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Writer's pictureSylvain Lupari

NEDEN: Neden (2014) (FR)

Les rythmes, les mélodies peuvent sembler si simplistes mais ils se faufilent dans notre cerveau pour le manger avec une obsession fascinante. Nous en voulons juste plus!

1 Far from the Truth 4:07

2 Phantom Marriage 5:47

3 Useless Nest 4:32

4 Modument 1:50

5 Carousel of the Damned One 3:12

6 Gleaming Meadows 6:11

7 Peacock Theme 3:11

8 Shallow Tar Pits 3:44

9 Cat Hat 1:39

10 Ode to Night 2:15

(LP/DDL 36:35)

(Minimalist, Teutonic analog EM)

Tant qu'il y aura des artistes tels que Jan Jiskra et Adam Holub, l'avenir de la MÉ aux arômes psychédélicosmiques restera toujours à portée d'oreilles. Visiblement inspiré par la MÉ teutonique des années 70, plus particulièrement Kraftwerk, Neden présente un premier album aux douces folies cauchemardesques qui hantera vos sens tout en rassasiant votre curiosité pour la MÉ conçue à partir d'équipements analogues et acoustiques. Avec un tout premier album, un vinyle de qualité 180gr ou en format téléchargeable seulement, simplement intitulé NEDEN, le duo tchèque présente 37 minutes de musique minimaliste avec de belles variations sur un même thème. Ou presque, puisque chaque titre a sa petite particularité qui envoûte littéralement! Et dès que les premières secondes coulent, nous entrons dans un sombre monde théâtral à la grandeur de Picture Palace Music, mais en mode robotique.

De lentes oscillations conduisent Far from the Truth vers ces délicats serpentins qui s'enrouleront tout au long de NEDEN dans de savoureux carrousels hypnotiques. J'y entends un mélange de Kraftwerk et de Neu!, sans la guitare de Michael Rother, sur cette fascinante ballade sphéroïdale qui tournoie et collige de merveilleux sons (tonalités d’orgue, vents poussiéreux et voix robotisées dans un vocodeur) que nos oreilles avaient oubliés sur le comptoir du temps. Des percussions teutoniques ajoutent plus de profondeur à une structure qui reviendra hanter nos oreilles avec de nouveaux habits. Déjà les ambiances se teintent de mystères. Et ça se poursuit avec Phantom Marriage. Le ton y est plus triste avec des arpèges qui tournoient avec beaucoup d'hésitation, traçant une pénible marche rongée par les tourments, la douleur. On y entend un rythme fantôme tenter de bousculer les ambiances, mais Phantom Marriage reste imperméable et poursuit son inéluctable refrain anesthésique. Useless Nest est un titre à saveur totalement teutonique. Le rythme est lent. Très lent, contrairement à celui enjoué et moqueur de Cat Hat. Il bat avec de sobres percussions sédatives et fredonne avec un sublime chant d'orgue que des arpèges, aussi isolés que fuyants, agrémentent avec un chant de glace. Des pulsations glauques ajoutent un relief très chthonien à cette rêverie noire qui voit ses percussions la marteler avec une avalanche de coups que nos oreilles n'avaient pas prévus. Modument s'est détaché de Useless Nest afin d'offrir une ballade sphérique encore plus sombre. Nos oreilles accrochent tout de suite à ce madrigal pour damné qu'est Carousel of the Damned One. La musique n'aurait pas eu de titre, qu'on lui aurait donné celui-là. Amateurs de Suspira; cette musique respire de ses ambiances à plein nez! Gleaming Meadows est le plus beau titre, selon mes goûts, de NEDEN. Les ambiances et l'approche circulaire sont équivalentes à ce qui entoure les 10 structures de ce charmant album. C'est juste que son lent carrousel mélodique est accompagné d'un beau chant de flûte et d'un nuage de séquences prismiques qui agitent ses ions comme le vent pour faire chanter un épouvantail. C'est très immersif. Et les chants d'oiseaux, ainsi qu'un chant flûté plus perçant, donnent une approche nettement plus onirique à cette ballade pour âmes perdues. Peacock Theme est aussi un autre titre très fort avec une superbe danse de séquences dont une nouvelle série est constamment dévoilée à chaque tour, comme le plumage d'un paon, et tournoie avec plus d'entrain à la fin de chaque ritournelle. Magnanime et du bonbon pour les oreilles. Shallow Tar Pits nous ramène à une thématique plus grave, aussi sombre que Carousel of the Damned One, avec d'étranges voix qui marmonnent un langage que seule une imagination colorée peut identifier dans de douces nappes de synthé, et d'orgue, aussi soporifiques qu'angoissantes. Ode to Night conclut cette fascinante collection de carrousels soniques pour insomniaques avec un rythme oscillatoire où chantent des chouettes que l'on identifie assez aisément, mais dont les roucoulements diurnes se moquent d'une structure toujours aussi noire et cabalistique.

Des mélodies toutes simples qui enjolivent des rythmes d'une désarmante approche minimaliste et enveloppées d'un savoureux enrobage analogue, ce premier album de Neden est un véritable rendez-vous avec le temps. Le temps où la MÉ se construisait pièce par pièce dans les visions fantaisistes d'audacieux visionnaires. NEDEN est un petit bijou. Un bijou sonique où tout est taillé dans l'analogue. Les rythmes comme les mélodies tournoient inlassablement dans notre tête, comme d'hypnotiques et inchassables vers-d'oreilles, dans des ambiances qui reculent le temps. Mais du côté strictement musical, Jan Jiskra et Adam Holub ont créé un fascinant univers où la ligne est très mince entre le séraphique et le diabolique.

Sylvain Lupari (06/09/14) *****

Disponible au Neden Bandcamp

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