiseur. Ses chants séraphiques allument le fourneau de nos émotions. Et jumelés à ce piano aussi évasif que les plus beaux moments de Vangelis ou de Suzanne Ciani, ils nous tirent tranquillement vers les doux chants de baleines astrales. Un superbe moment qui se poursuit, même si les deux titres ne sont pas liés, avec une autre pièce de tendresse, La Hija Del Sol et son concerto pour voix échantillonnées sur le lit d'une harpe céleste. Autre titre qui démontre le talent de créateur d'Huygen, In Your Dimension qui poursuit cette route de tendresse et mélancolie amorcée par Al-Ula. Ici, c'est une guitare acoustique qui tisse les toiles de romance d'une âme solitaire sous un ciel étoilé. Les notes de guitare résonnent de réalisme et ses pincements acuités qui vont droit au cœur sont amortis par une nappe d'une chorale absente et de beaux arrangements orchestraux.

Elon's Visions termine ce rapport affectif entre Michel Huygen et son auditeur avec des solos très torsadés qui se bousculent dans une structure sans autres vies, mise à part quelques notes qui tentent de se rassembler afin d'endosser une structure plus cohérente. Je ne suis pas certain, mais j'entends certaines notes me chuchoter alors que les solos gesticulent et chantent avec des implants de soprano sur l'acide. Finalement, ces accords et des séquences sculptent un rythme toujours sans cohésion où charment cependant les textures et les formes des solos parfois assez éthérés. Nous sommes dans la phase rythmique de KRYPTYK avec un Electro-Bubbles of Energy très enjoué gans ses éléments de fête foraine musicale. Des arpèges limpides déroulent un lit harmonique sans fin sur un rythme de danse disloquée, genre break-dance, où tintent de grosses séquences juteuses et autre accords gras. On reste dans du bon EDM avec le suave Santa Monica Promenade. Ce titre recoupe tous les éléments pour nous obséder à longueur de journée; rythme léger et entraînant, voix sensuelles en arrière-plan et une divine chanteuse qui irradie nos oreilles avec une voix de déesse alors que le piano tisse une incroyable mélodie tisseuse de ver d'oreille. On la siffle et chantonne dans notre tête pour un bout de temps! Lorsque Michel nous a informé que Suvarnabhumi (The Golden Land) était en nomination au Hollywood Music Awards, section Media, comme un des meilleurs morceaux de New Age Ambient en 2018, je ne m'attendais pas à ce que les Américains aient une si grande ouverture d'esprit. C'est effectivement un titre ambiant avec des parfums d'Orient qui étonne par la pureté de la Diva échantillonnée et arrangée par lui-même dans les filtres de son synthétiseur. La pièce-titre offre un bon rock audacieux où l'ami Michel déborde de son style méditatif pour flirter avec son côté Neuronium avec une approche complexe et savoureuse dans texture autant organique que psychotronique. Disons que je n'ai pas aimé à la première écoute! Je crois que c'est à cause de sa créativité et de ses incroyables effets stéréo que l'on finit par aimer ce Kryptyk. Et Ad Te Ipsum termine KRYPTYK par un océan de sérénité, bouclant ainsi la boucle d'un album qui nous fait passer par toute la gamme des émotions. Un album très surprenant de Michel Huygen pour qui les synthétiseurs n'ont plus vraiment de secrets mais qui restent encore à nos oreilles, à tout le moins les miennes, des instruments de plaisirs auditifs sans fin!

Sylvain Lupari (11/10/18) *****

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