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  • Writer's pictureSylvain Lupari

Neuronium The Harvest Years (Quasar 2C361 + Vuelo Quimico) (2023) (FR)

Ce coffret de 2 CD nous replonge au cœur de l'effervescence artistique qu'était la Berlin School des années 70

CD1 (45:23)

1 Quasar 2C361 26:35

2 Catalepsia 8:34

3 El Valle De Rimac 5:49

4 Turo Park 4:25

CD2 (37:13)

1 Abismos De Terciopelo 19:59

2 Viento Sola 3:10

3 Vuelo Quimico 14:04

(2CD 82:36)

(Berlin School, Psycho vibes)

Enfin, diront plusieurs! Et j'en suis. Après tout, qui peut se targuer, spécialement en Amérique du Nord, de posséder la collection des albums de Neuronium? Notamment les premiers albums du projet de Michel Huygen. Eh bien, cette possibilité est maintenant à la portée de tous grâce à un projet de remastering des 2 premiers albums du groupe Hispano-Belge sur le label Harvest; Quasar 2C361 et Vuelo Quimico. C'est au label Allemand MIG, qui a notamment produit des remasters d'albums de Klaus Schulze, Ashra et Manuel Gottsching et plus récemment In London Platinum Edition, que nous devons THE HARVEST YEARS (Quasar 2C361 + Vuelo Quimico). Ce coffret 2 CD a été remasterisé par Johannes Scheibenreif après que Michel Huygen a restauré et retravaillé les enregistrements originaux. Et je peux vous assurer que la musique, la production et le nouveau mastering valent le coup. Quasar 2C361 est un excellent album, alors que Vuelo Quimico est plus ténébreux. Il est plus atmosphérique avec des zones chtoniennes et des passages méditatifs où le terme psychotronique prend tout son sens. De plus, on y trouve des partitions qui sont chantées et/ou narrées par Michel Huygen et Nico, qui se trouvait dans les studios de Barcelone à cette époque. Je vous ferai grâce de réécrire à propos de Quasar 2C361 que j’ai chroniqué en mai 2022. Ça prend des écouteurs pour discerner les différences, mais il y en a. Les 2 versions se valent, quoique les séquences de rythmes sont mieux définies dans cette version, de même que les tonalités des nappes d'éther. La guitare est plus nuancée à certains endroits, comme plus accentuée ailleurs, préservant la nature très éthérée et méditative de ce premier album de Neuronium. Comme bien des fans dans mon coin de la planète, je n'ai jamais eu la chance d'entendre ce Vuelo Quimico. Il était introuvable en importation. Les années passèrent et on pouvait trouver une édition vinyle sur eBay, si on avait une table tournante, ainsi que des CD, certains avancent qu'ils étaient contrefaits, à des prix exorbitants.

C'est donc avec un très grand enthousiasme que je découvre ces tintements métalliques qui résonnent dans des brises creuses et dérivent sur des nappes de chloroforme musical ondoyant paresseusement dans une abysse sans fond. Nous sommes dans le registre Neuronium avec cette lente ouverture, quasiment agonisante, de Abismos De Terciopelo (Abîmes de Velours) qui s'apparente, à tout le moins cette fragrance d'éther, à celle de Quasar 2C361 de l'album du même nom. Un intéressant duel atmosphérique entre la guitare de Albert Jiménez et les synthés de Michel Huygen et Carlos Guirao, on pense aux duels endormitoires de Robert Fripp et Brian Eno sur Evening Star, parfume les ambiances qui sont relevées par la présence d'un mellotron qui lance des bouquets musicaux flûtés et plante le tapis d'une sonorité vaporeuse accentuée sur le ton austère d'une orgue du genre Farfisa. C'est un très beau passage, de plus ou moins 7 minutes, qui fait encore son effet aujourd'hui. Un ruissèlement d'arpèges se met à scintiller et rouler sur lui-même dans les vapeurs de la six-cordes électrique de Jiménez tout juste avant cette 7ième minute. Ce mouvement instaure une séquence de rythme limpide qui va et vient, zigzague légèrement ainsi que monte et descend sur les chants en solo d'un divin synthé. On devine le mellotron pas trop loin dans ce segment très musical où le rythme, et ses modulations, a la noblesse de sa fragilité. Le duo Huygen/Guirao tresse des effets sonores électroniques qui sont propres à l'univers psychotronique de Neuronium et les synthés prennent une couleur musicale plus chtonienne avec des solos et des lamentations ombragés dont la teneur ténébreuse se réfugie dans des ondes et des torsades gorgées de réverbérations d'où s'élèvent d'autres très beaux solos de guitare. La musique glisse ainsi vers un segment plus acoustique autour de la 14ième minute. Albert Jiménez troque son électrique pour une six-cordes acoustique. Il gratouille une ballade ambiante où la voix de Huygen narre plus que chante un texte en Cingalais. Inattendu, mais ça reste très beau!

Un bourdonnement lourd, une nappe de synthé d'un bleu métallique grésillant et une poussée de bruits blancs sont à l'origine de Viento Sola (Vent Solitaire) qui devient un bel hymne de rock électronique construit sur le modèle analogue de l'époque. Soit une lourde mais vive oscillation séquencée où court une fascinante mélodie du synthé. Une mélodie que la guitare, ainsi que le synthé-clavier, restituent avec plus de musicalité dans ce qui est devenu une forme de tempête sonique digne des tonalités distordues des années 70. Une grande ombre de l'orgue et une délicate mélodie jouée sur un clavecin initient l'ouverture de la longue pièce-titre que Nico attaque aussitôt en récitant le poème Ulalume d'Edgar Allan Poe. Le mouvement est très lent avec d'intenses nappes d'orgue qui s'amoncellent et se juxtaposent dans une ambiance mortuaire qui sied bien au poème de Poe. La guitare et ses sublimes lamentations planantes, savoureusement acuités, fait une remarquable apparition autour de la 7ième minute, moment où Vuelo Quimico se ressource dans une vision plus musicale très méditative qui s'apparente aux meilleurs moments de Quasar 2C361. La finale embrasse cette ambiance éthérée et celle un peu plus nébuleuse de son ouverture dans un dernier segment où nous entendons de nouveau la voix de Nico.

Laisser le temps envahir vos oreilles et laisser entrer ces tonalités d'antan afin d'ensorceler vos sens avec cette très belle réédition des 2 premiers albums de Neuronium. THE HARVEST YEARS (Quasar 2C361 + Vuelo Quimico) nous ramène au cœur de cette effervescence artistique qu'était le Berlin School de Tangerine Dream et de Klaus Schulze dans une enveloppe avant-gardiste qui donnait racine au terme psychotronique. C'est la fusion entre le rock progressif de Pink Floyd et les ambiances gothiques de TD sur un fond de rythme séquencé qui sonne comme du Dream, mais avec la signature très stylisée de Neuronium. Un must pour l'histoire et l'évolution de la musique électronique (MÉ) du genre Berlin School! À date, ce sont seulement les 2 premiers albums de Neuronium, les années Harvest, qui sont visés par le label MIG. Des remasters des autres albums du groupe de Michel Huygen ont été réalisé au Japon. Mais pour le public nord-américain, les prix des services postaux sont nettement prohibitifs contrairement à ceux de MIG si on passe par Amazon. En souhaitant que les autres albums de Neuronium, il y en a d'excellents, suivront la route tracée par ce THE HARVEST YEARS (Quasar 2C361 + Vuelo Quimico).

Sylvain Lupari (30/05/23) ****½*

Disponible chez MIG Music

(NB : Les mots en bleu sont des liens sur lesquels vous pouvez cliquer)

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