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  • Writer's pictureSylvain Lupari

NEURONIUM: ExoSomnia (2012) (FR)

Une surprise pour moi, ExoSomnia finit par être un superbe album qui embrasse harmonieusement tout l'éventail des styles de Neuronium

1 Psychic Smell 4:19 2 Five Parsecs from Home 12:04 3 Alienophony 10:38 4 Pareidolia 13:48 5 And Man Created Gods 19:45 6 Time to Dream 4:22

(CD 65:20)

(Ambient and base sequenced Spanish School)

Michel Huygen a l'art de déstabiliser ses fans. D'album en album, on ne sait jamais à quoi s'attendre de Neuronium. Après un album plutôt ambiant, qui frôlait même un New Age parfois assez méditatif, en Etykagnostyka, Neuronium tend une perche à ses fans qui s'ennuient de sa mystique musique agressive avec un album qui respire d'une violence magnifiquement contenue par ces nappes d'éther si unique au répertoire du groupe Espagnol.

Des accords de guitare acoustique traînent leurs empreintes de nostalgie et nourrissent une subtile ambiance festive latine qui accepte volontiers les douces brises d'une divinité astrale à la voix un brin suggestive, sinon sensuelle. De tendres nappes de synthé tissent des soupirs violonés qui recueillent les harmonies mélancoliques d'un piano rêveur et recouvrent ces ambiances dont le mariage devient délicieusement séraphique. De purement ambiant et éthéré, Psychic Smell troque ses premières secondes pour un rythme statique qui rue avec des percussions dont les coups rebelles embrassent une tonalité assez métallique, démontrant les paradoxes qui attendent l'auditeur à travers les 60 prochaines minutes de ExoSOMMIA. On regarde la pochette et on comprend que l'univers de ce 39ième opus de Neuronium balance entre le blanc et le noir. Cette douce voix synthétisée qui caresse avec tellement de sensualité les sens ouvre les ambiances de Five Parsecs from Home dont l'intro est aussi passive que celle de Psychic Smell. Une ligne de séquences s'en échappe et fait tambouriner ses ions qui sautillent et se bousculent dans un étroit corridor, confinant ainsi un rythme linéaire statique qui pétille sous de belles nappes de synthé dont les enroulements suivent la douceur des flûtes et des voix célestes et que des tintements de cloches amplifient dans une approche de genre New Age très ambiant. Alienophony offre les plus beaux moments de cet album. Son intro est cousue de lents voiles morphiques qui flottent comme les soupirs d'une nuit séraphique. Une ligne un peu plus menaçante souffle d'étranges lamentations, arguant sans doute que la quiétude possède aussi son reflet angoissant. Cette balance entre le blanc et le noir, la beauté et la hideur, flotte constamment à l'embouchure de nos oreilles. Si Alienophony parvient à en s'échapper, le titre flotte dans une superbe ballade morphique avec des séquences qui tissent un rythme pacifique et dont les sempiternels tracés torsadés rôdent dans des larmes de synthé aux tonalités autant séraphiques que symphoniques et dans ces râles aussi qui vont et viennent comme de fascinants, mais très discrets ronflements d'un rêveur au prise avec certaines turbulences de ses rêves.

La douce guitare de Santi Picó revient étendre ses charmes sur l'intro agitée de clapotis qui font tressauter les délicates ambiances du très méditatif Pareidolia. Habile et très concentré, Santi Picó fait chanter sa guitare avec des accords finement pincés qui rencontrent les chants des étoiles. Des reflets sibyllins inondent peu à peu les ambiances alors que de denses voiles de synthé ajoutent des parfums d'éther. Et Pareidolia s'endort dans les soupirs de mille violons et violoncelles, libérant des séquences aux reflets métalliques qui sautillent dans de gutturaux souffles perfides. Une véritable bagarre entre contemplativité et agitation s'empare de Pareidolia. Le rythme devient alors lourd et archi intrigant avec des séquences dont les pas perdus courent parmi des souffles rogommes et un mélange de solos de synthé et guitares qui rappellent l'univers un peu tordu de Robert Fripp. Mais Michel Huygen veille au grain ainsi qu'à ramener Pareidolia vers des sentiers un peu plus mélodieux, témoignant de ce constant déchirement entre la sérénité et les affres qui tenaillent les profondeurs de ExoSOMMIA. Des séquences lourdes bondissent violemment en ouverture de And Man Created Gods. Le rythme est hyper actif et sautille furieusement avec la complicité de tonalités organiques avant de se buter à de morphiques nappes de synthé qui étendent un linceul d'une blancheur virginale. Des chants flûtés exorcisent les vestiges d'un rythme qui revient mais plus docile. Complexe à souhait, And Man Created Gods a tous les atouts pour rallier les amateurs des premières heures de Neuronium. Sur une structure tantôt agressive, très agressive, tantôt plus méditative sinon très énigmatique Michel Huygen y verse des solos nasillards dont les rugissantes torsades s'enroulent autour d'un long mouvement nourri de brume iodée et qui balance entre le calme et son rival. Un mouvement qui se sépare un peu après la 9ième minute pour charmer encore plus nos oreilles avec une très belle structure de séquences dont la faible conjugaison rythmique, ainsi que les denses nuages chthoniens, vont jusqu'à secouer les cendres d'un Phaedra, alliant l'approche psychotronique de Neuronium au Berlin School vintage de Tangerine Dream. Un long titre déroutant qui démontre que Michel Huygen a encore beaucoup de musique à offrir. Très bon! Time to Dream conclut avec une superbe ballade électronique imprégné de ce sceau Neuronium des belles années vintages du groupe Espagnol. Structuré sur la douceur éthérée de Psychic Smell, le rythme est plus stable et termine un album avec une musique que l'on croyait disparue à tout jamais et qui fait très bon réentendre. J'ai été surpris. Je pensais que Neuronium s'était perdu dans les dociles territoires du New Age et de la musique ambiante. C'est évidement loin d'être le cas! ExoSOMMIA est un superbe album qui balance harmonieusement toute la panoplie des styles de Neuronium. Une très belle surprise!

Sylvain Lupari (26 Août 2014) *****

Available at Neuronium and CD Baby

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