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MOONSATELLITE: Sleep Awake (2015) (FR)

Writer's picture: Sylvain LupariSylvain Lupari

“Du solide e-rock cosmique avec de très bonnes structures de rythmes qui sont noyés dans les denses ambiances spatiales de MoonSatellite”

1 Sleep Awake Part I 14:24 2 Sleep Awake Part II 6:48 3 Sleep Awake Part III 12:12 4 Sleep Awake Part IV 11:19 5 Sleep Awake Part V 7:20 6 Sleep Awake Part VI 9:51 7 Sleep Awake Part VII 6:55 MoonSatellite Music

(DDL 68:52) (Berlin and Cosmic French School)

Je sais! Je vous vois, lorgner de l'œil et m'attendre avec un brin de suspicion. Mais plusieurs écoutes plus loin, ma perception à l'égard de SLEEP AWAKE s'enracine de plus en plus. Voilà ici le meilleur album de MoonSatellite! Intensité, émotivité, tendresse et oniricité. Rythmes ambiants, parfois même entraînants, qui naissent et s'enfuient dans des ambiances cosmiques constamment enrichies de couches de synthé, parfois brumeuses et parfois nuancées par une chorale astrale, qui s'empilent dans un pattern ambiocosmique égal aux meilleurs égarements poétiques de Jean-Michel Jarre. Des solos qui chantent, des nappes qui valsent et flottent mollement, des graffitis de voix et des gazouillements électroniques cosmiques. Voilà la toile de fond de ce superbe album de Lone Wolf qui, encore une fois, exploite à merveille et en solitaire, de nuit comme de jour, les possibilités de ses nouvelles machines électroniques.

Une large bande d'ondes intergalactiques gronde en ouverture de Sleep Awake Part I. Un filet argenté s'en échappe, détournant notre attention avec une flopée de bruits, de gazouillis et de réverbérations d'une ligne de rythme qui appuie sa fragilité avec des arpèges aux mouvements ambiants et inconsistants. Subtils, des chœurs inondent le panorama de chants discrets alors que des nappes de synthé, habillées de minces effets d'orchestration, flottent comme les inquiétudes d'une navette à la dérive cosmique. Ambiante et riche en tonalités et en émotivité, l'introduction de Sleep Awake Part I est comme une phase où le sommeil parle avec l'éveil. Tout est brumeux et on entend le bruit extérieur. Et là, des arpèges dansent avec peu de conviction à la barre des 5 minutes. Peu à peu, une figure de rythme incertaine cogite tout en nettoyant la brume de nos oreilles. Une autre ligne de séquences fait sautiller des ions qui, cette fois-ci, ont la ferme intention de s'ancrer dans les ambiances de Sleep Awake Part I. Les deux lignes dansent en parallèle lorsqu'une autre ligne, lourde et pulsatrice, palpite et résonne, donnant de la vitalité à d'autres arpèges qui tournoient et chantonnent dans une structure pesante de tons et d'effets qui reste stationnaire. Le sommeil a gagné, car Sleep Awake Part I n'est qu'illusion où Morphée nous tient encore prisonnier de ses brises d'éther. On se rendort. Et ces brises se transforment en vagues cosmiques qui enroulent et jettent ses sédiments marins dans les premières secondes de Sleep Awake Part II. Elles se mutent en une chorale embrumée dont les chants astraux se fondent dans les lents whoosh des lignes de synthé. Une pulsation gronde derrière ces voix. Une ligne de séquences fait miroiter et danser ses arpèges qui roulent sur les vagues cosmiques, forgeant une mélodie cadencée qui s'agrippe à nos tympans. Des ombres se détachent pour forger un rythme parallèle, éveillant les cliquetis des élytres d'acier qui cliquètent entre les espaces des deux lignes de séquences plus harmoniques et plus éthérées que rythmiques. Elles invitent des pulsations laconiques à battre une mesure stationnaire et des percussions à faire rouler le rythme de Sleep Awake Part II comme un doux rock cosmique où les doigts et la tête bougent plus que les pieds. Un rythme à la Jarre que Lone Wolf décore de séduisants effets électroniques cosmiques et de superbes solos qui sont plus harmonieux que guidés par un esprit de vagabondage. La structure de rythme, noyée dans un doux confort d'effets électroniques, trouve ses repaires pour structurer un solide mid-tempo orné d'une ligne de séquences qui roucoulent un chant de liberté dans une somptueuse faune sonique où les limites semblent indéfinies. Mes amis; les oreilles bourdonnent de plaisir. Les 20 premières minutes de SLEEP AWAKE sont les fidèles reflets de ce qui va suivre alors que les rythmes s'extirpent des brumes du sommeil pour épouser des formes dont les délicates nuances en font tous les charmes. Les ambiances? Non seulement elles sont riches mais elles dessinent des impressionnants canevas électroniques des années vintage à la Jarre, justifiant toute la passion des fans pour le genre.

