“Fans inconditionnels des premières œuvres de Jean-Michel Jarre, les rythmes ambiants et la musique de 45 trouvera un moyen de vous captiver”

1 The Beginning 6:36
2 Apala 7:33
3 Obsession 7:00
4 Reminiscence 4:20
5 Malouve 6:54
6 Poussière Cosmique 8:50
7 Fairy Night 3:49
8 Evidence 5:27
9 Light Summer 7:39
10 Indigo 6:32
(DDL 61:52)
(French School, Cosmic Rock)
C'est toujours avec plaisir que je pars à la découverte d'un nouvel album de mon cher ami Marc, alias MoonSatellite. Et chaque fois, je me laisse envoûter par ses rythmes ambiants qui longent les nombreux corridors du cosmos. Adepte inconditionnel des premières œuvres de Jean-Michel Jarre, Oxygene à Les Chants Magnétiques, la musique du musicien/synthésiste Français saura trouver une façon de vous envoûter. 45 pour les 45 ans de mon fameux Loup Solitaire! Et cet album n'est pas un cadeau qu'il se fait! C'est un cadeau qu'il rend disponible en deux versions sur son site Bandcamp. La version originale, qui inclut le volet percussions, et une version sans percussions qui permet de mieux cerner le travail du séquenceur. Une excellente initiative qui dévoile un peu les secrets de la MÉ, à tout le moins pour cette French School si cosmiquement poétique. Et peu importe les versions, ce 45 est à la grandeur de ce que le synthésiste de Nantes nous offre depuis 2009, soit avec la parution de Sequenzer - Volume 1.
Deux nappes de synthé aux tonalités bien distinctes embrassent nos oreilles en s'entrelaçant dans le vide intersidérale jusqu'à ce qu'une séquence pulse délicatement. Le rythme ambiant de The Beginning se fait picorer par des ardillons en métal, tout en maintenant son ascension astral. Une ascension détournée par des percussions, dont ces fameux tintements de crotales, MS m'a expliqué qu'il utilisait le Korg Minipops pour donner cette tonalité qui a fait mes délices dans Oxygene 4 de vous savez qui. Donc une ascension déviée vers un rock cosmique planant nimbée de couches qui valsent dans un couloir sphéroïdal. The Beginning est la tranquille ouverture d'un album qui cache des belles pointes d'émotivité à nous donner la chair de poule. Et ça débute avec les éléments percussifs de Apala. Ils tintent dans un corridor ensemencé d'effets sonores jusqu'à rejoindre sa base rythmique. Lent et langoureux, Apala est enseveli de nappes de synthé qui flirte avec une nuée de violons astral. La deuxième partie expulse ses violons chimériques pour laisser toute la place à de très bons solos éthérés qui conservent toujours les ambiances de 45 dans un doux cotons qui se déhanche sur un rythme lent et entraînant, pour zombies marinés au THC. Et toujours, ces queues de crotales qui tintent de partout…On accroche tout de suite au rythme d'Obsession, tant pour sa structure que pour sa mélodie sculptée dans des arpèges opalines. Une ligne de séquences croustillantes et crépitantes décide de modifier ce parcours plus entraînant que les percussions et effets percussifs ramènent dans ce sillage de rock électronique pour mélodie aussi obsédante que cet air de spectre extra-terrestre qui croupit dans le décor et revient quelquefois à l’avant-scène en empruntant le design des arpèges. Reminiscence naît de son bouillon sonore pour flotter confortablement dans son placenta. Cette intermède d’ambiances fait le pont entre les mélodies d'Obsession qui sont quasiment identiques dans une structure qui met plus en valeur des solos de synthé et des effets de hurlements de loup. On ne peut pas rester insensible en écoutant Malouve.
Les tintements de ces arpèges, fécondés dans les interstices de Obsession, deviennent effectivement un objet d'obsession et ont le même travail que les percussions, mais dans une autre dimension. Une dimension plus émotive qui atteint son sommet avec Poussière Cosmique dont les percussions le sortent de son cocon de musique ambiante. Les nombreux synthés de MoonSatellite multiplient les effets avec des brumes anesthésiantes, des nappes opaques et des solos qui nous transpercent les sens. Des solos qui donnent une enveloppe émouvante avec des airs et des torsades acérés se transformant en des voix angéliques qui m'ont coupé les jambes. Ce titre, qui dénoue les impasses de l'intensité, niche sur un beau mouvement planant du séquenceur que des percussions maintiennent dans une vision rythmique soutenue. Fairy Night plane et dérive comme Reminiscence mais avec plus de coffre et d'intensité. Il prépare aussi nos oreilles au superbe Evidence qui m'a presqu'arraché une larme. À éviter si on est dépressif! Ce titre, construit dans le même moule qu'Obsession, met en lumière la dimension cafardeuse de 45. Un peu comme si les années de Lone Wolf se seraient passé dans une usine à malheurs, une usine pour âmes à la recherche de son équivalence. Light Summer change totalement la dimension de l'album avec la structure rythmique la plus enjouée de 45. C'est du bon rock électronique, toujours un peu ambiant, qui soutient une approche harmonique plus sereine, plus allègre. Indigo termine ce dernier album de MoonSatellite avec une structure stationnaire où perle une mélodie sans ton ni fard mais doucereusement sereine qui scintille et pétille sur le lit stationnaire d'un rythme ambiant et sans percussions. Les couches qui s'entrelacent langoureusement, une nouvelle direction de la mélodie devenue vestige et les pulsations soutenues du séquenceur sont les mirages qui vous ensorcelleront encore plus avec le 2ième CD qui est fait de douceurs et de sucreries tonals qu’on peut écouter en boucles en se prélassant dans l'abandon. Un très bel album mon cher Marc.
Sylvain Lupari (15/08/19) ****½*
Disponible au MoonSatellite Bandcamp
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