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  • Writer's pictureSylvain Lupari

NEURONIUM: Quasar 2C361 (1977) (FR)

Un must pour comprendre les nuances et l'évolution de la MÉ d'hier à aujourd'hui

1 Quasar 2C361 26:32

2 Catalepsia 8:34

3 El Valle De Rimac 5:15

4 Turo Park 4:22

Harvest – 10C062-021.442

(LP/CD 44:37)

(Psychotronic EM, Ambient)

À moins d'être parmi les tous premiers adeptes de ce nouveau courant musical qu'était la musique électronique (MÉ) au début des années 70, vous ne connaissez pas, ou peu, Neuronium. Formé par les claviéristes Michel Huygen et Carlos Guirao ainsi que le guitariste Albert Gimenez, ce nouveau trio surfait sur le brio de l'album Stratosfear de Tangerine Dream pour trouver une certaine ferveur chez les disquaires indépendants de par le monde via les importations. C'est de cette façon que je me suis procuré leur album classique Heritage en 1984, alors que ce QUASAR 2C361 était bien caché dans une boutique de vinyles usagés autour de la même époque. Ainsi, ce tout premier album de Neuronium allait être le second que j'allais entendre puisqu'il était très difficile de se procurer leurs albums en Amérique du Nord, à moins d'être bien branché avec le disquaire du coin. Une fausse amitié que j'ai connue et qui demandait beaucoup de dollars! Et encore là, le seul autre album que j'ai été en mesure d'acheter via ces importations était Digital Dream, après l'achat de Heritage. Ce préambule pour simplement dire que si à l'époque il était difficile de se procurer leurs albums, la tâche n'en est pas plus facilitée en cette période où la musique abonde partout dans les Far-West du Net. Comme la totalité des premiers albums de Neuronium, QUASAR 2C361 est introuvable. Il y a bien eu un remaster autour de 2004, mais cette parution est passée en coup de vent. En fait, et à l'heure des rumeurs à l'effet que le label de Kitaro, qui est un bon ami du musicien Belge, Domo Music Group serait intéressé à remasteriser et vendre le catalogue de Neuronium, la seule façon de découvrir l'univers de ce jadis mythique groupe Espagnol passe par les réseaux d'écoute en ligne. Genre Spotify et Apple! Je trouve ça dommage puisque ça restreint les amateurs de musique à partager des fichiers de musique illégaux, principalement en Flac, pour entendre adéquatement les sonorités très ésotériques de ce trio qui est devenu le projet solo d'un superbe musicien qui nous a rempli les oreilles de petites perles musicales sur plus de 4 décennies.

Contrairement à bien des critiques et des observateurs, je ne crois pas que la musique de Neuronium soit une tentative d'imitation des univers de Klaus Schulze, Ashra et/ou encore Tangerine Dream. Bien au contraire! On parle ici d'une musique électronique (MÉ) raffinée où le trio sculpte des tonalités très texturales à leur musique qui se situe entre le Cosmos et une porte vers les ténèbres. Ce mélange des sons qui embrassent une période autant psychédélique qu'électronique deviendra la signature esthétique du groupe nommée psychotronique. De plus, la gang à Michel Huygen préfère faire évoluer leur musique entre de longues phases d'ambiances et de rythmes qui se chevauchent dans une nature chloroformique. Comme l'excellent titre éponyme de cet album qui débute avec des gazouillis de synthé qui s'étirent comme des chants d'ectoplasmes grelotant dans une faune sonore rempli d'éclosions de bruits cosmiques et sur le linceul déposant par une nappe de synthé chloroformique. Entre une essence cosmique et sibylline, ces sonorités deviennent un portail vers l'inconnu qui invite une très belle guitare acoustique à coucher une évasive balade méditative. Le chant flûté d'un Mellotron accompagne cette balade pour une guitare dans le Cosmos avec une mélodie éthérée qui flétrit dans des nappes d'orgue et de synthé dont les lentes ondulations sont comme ces routes que l'inhalation de l'éther déforme. S'ensuit donc un moment d'ambiances anesthésiantes où souffrances de guitare lap-steel, de mellotron et de synthé, similaires aux complaintes des ondes Martenot, se confortent dans un décor spectral qui semble fondre entre nos oreilles.

Ces 12 premières minutes de Quasar 2C361 deviendront la marque de commerce des ouvertures de Neuronium. Ces éléments d'harmonies diluées dans le chloroforme se transposent sur une structure de rythme tressée par de vives oscillations séquencées sur le battement d'une basse séquence métronomique. L'alliage donne une structure de rythme spasmodique entraînante pour les neurones, sans oublier les doigts, où volent des bancs de brume artificielle et où virevoltent des bons solos de guitare. Un moment de rythme soutenu sur une distance de plus ou moins 9 minutes avec un niveau d'intensité propre aux rythmes des séquenceurs de TD. Les dernières minutes de Quasar 2C361 ressuscitent ces premières dans une plus brève chorégraphie ambiante dont les charmes appartiennent à cette guitare classique et au Mellotron, jusqu'à ce qu'une forme d'apocalypse ne terrasse ce superbe long titre pour de bon! Plus court, le très beau Catalepsia est néanmoins construit sur les même principes que la longue et séduisante pièce d'ouverture à ce premier album de Huygen, Guirao et Gimenez. D'ailleurs, la guitare de ce dernier est très poignante avec des solos qui déchirent une partie de notre âme, alors que les murmures du synthé nous font traverser de l'autre côté des ténèbres. Après une courte ouverture où cette sensation que la musique se déforme au contact de notre ouïe, El Valle De Rimac jette les bases d'un titre atmosphérique avec son essaim de nappes qui s'empilent dans un lent mouvement de valse sans contacts, ni autre danseur. Les chants ectoplasmiques sont crevants d'émotion dans ce titre alors que le mellotron est divinement enchanteur. Plus court titre de QUASAR 2C361, et malgré la turbulence des enfants dans un parc, Turo Park épouse le même principe de titre ambiant avec des nappes de synthé dont les lents envols susurrent ces fredonnements de revenants qui nous hantent depuis les première seconde de ce brillant album de Neuronium qui laisse ici toute une carte de visite. Un incontournable pour bien saisir les nuances et l'évolution de la MÉ des années 70 à aujourd'hui.

Sylvain Lupari (03/05/22) *****

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