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Writer's pictureSylvain Lupari

NORD: In the Shadow of the Gods (2020) (FR)

Entre le prog et la MÉ, Nord a définitivement fait mieux mais les solos sont nombreux et assez solides aussi

1 Apollo 9:24

2 Mars 7:28

3 Diana 8:37

4 The Sons of Apollo 11:50

5 Luna 10:06

6 The Birth of Venus 12:33

7 Eternity 5:01

(DDL 65:02)

(Progressive EM)

C'est par un mouvement ascendant du séquenceur que Apollo nous entraîne dans ce dernier périple musical de Sztakics István Attila. Minimaliste, ce mouvement pousse comme la queue d'un têtard surmontant le courant des eaux. Et le courant ici est une ligne de réverbérations qui appelle une couche de clavier et sa tonalité hybride, entre une orgue et un synthétiseur, à installer un muret musical qui laisse passer de bons solos de synthé. Tentant de déjouer une mainmise du synthé, le séquenceur fait dribler ses ions qui se précipitent très méthodiquement dans une mince ouverture. Assez mince pour faire tourner le rythme avec une subtile nuance dans son débit qui accentue sa cadence, sauf que les nombreux solos de synthé sont l'élément qui ressort le plus de ce rythme statique qui ouvre IN THE SHADOW OF THE GODS, le tout dernier album offert sur la plateforme de téléchargement de Nord. Soufflant le chaud et le froid dans une enveloppe sonore qui ne rend pas nécessairement justice à sa musique, le musicien Roumain se mêle les pieds dans ses fils avec une production musicale en deçà de la moyenne. Inspiré par une visite à Pompéi et notamment par la peinture de Sandro Boticelli; la naissance de Vénus, IN THE SHADOW OF THE GODS tourne autour du cosmos comme de la mythologie de l'Empire Romain démystifié par l'auteur Robert Silverberg dans son livre Roma Æterna. Tout ça est bien alléchant, sauf que Nord vise à coté de sa cible en privilégiant toujours ses passions pour la MÉ et pour le rock progressif, l'impression d’écouter des introductions de Manfred Mann's Earth Band reste particulièrement plausible, avec des compositions dont l'ossature du séquenceur exploite les mêmes filons rythmiques dans une enveloppe sonore où j'ai dû changer d'écouteurs 2 fois afin de passer au travers les mailles des 65 minutes de son dernier album.

Des nappes de brumes se dispersant comme ces panoramas défilant en accélérées plongent Mars où il se situe dans bien des imaginations. Une ligne de basse séquences tente d'amorcer un rythme qui décolle peu à peu dans une figure de trots cosmiques où quelques sabots, et leurs tonalités bien distinctes, piétinent un sol musical. De MÉ de style Berlin School, Mars migre vers une première phase de rock électronique progressif avec un rythme mou et semi-lent ainsi que de sobres percussions fixées à un pattern du séquenceur assez près de Apollo. Le rythme est légèrement entraînant, assez pour nous faire rouler du cou et tapoter le sol de nos pieds. Diana exploite une structure de rythme avec d'oblongs courants du séquenceur et de sa nervosité statique. Cette structure vivante et stationnaire accueille des nappes de brume, des soupirs de clavier et des solos de synthé. Et si on aime les solos de synthé, dites-vous que cet album en est rempli et il y en a de très bons d'ailleurs. Même si son débit accélère avec l'arrivée des percussions, Diana protège sa vision de méditation cosmique. Les structures du séquenceur sont toujours en mode lyrique et méditative tout au long de IN THE SHADOW OF THE GODS qui somme toute est un album relativement tranquille.

L'exception est The Sons of Apollo qui se développe pour un rythme décousu où les solos de synthé sont autant de charmes que les percussions et les boucles hypnotiques du clavier. Très céleste et méditative, l'introduction de Luna transpire de ce petit deja-entendu qui sillonne les structures de cet album avec ces lignes de réverbérations, ces effets de brumes vampiriques des pads de synthé-mellotron et ces serpents rythmiques du séquenceur qui sont toujours en suspension. Des accords dramatiques donnent un petit impulsion cinématographique à la musique, ajustant aussi le rythme vers un niveau plus accentué. Mais rien ne déborde. Tout reste de statisme! The Birth of Venus reste encore dans ces limites de MÉ méditative avec de belles incursions rythmiques qui sont maintenues dans une vision de psybient progressif. Eternity semble venir d'ailleurs! En réalité il détonne dans ce décor un peu brouillon, et ce tant par sa sonorité que sa musicalité, où l'impression d'être souvent à la même place agace autant que ces bruits de vacuité qui suivent les finales de bien des titres. Et pourtant avec Eternity, tout sonne avec authenticité et netteté. Si le rythme est encore ambiant et statique, il progresse avec musicalité comme une marche de canetons dans un univers cotonné avec des solos de synthé qui sont nettement plus clairs et plus précis. En réalité, Eternity porte ombrage aux 60 autres minutes de IN THE SHADOW OF THE GODS en surlignant à gros trait une déficience au niveau champs sonore, du mixage et même de la composition. Bref, une petite erreur de parcours dans la carrière de Nord qui a définitivement mieux paru que ça! Je lui donne 3 étoiles à cause des solos de synthé, sinon…

Sylvain Lupari (25/03/20) *****

Disponible au Nord Bandcamp

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