Sleep Awake Part III nous convie à une superbe introduction ambiant-cosmique tissée dans un intense canevas dramatique. Les premières minutes sont délicieusement ambiantes et chavirent l'âme avec les longilignes lamentations des synthés qui pleurent leurs âmes électroniques. L'effet est saisissant. Et encore plus lorsqu'une autre ligne éponge les larmes avec une mélodie nostalgique. Délicieux! Le rythme s'éveille vers la 5ième minute avec une flopée de pulsations sourdes dont les écueils résonnent dans les réverbérations des heurts. Ça donne un rythme pulsatoire qui fait éclore son intensité avec des coups secs et entêtés qui résonnent dans de délicieux solos torsadés avec une signature sonique très esthétique. Mon dieu que ça sonne comme du Jarre qui a refusé de continuer à plonger dans ses territoires cosmiques encore tellement vierges. Sleep Awake Part IV s'ébat sur une structure aussi ambiosonique que Part I, mais avec plus de charmes dans les choix des tons des solos. Les effets cosmiques sont ici encore plus envahissants et le rythme dévoile un mince reflet stroboscopique sphéroïdale qui alourdit sa présence avec de longues torsades réverbérantes. C'est comme flotter dans sa tête et se heurter à l'inconnu. Sleep Awake Part V nous invite à une stupéfiante structure de rythme avec un menaçant mouvement pulsatoire qui fait virevolter une ligne de séquences imbibée de reflets de gazouillis électroniques. Ce rythme ondule lentement et dérive dans des vapeurs électroniques aux teintes de mélancolie pour s'éteindre dans une finale qui refuse l'étreinte des ambiances morphiques. Avec son rythme vif et ses ambiances très French School des années numériques, Sleep Awake Part VI est le joyau sur cet album où l'on croirait entendre un mélange de Thierry Fervant qui égare ses approches mélodieuses dans les couloirs de White Eagle, de Tangerine Dream. C'est un titre agressif avec de bonnes séquences juteuses où le combat entre les influences de l'un (Thierry Fervant) ne nuit en aucun moment à la dominance de l'autre (Tangerine Dream). Sleep Awake Part VII conclut cette stupéfiante odyssée électronique avec approche plus sereine. Sereine, mais pas dépourvu d'intensité! Ici, comme tout partout dans les 60 autres minutes de cet album, les lignes de synthé s'agglutinent et s'entrelacent afin de tisser une mosaïque opaque qui valse et flotte avec grâce. Nous laissant même croire que le noir absolu, le vide qui assaille les phases de notre sommeil, sont les plus bienveillantes.

Intense et époustouflant, SLEEP AWAKE de MoonSatellite est un must pour ceux qui ont adoré les complexités des œuvres cosmiques de l'époque. Un must pour ceux qui sont tombé en amour avec ces rythmes entraînants qui nous font dodeliner de la tête et labourer le vide de nos doigts. Un must pour les fans de Jean-Michel Jarre, périodes Oxygene et Equinoxe. Et surtout un must pour ceux qui aiment la MÉ brodée autour du Trou Noir. Chapeau Lone Wolf! D'album en album, tu es tout simplement aussi séduisant qu'étonnant!

Sylvain Lupari (21/09/15) ****½*

Disponible au MoonSatellite Bandcamp

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