“Voici un excellent album que j'écoute en boucle depuis 3 jours maintenant”
1 Autumn Sun 5:04
2 Into the Dark Sequence 12:43
3 Winter Sun 2:47
4 The Orange Sequence 6:14
5 Nucleosynthesis 9:42
6 Vangeliana 10:44
(DDL 47:17) (Berlin School)
Voilà un excellent album que j'ai fait tourner en boucle depuis 3 jours afin de savoir si je ne me serais pas encore une fois transporté par mes émotions. Parce qu'émotions il y a avec ce tout premier album de MindPhaser sur Cyclical Dreams. MindPhaser est le nom de plume de Felix Perez, un musicien-astrophysicien Chilien qui s'est visiblement inspiré de la Berlin School des années 70 afin de réaliser son premier album IN TIME OF LOCKDOWN. Ce véritable coup-de-cœur puise sa force et sa beauté à chaque nouvelle écoute où on découvre un nouveau titre en même temps que l'on remarque quelque chose qui nous avait échappé sur un autre titre lors d'une écoute précédente. Au moment d'écrire ces lignes, je redécouvre l'approche lyrique de Vangeliana, alors qu'hier c'était au tour de The Orange Sequence de me faire découvrir autre chose. Et ainsi de suite. Donc, une richesse illimité où les parfums de Klaus Schulze, Tangerine Dream et même Neuronium sont à portés de narines. Et non, je ne me suis pas laisser emporté pour rien!
Le mouvement est sinusoïde minimaliste. Autumn Sun respire la légèreté de ses aspirations avec un séquenceur et ses ions impatients qui sautillent sur une ligne oscillatrice ondulant de ses amples arabesques. Ivre de ses séduisants algorithmes zigzaguant, la ligne de rythme statique trace des schémas complexes tout en maintenant une vision mélodieuse qui flirte avec brume cachant son orchestre. Les doigts magiques de Félix Perez tracent des orchestrations mélodieuses qui se lient avec des chants flûtés d'une mellotron divin. Ce mellotron et ses nuées de violons ralentissent la course de Autumn Sun quelque 30 secondes après la 3ième minute afin de bien imbiber nos oreilles dans les ambiances chtoniennes de tout bon Berlin School. Into the Dark Sequence est un superbe titre hypnotique qui allie plusieurs styles dans un long corridor pulsatoire. Le mouvement est hâtif avec un effet de spirographe métronomique muni d'un battement industriel qui ajuste sa vitesse selon les besoins de cet effet d'écho, de réverbérations qui nourrit son ventre vide. Des sabots de diablotins se mettent à giguer, ils sont présents à l'ouverture, entrainant un flux plus rapide alors que le contraire s'opère lorsque le métal crisse sur les parois musicales. Les orchestrations sont délirantes et tracent un étrange parallèle avec une musique pour nuit terrifiante que les ambiances chthoniennes ancrent toujours un peu plus. Des vrilles, des effets ressorts et des spirales psychédéliques garnissent les ambiances de Into the Dark Sequence, lui donnant ce merveilleux effet de psybient. Et c'est encore plus authentique lorsque le titre entre dans ses sphères ambiantes à partir de la 7ième minute. Très bon! Winter Sun est un court titre atmosphérique qui se meut par ses sourdes impulsions trappées dans un large banc de brume anesthésiante.
The Orange Sequence est un gros Berlin School qui fait sans doute référence aux séquences vives et lourdes de Chris Franke au cœur des années 70. Nous avons ici un gros rock électronique lourd dominé par les chants flûtés du Mellotron. C'est une version plus sombre de Autumn Sun qui se termine dans les ambiances du Dream de l'époque Force Majeure et un pur cadeau des années 70! Par la suite on arrive à un autre niveau avec Nucleosynthesis. Cet autre titre atmosphérique se concentre sur la portion On the Run de Pink Floyd avec un long corridor sonore, un peu à l'image de Into the Dark Sequence, où la masse sonore pulse continuellement en colligeant à gauche et à droite ces perles de sons qui éclatent dans la turbulence de ce mouvement cylindrique. Ce n'est pas le genre de titre qu'on va apprécier à la première écoute, sauf que le rythme pulsatoire fantôme et cette impression d'être dans l'univers psychédélique de Pink Floyd a de quoi fasciner et stimuler notre appétit pour les sons dans une zone tout de même assez musicale. Autant le dire avant de vous exister prématurément, Vangeliana n'a rien de Vangelis. C'est le son d'un orgue qui fait de son ouverture quelque chose de majestueux. Une flûte répand son grisant parfum. Ses élans se collent au mouvement de cette nappe anesthésiante alité sur un grabat de réverbérations. Le duel entre la flûte et les nappes de synthé sonnant comme un orgue donne des moments uniques. Des moments privilégiés où les poils de nos bras se lèvent pour valser, pour dériver avec ces ambiances qui nous vissent dans un état contemplatif où Neuronium et Klaus Schulze sont des invités de choix. Des trucs s'entrechoquant sortent nos oreilles de notre tête afin de mieux discerner une forme de rythme aussi improbable qu'imprévu. De grossiers cliquetis sont ces responsables et se mettent à engendrer un mouvement percussif circulaire quelques 25 secondes après que la 7ième minute se soit endormie. Stationnaire, ce mouvement vit aussi de son écho avant de s'éclipser dans une finale qui prend tout son sens.
Mes amis lecteurs, quel magnifique album que ce IN TIME OF LOCKDOWN! MindPhaser nous gratifie d'un album sans failles où le Berlin School pur, et ses rythmes contagieux, des années 70 fait l'étalage de tous ses styles, ses probabilités et ses possibilités. Les moments ambiants sont sources d'obnubilation avec ces empreintes, réelles ou fantômes, de rythmes pulsatoires. Les nappes de synthé sont découpées dans le luxe de mélodies aériennes qui se lovent en douceur dans l'oreille. Je l'ai écrit; pas de défauts!
Sylvain Lupari (10/08/21) *****
Disponible au Cyclical Dreams Bandcamp
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